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Plan hiver : "La logique d'un plan d'ensemble est inscrite dans la tête des ministres. Est-ce que les budgets vont suivre ?"

Dans le cadre du plan hiver présenté mercredi par le gouvernement, l'État ouvrira 14 000 places supplémentaires en cas de grand froid, mobilisables à partir de jeudi. Des places "bienvenues" pour Éric Pliez, président du Samu social de Paris.

Article rédigé par franceinfo
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Un sans-abri dans les rues de Paris, le 28 décembre 2005. (THOMAS COEX / AFP)

Le gouvernement présente mercredi 31 octobre son plan hiver, un effort qu'il estime "sans précédent". En plus des 136 000 places d'hébergement d'urgence déjà existantes pendant l'année, l'État ouvrira 14 000 places en cas de grand froid, mobilisables à partir de jeudi. Des places "bienvenues" pour Éric Pliez, président du Samu social de Paris et directeur général de l'association Aurore qui dit toutefois sur franceinfo attendre la confirmation des "arbitrages budgétaires".

franceinfo : Le dispositif est-il à la hauteur des besoins ?

Eric Pliez : Il y a en tous les cas une urgence absolue à agir. Aujourd'hui à Paris, c'est plus de 1 200 personnes que nous ne pouvons pas prendre en charge quand elles appellent le 115 chaque jour. Ça se passe aussi ailleurs. Toulouse connaît une grosse saturation. C'est 300 enfants qui restent dehors et c'est un travail absolument déprimant pour les travailleurs du 115 qui n'ont plus de solutions à proposer. Pour plusieurs raisons : un manque de places, c'est clair, et la saturation d'un dispositif hôtelier qui n'est pas adapté à l'accueil de familles. Donc il est temps d'agir.

Que dire de la gestion de ces places d'accueil ?

Aujourd'hui, il en manque beaucoup. Il en manquait encore l'an passé malgré une très grosse mobilisation puisqu'on avait encore 3 000 personnes dehors en plein mois de février, en plein cœur de l'hiver. Il est clair que la gestion au thermomètre qui est faite, c'est-à-dire qu'on ouvre des places en hiver et on les referme au printemps, ne colle plus du tout. C'est plus de la moitié des personnes qui sont remises à la rue à la fin de chaque hiver, et qu'on va donc retrouver. C'est autant de temps de perdu dans le travail d'accompagnement qu'on peut faire avec elles. Donc ces places, c'est bien, c'est bienvenu, c'est attendu. Mais nous attendons maintenant que les arbitrages budgétaires confirment les propos du ministre et surtout on attend avec impatience que ces places se mettent en place.

Le ministre a demandé l'ouverture de locaux dépendant de plusieurs ministères. Est-ce une bonne idée ?

C'est une très bonne idée. Il faut absolument récupérer les locaux vides, il faut des formules intercalaires. Tout est bon dès lors qu'on y installe les gens avec de l'accompagnement pour sortir de la rue. Le ministre a conscience aussi que c'est un plan d'ensemble qu'il faut faire depuis la rue jusqu'au relogement des personnes.

On reste très loin de la promesse d'Emmanuel Macron de ne plus avoir de sans-abri dans les rues fin 2017 ?

C'est un projet à long terme. Et c'est un projet qui nécessite un engagement budgétaire fort. Et je vous avoue que notre inquiétude est là aujourd'hui. J'apprécie qu'on dise qu'il faut à la fois du logement accessible pour les gens à faibles ressources, qui sont 25% dans nos centres d'hébergement, et qu'il faut en même temps aider ceux qui sont les plus éloignés du logement, ceux qui sont à la rue, ceux qu'on voit tous les matins en prenant le métro. Il faut vraiment un plan d'ensemble. La logique est inscrite dans la tête des ministres. Maintenant, est-ce que les budgets vont suivre pour ce plan Marshall qui va permettre aussi de mieux prévenir les expulsions ? Il y a eu 7 000 expulsions en Ile-de-France ces derniers jours, c'est beaucoup trop. Il faut agir en prévention et il faut agir pour la sortie de ces dispositifs.

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