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L'opium mine le fragile Etat afghan

La lutte anti-drogue n’est plus une priorité en Afghanistan où la production de pavot explose. Un rapport des Nations Unies confirme cette tendance : 10 nouvelles provinces cultivent le pavot et les récoltes ont doublé grâce à des graines génétiquement modifiés. Une grande partie de l'opium finance l'insurrection, mais le gouvernement redoute de priver les paysans de leur principal revenu.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Les nouvelles pratiques culturales permettent jusqu'à trois récoltes de pavots par an  (afp/jawed Tanveer)
«La production d’opium génère 7 milliards de dollars par an» affirme un rapport récent des Nations Unies sur l'Afghanistan . La culture du pavot continue de s’étendre dans le pays, on serait passé de 157.000 hectares cultivés en 2008, à 224.000 ha en 2015, avec une production en forte hausse.

De l’aveu même du vice ministre afghan chargé de la lutte anti-drogue Baz Ahmadi, «la lutte anti-drogue n’est plus une priorité pour le gouvernement » alors que les talibans contrôlent l'essentiel du marché et taxent la production à hauteur de 1,2 milliards de dollars par an. Cet argent permet de recruter des combattants pour l'insurrection, surtout qu’il y a peu d’emplois en dehors de l’agriculture. Plus inquiétant, l’argent de l'opium permet de corrompre policiers, militaires et fonctionnaires afghans.
 
Fin de l'éradication du pavot
Le ministère chargé de la lutte anti-drogue a, un temps, pu compter sur une force spéciale de 900 hommes, formée et équipée par les Etats unis et la Grande Bretagne, qui sillonnaient les champs pour arracher les fleurs de pavots. Mais l’unité a été dissoute et les équipements perdus. «Chaque homme avait coûté 50 000 dollars à former …Aujourd'hui on n’a plus aucun soutien, même pas de budget propre au sein du ministère de l’Intérieur» accuse Baz Ahmadi. «Certains députés liés aux criminels n’hésitent pas à exercer des pressions pour exiger des nominations et des changements de personnels dans les ministères».
 
Le pavot finance l’insurrection mais fait également vivre des millions de paysans. Ni le gouvernement, ni les Américains ne veulent priver les afghans de leur principal gagne-pain. Même dans les zones contrôlées par le gouvernement, on a stoppé les campagnes d’éradications de peur de jeter les agriculteurs dans les bras des talibans.
 
OGM et irrigation
Aujourd’hui, la production explose. «Les nouvelles pratiques culturales ont conduit jusqu’à trois récoltes annuelles» peut-on lire dans l’enquête (A state built on sand : how opium undermined Afghanistan). Elle explique que l'irrigation est rendue plus facile grâce aux pompes à énergies solaires et à l’introduction de graines génétiquement modifiés : «Certaines régions de la province du Helmand peuvent produire deux récoltes par an grâce à un climat favorable, mais trois saisons de pavot, cela fait sûrement appel à des graines OGM » estime Jelena Bjelica, chercheuse de l’Afghanistan Analyst network.
 
«Ces graines proviendraient de Chine où la production d’opium pour l’industrie pharmaceutique est légale», confie la chercheuse à l’afp.
Le gouvernement vit également de l’argent du pavot, mais la fleur rose et blanche mine chaque jour un peu plus le fragile Etat afghan.
 
 

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