"Nous n'avons pas peur" : à Hérat, des Afghanes manifestent pour leurs droits
Interrogé par la BBC sur le gouvernement à venir, un responsable taliban a laissé entendre qu'il "pourrait ne pas y avoir" de femmes nommées ministres ou à des postes à responsabilité.
"Nous sommes ici pour réclamer nos droits et nous n'avons pas peur". Une cinquantaine de femmes ont manifesté jeudi 2 septembre à Hérat, en Afghanistan, avant la présentation du gouvernement du nouveau régime taliban.
"C'est notre droit d'avoir une éducation, du travail et la sécurité", ont chanté à l'unisson ces manifestantes, dont certaines brandissaient des pancartes appelant au respect des droits des femmes.
"Aller à l'école et travailler"
La manifestation se tenait à Hérat, capitale de l'Ouest afghan proche de la frontière iranienne, une ville connue pour être plutôt libérale en Afghanistan. Au moins une manifestante avait revêtu une burqa, quand les autres arboraient un simple voile masquant leurs cheveux, leurs oreilles et leur cou.
"No government will sustain without the women's support."
— MyRedLine - خط سرخ من (@myredline_afg) September 2, 2021
A clear call to the #Taliban and the world.
Today, the brave #women of #Herat in #Afghanistan came to the streets. They drew their #RedLines before the arrival of the Taliban, and now they defend what belongs to them. pic.twitter.com/s8sGt6ub87
"Nous sommes ici pour réclamer nos droits", a expliqué Fareshta Taheri, l'une des protestataires, jointe par l'AFP par téléphone. "Les femmes et les jeunes filles craignent que les talibans ne les autorisent pas à aller à l'école et au travail.".
"Nous sommes même prêtes à porter des burqas s'ils nous disent de le faire mais nous voulons que les femmes puissent aller à l'école et travailler", explique Fareshta Taheri, une artiste et photographe. "Pour l'instant, la plupart des femmes qui travaillent à Hérat sont à la maison, dans la peur et l'incertitude."
Vers un gouvernement sans femmes ?
Depuis leur reconquête du pouvoir et la prise de Kaboul le 15 août dernier, les talibans affirment avoir changé. Ils ont assuré à maintes reprises vouloir mettre en place un gouvernement "inclusif". Mais leurs promesses ont été contredites mercredi par les déclarations, sur la BBC, du chef adjoint du bureau politique des talibans au Qatar.
Interrogé sur le gouvernement à venir, qui pourrait être dévoilé vendredi, Sher Mohammad Abbas Stanekzai a notamment laissé entendre qu'il "pourrait ne pas y avoir" de femmes nommées ministres ou à des postes à responsabilité, mais uniquement à des échelons inférieurs.
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