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Reportage "On ne peut même plus fermer les portes" : dans le Loiret, des milliers de maisons fissurées à cause de la sécheresse selon une association

Voilà une conséquence des grandes sécheresses : certaines maisons se fissurent, alors que les sols argileux sur lesquels elles sont bâties se contractent. Des millions de maisons seraient concernées en France.

Article rédigé par franceinfo - Renaud Candelier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans le Loiret, certaines maisons ont été endommagées par les épisodes de sécheresse.  (RENAUD CANDELIER / RADIO FRANCE)

Elle se fait appeler Mathilde, par peur de représailles de son assureur. Sa maison, comme d'autres dans ce village du Loiret, a été endommagée suite à un épisode de sécheresse à l'été 2018. "Là, il y a une très grande fissure encore dans la cloison de ma fille, montre-t-elle. La cloison s'est même désolidarisée du plafond. Depuis cette sécheresse de 2018, on ne peut même plus fermer les portes".

Le phénomène est bien connu. Il s'agit d'un "retrait-gonflement des argiles" (RGA). 10 millions de maisons seraient exposées à ce risque en France. Un chiffre qui va augmenter dans les prochaines années, à cause de la sécheresse. Pourtant, les propriétaires victimes font face à des nombreux obstacles pour tenter de se faire indemniser. 

"Trop compliqué de se faire indemniser"

C'est le cas de Mathilde, d'abord déboutée de sa demande d'indemnisation. Elle a finalement obtenu un compromis, au prix d'une contre-expertise menée à ses frais. Son assurance s'engage finalement à payer plus de 100 000 euros de travaux.

"Je trouve que c'est trop compliqué de se faire indemniser. Le moindre mot que vous utilisez peut être retourné contre vous. Moi ça me met en colère."

Mathilde, propriétaire d'une maison fissurée

à franceinfo

Colère aussi de Louise, une retraitée qui vit seule dans sa maison qu'elle qualifie de "balafrée", à Loury, près d'Orléans. Elle a renoncé à se battre contre son assurance et à 67 ans, elle cumule les crédits pour sauver sa maison. "En 2007, quand tout a été chiffré, il y en avait pour 50 000 euros. À la suite de ça, j'avais quand même des fenêtres qui ne se fermaient plus", déplore Louise. 

Sandra Arfa, référente de l'association "Les oubliés de la canicule".  (RENAUD CANDELIER)

"Comme ma société bancaire était en même temps mon assurance, ils m'ont dit 'si un jour vous avez un vol,ça ne marchera pas'". La retraité a donc été contrainte de faire changer ses fenêtre pour un coût de 14 000 euros. "Et comme j'avais aussi un problème avec mes volets, parce que tout bouge, vous rajoutez encore 15 000 euros de volets !"

"Plus de vacances, pas de restos, pas de sortie parce que j'ai un crédit sur le dos maintenant et que j'ai une petite retraite"

Louise, propriétaire d'une maison fissurée

à franceinfo

Des milliers de sinistrés selon une association 

La richesse agricole du Loiret fait aussi la fragilité de ses sols. La moitié du département est en risque moyen à élevé. Mais difficile de chiffrer le nombre de propriétaires qui voient leur maison se fissurer à cause des sécheresses à répétition. "La préfecture a refusé de me communiquer les chiffres", affirme Sandra Arfa, référente de l'association "Les oubliés de la canicule". "Moi je pense qu'il y a des milliers de sinistrés. Il ne faut pas se mentir, il y a un enjeu financier énorme, il y a des millions de maisons construites sur des sols argileux. La situation va devenir explosive là et ce sera encore pire dans les années qui vont arriver." 

Or pour se faire indemniser, il faut que la commune soit reconnue en état de catastrophe naturelle. L'association reproche à l'Etat d'être juge et partie : c'est lui qui d'un côté prend les arrêtés et de l'autre doit indemniser les sinistrés via le fonds prévu à cet effet. 

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