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"On a perdu les chiens, il y a beaucoup de dégâts matériels, mais on a tenu le coup" : comment les Antilles ont vécu le passage de l'ouragan Maria

Quelques heures après le passage de Maria dans l'arc des Antilles, franceinfo a recueilli les témoignages d'habitants de la Guadeloupe, des îles des Saintes et de Marie-Galante.

Article rédigé par Elise Lambert - Hugo Cailloux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
La commune du Carbet, à la Martinique, après le passage de Maria, le 19 septembre 2017. (LIONEL CHAMOISEAU / AFP)

Inondations, toitures envolées, coupures de courant... L'ouragan Maria, "potentiellement catastrophique", s'éloigne peu à peu des côtes de la Guadeloupe, mardi 19 septembre, non sans avoir fait des ravages. Une personne a été tuée par la chute d'un arbre et deux autres sont portées disparues après le naufrage d'un bateau au large de La Désirade, a annoncé la préfecture de Guadeloupe après le passage de l'ouragan. Les habitants sont, eux, toujours confinés, mais la vigilance est désormais grise. Franceinfo en a contacté plusieurs. Ils nous racontent leur nuit dantesque.

A Basse-Terre, "les baies vitrées ont volé en éclats"

Fabienne Michaux-Vignes-Dorocant habite avec son mari et ses trois enfants à Gourbeyre, juste à côté de Basse-Terre. Dans la soirée de lundi, alors que le plus fort de l'ouragan n'est pas encore passé, l'eau s'infiltrait déjà partout dans sa maison. "On s'était préparés, mais on a dû, dès 22 heures [heure locale], renforcer à nouveau les deux grandes baies vitrées qui donnaient face au vent, dans notre chambre et dans le salon. Le cyclone était plus fort que prévu", confie-t-elle au téléphone, encore secouée par les événements.

La nuit a été difficile pour la famille, qui a dû gérer les événements "dans le noir ou à la lumière du téléphone parce qu'il n'y avait plus d'électricité". A un moment, "les deux baies vitrées ont volé en éclats, on s'est réfugiés dans les chambres des enfants. Tout a été balayé, emporté par le vent et la pluie". Les deux bergers malinois, que la famille avait mis en sécurité dans une annexe de la maison, se sont retrouvés dehors, sous les éléments, après que la porte de la pièce a été "coupée en deux par le vent"

Les chiens ont essayé de se réfugier dans leur chenil, dans le jardin, mais le mur du voisin s'est effondré sur eux et ils sont morts.

Fabienne Michaux-Vignes-Dorocant

à franceinfo

"Quand je regarde autour de moi, il n'y a plus de végétation, j'ai une vue dégagée à 360°", déplore Fabienne après le passage de Maria. "Un cyclone de force 5, ça ne peut ressembler qu'à ça... On a perdu les chiens, il y a beaucoup de dégâts matériels, mais on a tenu le coup. Au final, on va bien."

A Grande-Terre, "on se demande si ça va tenir"

Avant le passage de Maria, lundi midi (heure locale), Jacques Houpert, proviseur adjoint du lycéen polyvalent Nord à Grande-Terre était plutôt serein. Arrivé il y a un mois en Guadeloupe, il prenait l'ouragan avec un brin d'humour, "on dira que c'est mon bizutage". Logé dans une maison de plein pied construite en 2009, Jacques Houpert avait tout prévu, bouteilles d'eau, bougies de survie. Confiné dès lundi après-midi dans son appartement, il a finalement été surpris par la violence et la puissance de l'ouragan.

"C'est l'horreur ici, le vent continue de souffler très très fort, c'est impossible de dormir, on est réfugié dans la chambre. L'eau passe par les fenêtres tellement il pleut et le plus fort est attendu dans une heure, écrit-il par texto à 2 heures du matin (heure locale). On suit les informations sur Radio Caraïbes, mais nous n'avons plus d'électricité depuis 17 heures dans le quartier. C'est quelque chose d'inimaginable."

On se sent en sécurité, mais assez inquiet. On a beau être dans un logement construit aux normes anti-cycloniques, on se demande si ça va tenir.

Jacques Houpert

à franceinfo

Vers 3 heures du matin, alors que le "plus gros" de l'ouragan passe sur l'archipel, le proviseur finit par trouver le sommeil. "J'entendais le vent souffler toujours très fort, mais les murs ne bougeaient pas." Au réveil, l'eau est coupée quasi partout à Grande-Terre et la pluie continue de tomber sans interruption. Vers 8 heures, le préfet annonce que la Guadeloupe passe en vigilance grise, seuls les secours sont autorisés à circuler. "J'en ai profité pour prendre ma douche dehors. Là, on ne manque pas d'eau !", s'amuse-t-il. 

Sur les Saintes, "un voilier s'est échoué sur les rochers"

Au plus fort de l'ouragan, Christian Caille, un pêcheur des îles des Saintes, situées à 14 km au sud de la Guadeloupe, s'est réfugié dans la salle de bain de sa maison avec ses deux petits-enfants, sa fille et sa femme. Cet habitant de la ville de Pain de Sucre a eu très peur. "Je suis né sur l’île, c’est mon quatrième ouragan. Mais à 1h30 du matin, je me suis senti très petit", confie-t-il à franceinfo. 

La seule chose qu’on demande à ce moment-là, c’est que ça passe le plus vite possible. Ça tremble de partout.

Christian Caille, un habitant des Saintes

à franceinfo

Christian Caille décrit désormais un paysage désolé. Le toit de l'hôtel voisin a été emporté par les vents, l'île est privée d'électricité et d'eau courante. "Je compte une dizaine de maisons bien abîmées, avec des tôles arrachées, poursuit-il. Le bateau qui fait la traversée entre la Guadeloupe et notre île est échoué sur le sable. Un voilier s’est aussi échoué sur les rochers."  Par chance, son bateau de pêche n’a rien : il était “bien arrimé”. Même chose pour la maison qu'il avait pris soin de protéger au moyen de planches en bois. "Elle n’a presque rien. Nous n’avons à déplorer aucun blessé, c'est l'essentiel."

A Marie-Galante, "l'impression que des bêtes sauvages essayaient de rentrer chez moi"

Marie-Galante, la troisième plus grande île des Antilles françaises, a été touchée de plein fouet par Maria, surprenant les habitants. “J’avais l’impression que des chevaux ou des bêtes sauvages essayaient de rentrer dans la maison. On avait peur”, lâche une habitante de Grand-Bourg, la voix essoufflée au téléphone. 

Ma maison a tenu. Mais je suis surtout rassurée parce qu’il fait jour. C’était effrayant...

Une habitante de Marie-Galante

à franceinfo

Pour se protéger de Maria, elle et sa mère se sont réfugiées dans la chambre, pièce qui lui “semblait la plus résistante”. En effet, la maison ne dispose pas d’une dalle en béton sur le toit comme certaines. Malgré cela, seul un volet a été emporté. De la végétation est aussi entrée à l'intérieur, signe de la puissance des vents de Maria, que l'habitante compare avec ceux de Dean, ouragan passé près de la Guadeloupe en 2007. "Celui-ci était plus fort."

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