A Londres, après la fête ou le boulot, aller au dodo en métro

A partir du 12 septembre 2015, c'est parti : le métro à Londres va fonctionner 24h sur 24 le week-end. Du vendredi au dimanche, le Tube desservira, de nuit comme de jour, toutes les stations de cinq de ses onze lignes: Central, Jubilee, Nothern, Picadilly et Victoria.
 
Avec ce service appelé The Night Tube, la capitale britannique tend à se rapprocher de New-York, par exemple, où le métro est ouvert 24h sur 24 toute la semaine. Ou de la capitale danoise Copenhague, où on peut le prendre la nuit, du jeudi au dimanche.
 
Transport for London (TfL), le gestionnaire du métro londonien, a fait cette annonce en 2014. Une capitale plus attractive, un service rendu aux habitants, un coup d'envol pour l'économie nocturne  - les arguments en faveur de l'accessibilité nocturne du métro ne manquent pas. Cette extension des horaires plairait aux Londoniens et aux touristes, nombreux à se serrer à minuit sur les stations pour prendre le dernier train.

 
Jusqu'alors, quand ils n'y parvenaient pas, les Londoniens devaient prendre le bus de nuit. Basile, qui habite à Londres depuis plus de deux ans, décrit « un lent pachyderme bondé et bruyant, qui sent l'alcool et les ailes de poulets.»
 
Depuis 2000, selon un rapport (2014) de Volterra, une société spécialisée en prévisions économiques, l'utilisation des bus de nuit a augmenté de 170%.
 
Mesure pratique qui plaît
Basile s'impatiente : «J'attends de pied ferme l'ouverture des lignes 24h sur 24. La lancer le week-end est un premier pas. De mon point de vue d'un voyageur, j'ai du mal à comprendre comment je peux payer plus de £150 (205 euros, ndlr) par mois et me retrouver dans les Night Bus parce que le Tube est fermé après minuit et demie.»
 
De plus, ce même rapport de Volterra, préparé pour la TfL, estime qu'avec le service de nuit un passager pourrait gagner en temps entre 20 minutes et une heure par nuit.
 
Ce nouveau service nocturne intéresse surtout ceux qui travaillent jusqu'à tard le week-end et les amateurs de soirées. Nigara, qui a étudié à Londres, se réjouit : « C'est très pratique ! Avant, certains de mes potes de la promo étaient embêtés, car ils ne pouvaient pas rester plus longtemps avec nous.»
 
Impact économique
Mais l'ouverture du métro la nuit ne passe pas facilement auprès des syndicats. Ils ne s'opposent pas au projet en soi, mais dénoncent des compensations salariales insuffisantes, selon eux.

La dernière proposition de la TfL était d'augmenter le salaire de 2% en 2016 et en 2017, puis de le relever encore en fonction de l'inflation et de payer deux primes ponctuelles de 700 euros (la première - une fois le service lancé, la seconde - en février 2016). La société prévoyait d'accorder, durant une courte période de transition, environ 300 euros par nuit de travail aux conducteurs, déjà employés sur les lignes qui restront désormais ouvertes 24h sur 24. Ces conducteurs auront, par la suite, le choix de travailler pour le Night Tube ou non.

Mais ce n'est pas assez, jugent les syndicats, surtout quand la question porte sur l'équilibre travail-vie privée. Leurs revendications ont conduit, cet été, à plusieurs grèves bloquant le réseau métropolitain, dont la dernière début août.

 
Un arrêt de travail, prévu pour le 25-27 août 2015, a été annulé, à la dernière minutpar les syndicats qui ont, en revanche, promis de débrayer le 8 et le 10 septembre 2015, si un accord n'est pas trouvé.
 
Le projet du Night Tube est chéri par le maire de Londres Boris Johnson, surtout en vue de l'ouverture de la Coupe du monde de rugby, le 18 septembre 2015. Cité sur FranceInter, il a déclaré : « Je le veux cet automne! Je veux le métro la nuit. On le mérite. C'est ce que veulent les Londoniens. C'est immensément populaire et c'est une bonne chose pour l'économie!»
 
Grâce au Night tube,Transport for London prévoit près de 180 000 voyages supplémentaires entre 12h30 et 6h du matin. Une étude commandée par la société démontre que pour une livre sterling de coût, il y aura environ 2.70 livres de bénéfices.
 
Selon le rapport de Volterra pour la TfL, le Night Tube pourrait créer près de deux mille emplois, dont 265 directement, c'est-à-dire, dans le service du Night Tube. Le reste des emplois serait porté par l'économie nocturne en croissance.