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Afghanistan : "Nous ne demandons qu'une chose, c'est de continuer à pouvoir soigner", implore le responsable de l'hôpital français de Kaboul depuis Paris

L'hôpital français de Kaboul est le seul en Afghanistan à disposer d'un service de réanimation.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Des combattants talibans non loin de l'aéroport Hamid Karzai de Kaboul en Afghanistan le 16 août 2021 (HAROON SABAWOON / ANADOLU AGENCY)

"Nous ne demandons qu'une chose, c'est de pouvoir continuer à pouvoir soigner", a imploré lundi 16 août sur franceinfo Eric Cheysson, responsable de l'hôpital français de Kaboul en Afghanistan et président de l'association humanitaire La Chaîne de l’Espoir, au lendemain de la prise de la capitale afghane par les talibans. "Les règles médicales n'ont pas de frontière, donc il y a probablement possibilité de discuter et de continuer", a ajouté le soignant qui se trouve actuellement en France. 

Quels retours avez-vous de la situation à Kaboul. Les talibans ont-ils pris possession des hôpitaux ou des centres de soins ?

C'est le chaos total, et le chaos dans un hôpital, c'est extrêmement dangereux. Nous avons actuellement 14 patients en réanimation et plus d'une centaine de patients hospitalisés. Cette angoisse qu'éprouvent les gens de Kaboul, qu'éprouvent les Afghans, c'est la même angoisse au niveau des patients, au niveau de notre personnel. Nous avons mille salariés et ils sont tous terrorisés. Nous avons une énorme interrogation : que va-t-il se passer demain ? Qu'en est-il de l'électricité, de l'avenir des médicaments ? Comment allons-nous pouvoir poursuivre les soins ? Il faut que cet hôpital poursuive sa destinée, c'est-à-dire soigner les Afghans. Là, on est dans un flou absolument total. J'espère vraiment qu'on sera capable de continuer à faire tourner cet hôpital français, qui est un symbole en Afghanistan. C'est le seul avec un service de réanimation dans le pays, c'est la seule réanimation néonatale, c'est le seul endroit où on peut réaliser des interventions très complexes telles que la chirurgie à cœur ouvert. Il faut que ça continue. Je suis extrêmement inquiet. J'espère que nous allons pouvoir continuer, mais nous pouvons en douter.

Comptez-vous sur une inflexion des talibans sur les soins, car eux aussi voudront soigner leurs proches ?

Oui. L'hôpital français de Kaboul est un hub de plusieurs hôpitaux en Afghanistan. Dans d'autres de nos hôpitaux en zone talibane, nous continuons à fonctionner avec eux. Bien sûr, les femmes et les hommes sont séparés au niveau des patients et au niveau des soignants. Nous ne demandons qu'une chose, c'est de continuer à pouvoir soigner, avec une ligne rouge sur l'éthique. Il y a bien sûr des choses qui ne seront pas contournables mais je dis qu'il est important de se parler et de voir comment continuer cet hôpital.

Si l'on vous demande demain d'imposer la charia islamique au sein de l'hôpital, fermerez-vous ?

J'aimerais avoir la définition de la charia lorsqu'on parle de chirurgie, lorsque j'opère un colon. Je trouve qu'il y n'y a pas beaucoup de différences entre nous. Les règles médicales n'ont pas de frontière, donc il y a probablement possibilité de discuter et de continuer. C'est indispensable.

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