: Vidéo Baie de Somme : des refuges anti-inondation toujours pas construits alors qu'ils sont obligatoires depuis cinq ans
Pour éviter des catastrophes comme celle de la Faute-sur-Mer il y a 11 ans, l’Etat a décidé de rédiger des plans anti-inondations. En Baie de Somme, des milliers de riverains installés en zone inondable devaient avoir construit avant le 10 juin 2021 des refuges sur leur maison. Mais pour l’heure, aucun chantier n’a débuté.
Dix communes sont concernées par ce Plan de prévention des risques naturels (PPRN), édicté le 10 juin 2016. Parmi l'une d'elles, la station balnéaire de Fort-Mahon. Elle comporte beaucoup de pavillons typiques de la région. Ils sont de plain-pied, et situés en général à 5 mètres 50 au dessus du niveau de la mer. Deux mètres trop bas, selon la Préfecture de la Somme pour garantir la sécurité de ses habitants en cas d’inondation.
Les propriétaires de toutes les maisons de ce type avaient jusqu'au 10 juin 2021 pour aménager un refuge dans leurs combles et atteindre la barre des 7 mètres 50. Il leur fallait aussi installer une fenêtre pour évacuer les sinistrés.
Avec Florence Brossier, présidente de l'Association de défense des propriétaires, artisans, résidents Marquenterre - Baie de Somme (ADPAR), nous faisons le tour de Fort-Mahon. Elle énumère sans cesse, depuis sa voiture, les maisons concernées par ce PPRN : "Cette maison là bas est concernée, cette maison là est concernée aussi. Elle est concernée, elle est concernée, elle est concernée, elles sont toutes concernées…"
Dans la commune de Fort Mahon, aucun refuge n’a été construit. Pour cette riveraine, la responsable, c’est la Prefecture qui n’a pas assez communiqué sur ce règlement : "Les mesures sont contraignantes, elles vont surprendre beaucoup de personnes qui ne s’y attendent pas. Cela va effectivement coûter beaucoup d’argent, surtout pour les maisons de plain-pied, c’est là qu’on a le plus gros oeuvre pour qu’elles soient conformes."
Près de 1000 habitations de Fort-Mahon sont concernées par ces travaux. Soit un quart des habitations de la commune.
Des milliers d'habitants hors-la-loi
Il y en a bien un qui connait par coeur ces règles : Eric Kraemer, le conseiller municipal en charge de l’urbanisme de la ville. Mais pourtant... Mais même lui n’a pas fait ces travaux, remboursés à 80 % par l’Etat. "Nous sommes tous coupables ! La Préfecture, les services de l’Etat, les communes, les responsables urbanisme…, explique-t-il. Et c’est vrai que ça fait quatre, cinq ans qu’on aurait dû appuyer sur cette part de réglementation du plan de préventions des risques naturels, ça n’a pas été fait, bon voilà !"
Aucun habitant des dix communes concernées n’a construit de refuge. En vertu de l'article L562-5 du Code de l'environnement et de l'article L480-4 du Code de l'urbanisme, ils encourent une amende qui peut atteindre 300 000 euros. Le 9 juin, le dernier jour pour que les habitants de ces communes construisent leur refuge, la Préfecture de la Somme a réuni les maires de la région.
Par la voix du Sous-Préfet d'Abbeville, Philippe Fournier-Montgieux, l’Etat reconnait un coup d’épée dans l’eau : "Le bilan est maigre, voilà je vous l’accorde. Mais une fois qu’on a dit ça, à part se rejeter la responsabilité les uns sur les autres, ce qui n’est pas le cas, l’idée c’est de travailler ensemble pour rattraper le temps perdu."
A l’issue de la réunion, aucun délai supplémentaire n’est accordé, mais aucune amende ne sera infligée.En cas de sinistre, la prefecture reconnait que la question des assurances se poserait. Une solution est à l’étude.
Parmi nos sources :
Le Plan de prévention des risques naturels Marquenterre - Baie de Somme.
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