Afghanistan : "Depuis que les talibans sont revenus, nos affaires se sont effondrées", témoigne une jeune styliste de Kaboul
En attendant que les fondamentalistes au pouvoir clarifient certaines règles, les femmes afghanes tentent de vivre et de travailler. C'est le cas d'une jeune styliste.
Depuis leur retour au pouvoir en Afghanistan, les talibans affirment qu’ils se montreront moins stricts envers les femmes que par le passé. Mais dans les faits, les fondamentalistes leur imposent déjà des restrictions ou entretiennent le flou. En matière d'habillement par exemple, si le port de la burqa n'est plus obligatoire, ils n’ont toujours pas donné de consignes claires, hormis le port d’un voile dans l'espace public. Les femmes, elles, appréhendent que les règles ne se durcissent à l’avenir. C'est le cas d'une jeune styliste à Kaboul.
Asila Sadat, 24 ans, travaille dans son petit atelier de couture. Elle apporte la dernière touche à une robe en satin vert qu'une cliente lui a commandée pour une cérémonie de mariage. Sur un mur de son magasin, la jeune créatrice a accroché des photos de Tamina, la mannequin qui portait ses robes et qui a depuis quitté l'Afghanistan. La boutique qui jouxte l'atelier n'est pas ouverte tous les jours. Le travail se fait rare depuis le retour des talibans : "Depuis qu'ils sont revenus à Kaboul, nos affaires se sont effondrées. On ne vend plus rien."
"Vu la situation, nous n'avons pas d'autres choix que de nous adapter."
femme styliste à Kaboulà franceinfo
La jeune femme a créé sa marque de vêtements, Qanawiz, il y a deux ans. Elle a dessiné plusieurs modèles dont des robes afghanes traditionnelles : "On les porte sur des jeans. Les talibans n'accepteront pas ce genre de vêtements. On va sûrement devoir fabriquer des modèles qui couvrent l'ensemble du corps et des hijabs."
Asila Sadat a participé à plusieurs défilés de couture à Kaboul. Le dernier remonte à l'hiver dernier. À la question de savoir si les talibans autoriseront d'autres défilés à l'avenir, elle répond sans hésiter : "C'est absolument impossible."
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