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Infographies Face au risque de sécheresse, un cinquième de la France hexagonale en vigilance

Après un hiver et un printemps peu pluvieux, un grand nombre de départements sont soumis à des arrêtés de restrictions d'eau. Visualisez en trois graphiques cette situation rare pour un mois de mai.

Article rédigé par Brice Le Borgne - Lise Kiennemann
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'arrosage d'un champ à Beuvry, dans le Pas-de-Calais. (DENIS CHARLET / AFP)

Dans le Morbihan, les agriculteurs ont l'habitude de voir l'herbe s'arrêter de pousser le 15 juin. Cette année, c'était un mois plus tôt. La préfecture a donc décidé, il y a deux semaines, de placer le département en vigilance sécheresse. Et ce territoire est loin d'être une exception. Franceinfo a fait les comptes. Depuis avril, 28 départements ont pris un arrêté de vigilance, sur tout ou partie de leur territoire, en réponse au risque de sécheresse. Certains ont même déjà fixé des mesures strictes de restrictions d'usage de l'eau, alors qu'un épisode de chaleur exceptionnel accentue les inquiétudes.

Plus de 30 départements concernés

Décidés par les préfets de chaque département, sur un périmètre et pour une durée déterminés, ces arrêtés sont gradués en fonction de la gravité de la situation. Le niveau de vigilance ne consiste qu'en une incitation à économiser l'eau. Les seuils d'alerte et d'alerte renforcée impliquent, eux, des restrictions de prélèvements d'eau, qu'ils concernent des usages agricoles ou domestiques (arrosage de jardin, lavage de voitures, etc). Dans les zones classées en crise, tout prélèvement en eau non prioritaire est interdit. 

Le recensement de tous ces arrêtés préfectoraux permet de visualiser l'évolution de la situation pour chaque département, depuis la mi-avril. Au 18 mai, 34 départements étaient concernés par des arrêtés.

Dès le mois d'avril, des arrêtés ont été pris dans certains départements des Pays de la Loire, du Poitou ou de la côte méditerranéenne. Début mai, des départements du Nord, du Centre et des Alpes ont à leur tour été touchés par de telles mesures.

Depuis le 18 mai, un cinquième du territoire est ainsi en vigilance sécheresse, soit plus de 120 000 km2. De nombreuses autres zones, représentant 31 200 km2 répartis dans 17 départements, sont elles en alerte. Le graphique ci-dessous permet de visualiser l'accélération des dernières semaines à l'échelle nationale. 

L'année 2022 est-elle inédite ? Les informations contenues dans la base de données Propluvia, fournies par les préfectures et centralisées depuis 2012 par le ministère de la Transition écologique, ne permettent pas de le savoir, faute d'exhaustivité. "Pour mi-mai, la situation de 2022 est extrêmement précoce", prévient tout de même la Direction de l'eau et de la biodiversité du ministère. 

Pour le Nord, département en vigilance depuis le 12 mai, "ces arrêtés de restriction d'eau deviennent courants, ils ne l'étaient pas avant", souligne la Direction départementale des Territoires et de la Mer. Dans ce département, le débit des cours d'eau, anormalement faible du fait de mois de mars et d'avril secs et ensoleillés, a poussé la préfecture à prendre ces arrêtés. "Le Marais poitevin ou le Sud-Est, eux, paient le prix d'un fort déficit de pluie pendant l'hiver dernier, qui n'a pas permis de recharger les nappes", explique Florence Habets, hydroclimatologue au CNRS.

Un risque de sécheresse "très probable" dans plus de 20 départements 

La période de remplissage des nappes phréatiques, allant de septembre à mars, a en effet enregistré un déficit pluviométrique de 20% au niveau national. Et le mois de mai est en passe d'être un des plus secs depuis les années 1950, selon les données de Météo France.

Pour l'été prochain, les autorités ne veulent pas être alarmistes. "Vigilance aujourd'hui ne signifie pas toujours difficulté demain, tout dépend de la pluviométrie des prochaines semaines", tempère le ministère. "On n'est pas encore à un stade de crise, mais la tendance nous amène à anticiper, avertit Mathieu Batard, directeur adjoint de la DDTM du Morbihan. L'objectif est d'infléchir les comportements pour ne pas se retrouver dans une situation critique." Les prévisions nationales ne sont pas bonnes. Dans une note publiée jeudi 19 mai, le ministère de la Transition écologique estime que 22 départements présentent, pour l'été à venir, un risque de sécheresse "très probable", principalement dans le sud-est et l'ouest.

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