Pollution de l’air : l’État "ne réagit pas à la hauteur des enjeux", dénonce l'association Respire
Olivier Blond, le président de l'association Respire, reproche la faiblesse des dispositifs de prévention mis en place pour lutter contre la pollution, alors que plusieurs départements sont en alerte à la pollution aux particules fines depuis samedi.
"Je suis en colère contre l’État parce qu’il ne réagit pas à la hauteur des enjeux", indique lundi 22 avril sur franceinfo Olivier Blond, le président de l’association Respire. Depuis samedi, des procédures d’alerte à la pollution aux particules fines ont été déclenchés dans plusieurs départements de France, notamment dans le Nord, le Pas-de-Calais et en Bretagne.
Olivier Blond reproche la faiblesse des dispositifs de prévention mis en place pour lutter contre la pollution. "On voit qu’il y a des campagnes très efficaces pour lutter contre l’insécurité routière. Il n’y a rien d’équivalent contre la pollution de l’air alors qu’elle tue entre 10 et 15 fois plus que les accidents de la route", regrette l’associatif.
franceinfo : La pollution touche une bonne partie du pays depuis vendredi. Cet épisode touche notamment la plupart des départements bretons. C’est inhabituel des cas de pollutions comme ça en Bretagne ?
Olivier Blond : Malheureusement, ce n’est pas si inhabituel. Il y a régulièrement des problèmes. Pour deux raisons principales : premièrement, ce sont des zones agricoles et l’agriculture contribue en partie à la pollution de l’air. La deuxième raison, c’est qu’il y a régulièrement des vents qui amènent des grandes zones urbaines depuis le nord de l’Europe, en Belgique, au Pays-Bas, voire à Londres, de la pollution qui arrive sur nos côtes. Il y a un mélange de plusieurs facteurs qui font que ce n’est pas totalement surprenant.
Donc on peut être à Saint-Brieuc, Brest ou Saint-Malo et subir les effets de la circulation à Londres ?
En fait, tout s’additionne. La pollution de l’air à Londres va s’additionner à la pollution de l’air qu’il y aura déjà dans les grandes villes de Bretagne et à la pollution agricole. Tout ça ensemble fait une sorte de grosse bouillabaisse qui est invisible, souvent inodore, mais qui n’en reste pas moins toxique pour les gens.
On a déjà eu plusieurs alertes depuis le début de l’année en France. Est-ce qu’on est sur un premier tiers de l’année où les alertes pollutions ont été plus nombreuses que les autres années ?
Heureusement, On est encore loin de la situation catastrophique de l’hiver 2016-2017 où il y avait eu jusqu’à 33 jours d’affilée de pics de pollution dans certaines régions. Donc on n’est pas dans une situation pire que d’habitude mais on est dans une situation qui s’inscrit dans une tendance globale. Ce qui révoltant, c’est que, chaque année, les pics de pollution se reproduisent un petit peu plus, un petit peu moins, ici ou là, et personne ne fait rien. Ça continue comme si on n’était pas au courant. Alors qu’on sait très bien quelles sont les causes et quelles sont les solutions. Et donc cet empoisonnent, que subissent tous les citoyens français, c’est choquant parce que ça n’a rien de surprenant.
Quand vous dites personne ne fait rien, vous pensez aux pouvoirs publics ? Que peut-on faire concrètement ?
Très clairement, je suis en colère contre l’Etat parce qu’il ne réagit pas à la hauteur des enjeux. On voit qu’il y a des campagnes très efficaces pour lutter pour lutter contre l’insécurité routière, qui a été diminuée considérablement au cours des dernières années. Il n’y a rien d’équivalent contre la pollution de l’air alors qu’elle tue entre 10 et 15 fois plus que les accidents de la route. Donc il y a un vrai problème.
Ce que peut faire chacun à son échelle, ce sont deux choses principales : se protéger. C’est très important de se protéger lorsqu’il y a un pic de pollution. La première règle, c’est d’éviter de faire du sport. Parce que lorsqu’on fait du sport, on va respirer beaucoup plus, beaucoup plus profondément et les polluants vont rentrer encore plus profondément dans le corps. Deuxième chose : essayer d’éviter les endroits les plus pollués. Par exemple les carrefours embouteillés, la proximité avec des sites polluants, des sites industriels par exemple. Aussi, il faut réfléchir à comment on consomme. La plupart des produits qu’on va acheter en magasin ont été acheminés par camion. Et donc si on veut contribuer à lutter contre la pollution de l’air, on peut aussi se poser la question d’acheter local, d’acheter des produits qui viennent des producteurs avoisinants.
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