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Accusations d’abus sexuels en Centrafrique : l’ONU silencieuse

C'est un fonctionnaire de l'ONU qui a révélé l'affaire des viols présumés d’enfants par des casques bleus français en Centrafrique. Il a depuis été suspendu par sa hiérarchie. Plusieurs ONG accusent aujourd'hui les Nations Unies de régulièrement couvrir ce genre d'affaires.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Des soldats français patrouillent en Centrafrique le 28 décembre 2013 dans le cadre de l'opération Sangaris © Maxppp)

L'armée française est face au scandale suite à des accusations d'enfants, selon lesquels des soldats les ont violés lors de l'opération Sangaris en 2014 en Centrafrique. Le parquet de Paris enquête sur ces abus présumés depuis l'été dernier. En Centrafrique, la justice vient seulement de se saisir du dossier. C'est un fonctionnaire de l'ONU qui a révélé l'affaire. Il a depuis été suspendu par sa hiérarchie.

Quand un casque bleu est accusé d'abus sexuel, c'est à son pays de le traduire en justice. Résultat, l’impunité est la règle. "Je connais par exemple  le cas  d’un viol commis par un soldat tchadien au Mali. Le soldat a simplement été muté et aucune procédure judiciaire n’a été engagée par le Tchad. Donc, comme l’ONU n’a pas la garantie que ces actes seront réprimés dans les états d’origine des casques bleus, elle préfère effectivement étouffer l’affaire ou ne pas la rendre publique ", explique Florent Geel, de la Fédération internationale des Droits de l'Homme*.

"C'est une faute magistrale, mais dans ces situations, ils cherchent juste à limiter les dégâts" (Paula Donovan, Aids-Free World)

Etouffer le scandale. C'est sans doute ce qui s'est aussi passé en Centrafrique, l'ONU choisissant de sanctionner son employé pour son rapport explosif mettant en cause des soldats français. Selon Paula Donovan, qui co-dirige Aids-Free World, l'ONG américaine qui a médiatisé ce rapport, "ils (l’ONU) ont réalisé qu'ils avaient des témoignages d'enfants abusés sexuellement et qu'à l'époque, ils n'avaient absolument pas réagi comme ils l'auraient dû. Ils n'ont rien transmis aux autorités, ils n'ont pas cherché d'autres témoignages, ils n'ont pas apporté à ces enfants l'aide dont ils avaient besoin. C'est une faute magistrale, mais dans ces situations, ils cherchent juste à limiter les dégâts. Ce qui les fait paniquer, c'est que la réputation de l'ONU soit atteinte ", estime-t-elle. Aujourd’hui, c'est justement le silence des Nations Unies et de la France  qui crée l'incompréhension.

*Florent Geel, responsable du bureau Afrique à la Fédération internationale des Droits de l’Homme, est l’invité de Fabienne Sintès en direct à 7h15 vendredi sur France info.

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