Ce que l’on sait de la disparition de trois alpinistes français fin octobre au Népal
Trois alpinistes aguerris n’ont plus donné signe de vie depuis mardi 26 octobre alors qu’ils escaladaient la face ouest du Mingbo Eiger. Trois corps ont été retrouvés lundi 8 novembre.
Le 26 octobre, trois alpinistes français disparaissent alors qu’ils tentent au Népal l’ascension inédite par sa face ouest d'un sommet de 6 070 m, le Mingbo Eiger. Tous trois sont des alpinistes aguerris, membres du Groupe excellence alpinisme national (GEAN), formation d'élite de la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM).
Une avalanche à l'origine de l'accident
Louis Pachoud, un Chambérien de 27 ans, Gabriel Miloche, originaire de Briançon, 27 ans également et Thomas Arfi, un Niçois de 34 ans, faisaient partie d'une équipe arrivée fin septembre, dans la région du Khumbu et de l'Everest, dans le but de gravir différents sommets culminant à quelque 5 000 et 6 000 m, au sud de l'Ama Dablam (6 814 m). Partis à huit, ils n’étaient que trois à tenter cette ascension.
Le dernier contact téléphonique avec eux remonte au 26 octobre, depuis leur bivouac. Selon les dernières traces localisées grâce à une reconnaissance par hélicoptère, les trois hommes étaient très près du sommet, à 5 900 m, quand ils ont déclenché une avalanche à leur passage. Ils ont alors décidé de rebrousser chemin par là où ils avaient grimpé, d'abord en désescalade puis en rappel, quand la pente est devenue trop raide. Les traces disparaissent dans cette section. "Leurs effets personnels apparaissent en bas de la paroi", témoigne au micro de France Bleu Pays de Savoie Stéphane Benoist, le chef de l'expédition, qui a pu survoler la zone.
Trois corps retrouvés
Trois corps ont été découverts par des guides locaux, "à peu près dans la même zone où étaient conduites les recherches" des trois alpinistes français disparus, a rapporté lundi 8 novembre Rishi Raj Dhakal, inspecteur et porte-parole du bureau de police du district de Solukhumbu. Ils ont été transportés à Lukla (dans les sud-est du Népal) et vont être transférés "à Katmandou pour une autopsie", a ajouté le policier. "Nous ne pouvons pas confirmer l'identité des corps car nous ne sommes pas autorisés à le faire", a précisé Ang Norbu, sherpa et chef de l'opération de recherche et de sauvetage. "Il y a un processus distinct pour l'identifier ou la confirmer."
Après deux jours d'interruption, les opérations avaient repris vendredi pour retrouver Louis Pachoud, Gabriel Miloche et Thomas Arfi. Ang Norbu avait précisé que son équipe composée de cinq guides de montagne devait être rejointe samedi par des guides de montagne internationaux expérimentés en provenance de France.
Trois sacs, ainsi que le matériel du bivouac avaient été retrouvés par les secouristes. L'espoir de les retrouver vivants était considéré comme "quasi nul", dès lundi dernier par la FFCAM. Stéphane Benoist se déclarait même convaincu qu'"ils étaient morts mercredi" et que leurs corps "étaient là, sous la neige, dans le cône au pied de la paroi". "C'était de grands experts de la gestion des risques. On ne comprend pas bien quel piège ils n'ont pas su déceler ou qui était indécelable. Est-ce qu'ils ont fait une erreur ?", s’interroge-t-il.
Piste privilégiée : un "ancrage" qui cède
Stéphane Benoist et les quatre autres compagnons d'expédition des trois disparus s'étaient rendus au pied de la paroi lundi 1er novembre pour se recueillir et tenter d'éclaircir et comprendre les circonstances de l'accident. Il y a toujours "une part d’ombre", selon l'alpiniste.
Plusieurs hypothèses sont avancées sur ce qui s’est produit. Celle retenue par Stéphane Benoist est celle d’un ancrage qui aurait cédé, fragilisé par l'avalanche précédente. "Un morceau de roche et un ancrage ont dû se détacher, faire sauter le rappel et plonger dans le vide nos trois compagnons", estime-t-il au micro de France Bleu Pays de Savoie. Il y a aussi la possibilité d’une nouvelle coulée qui aurait tout arraché. Cette question restera probablement sans réponse.
Stéphane Benoist et ses compagnons ont quitté leur camp de base établi depuis début octobre dans le village de Pangboche. "Durement éprouvés", ils devaient être "rapatriés en France", avait précisé la FFCAM.
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