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Afghanistan : accusée d'avoir brûlé le Coran, elle est lynchée par la foule

Farkhunda, 27 ans, a été battue à mort à Kaboul, sans que la police intervienne. Selon le ministre de l'Intérieur, elle n'a pourtant jamais brûlé le livre sacré

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des centaines de personnes assistent aux obsèques de Farkhunda, une femme lynchée par la foule à Kaboul (Afghanistan) après avoir été accusée d'avoir brûlé un Coran. (WAKIL KOHSAR / AFP)

"L'accusation la visant est complètement fausse (...) elle était innocente." Le ministre de l'Intérieur afghan a pris la défense, lundi 23 mars, de Farkhunda, une jeune femme de 27 ans qui a été lynchée jeudi à Kaboul par une foule, l'accusant d'avoir brûlé un Coran.

"Farkhunda était une femme religieuse (...) Il est très douloureux que nous n'ayons pas pu protéger une jeune femme pieuse, nous espérons que cela ne se reproduira pas", a ajouté Noorul Haq Ulumi devant la chambre basse du parlement afghan alors qu'il répondait à des questions de parlementaires.

Treize policiers suspendus

Des images du lynchage diffusées sur les réseaux sociaux montrent des policiers en uniforme n'intervenant pas au moment où la jeune femme est battue. Son corps, brûlé, a ensuite été jeté dans le lit de la rivière Kaboul.

Le ministère de l'Intérieur afghan a précisé que 13 policiers ont été suspendus, dont le chef de la police du quartier où se sont déroulés les faits. Et plus d'une dizaine d'autres personnes ont été arrêtées, en relation avec l'incident.

"C'est une honte pour nous tous"

Lundi, environ 200 personnes ont manifesté à Kaboul près des lieux où le corps de Farkhunda a été brûlé. Des femmes portaient des masques de papier représentant le visage ensanglanté de la victime. Et les manifestants ont scandé des slogans contre le gouvernement et la police.

 "C'est une honte pour nous tous, les parlementaires, les ministres, le président. C'est une catastrophe, cela montre que nous ne sommes pas humains. Tous les Afghans sont impliqués dans ce meurtre. Nous avons perdu notre statut et notre dignité à travers le monde", a déclaré l'un des manifestants.

Dimanche matin, plusieurs centaines de personnes ont assisté aux obsèques de Farkhunda à Kaboul. Le cercueil de la jeune femme a été porté au cimetière par des femmes, fait rare en Afghanistan.

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