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"L’Affaire du siècle" : "On est optimiste" sur l’issue du recours et sur son impact à travers le monde, affirme le directeur général de Greenpeace

Car l'espoir de Greenpeace s'étend bien au-delà de nos frontières. "Il faut multiplier les recours un peu partout sur la planète, pour faire en sorte qu'à la fin, les gouvernements n'aient pas d'autre choix que de revoir leur copie", incite Jean-François Julliard.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, le 27 août 2020. (ERIC PIERMONT / AFP)

"L'Affaire du siècle" arrive devant le tribunal administratif de Paris jeudi 14 janvier. Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, l’une des quatre ONG requérantes, se dit "optimiste" sur l’issue du recours et parle sur franceinfo d’une décision qui serait "historique, un symbole, une première dans le monde".

franceinfo : Êtes-vous optimiste sur l'issue de l'audience ?

Jean-François Julliard : Oui, on est optimiste. On a bon espoir aujourd'hui que le tribunal entende un certain nombre de nos arguments et entende notre démonstration juridique qui consiste à rappeler que l'État n'en fait pas assez pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique. Ce serait un symbole parce que ce serait une première en France. Ce serait même une première, certainement dans le monde. Et puis surtout, ça va contraindre l'État à revoir sa copie, en quelque sorte. On espère que ça aura des effets concrets. Après, c'est le gouvernement qui va devoir prendre des mesures. Mais c'est vrai qu'on entend depuis des années Emmanuel Macron se positionner fortement sur la scène internationale, notamment, comme le champion du climat, les défenseurs de l'accord de Paris. Si, avec le jugement, l'État français est condamné pour inaction climatique et que le tribunal, une juridiction française, demande à l'État de revoir sa copie, je ne vois pas comment le gouvernement pourrait y échapper. Il devra alors reprendre un certain nombre de textes, de lois, de règlements, de politiques publiques pour faire en sorte qu’on lutte enfin efficacement contre le dérèglement climatique.

Ces derniers temps, le gouvernement a pris de nombreuses mesures, dont les 30 milliards pour la transition écologique dans son plan de relance, ce n’est pas suffisant ?

Non, l'État n'en fait pas assez. Le tribunal administratif pourrait reconnaître que l'État n'a pas respecté ses obligations en matière de lutte contre le dérèglement climatique et finalement, que l'État ne respecte pas les objectifs qu'il s'est lui-même fixés. Encore une fois, ce n'est pas Greenpeace, ou les autres organisations requérantes, qui ont demandé à l'État de faire ceci ou cela, c'est l'État, qui s'est fixé des objectifs et qu'il n'est pas en mesure de respecter parce que les politiques publiques, parce que la mise en œuvre opérationnelle de ces objectifs ne suit pas. Aujourd'hui, on ne procède pas aux transformations qui devraient être faites dans les secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre en France, comme le logement, le transport et l'agriculture, notamment.

Est-ce que le recours en justice est désormais un outil supplémentaire dans la défense de l’environnement ?

Oui, on a discuté pendant des années avec les différents gouvernements, et à un moment donné, quand on ne parvient pas à convaincre un État qu'il n'en fait pas assez pour lutter contre le dérèglement climatique, il faut trouver les moyens de le contraindre à le faire. Et finalement, quoi de mieux que la justice pour contraindre un État à changer de politique publique ? C'est vrai que la justice climatique est devenue aujourd'hui un véritable levier d'action complémentaire des autres modes d'action plus traditionnels.

"Si la justice tranche en notre faveur et condamne l'État pour inaction climatique, nous espérons que cela fasse jurisprudence. Cela va contribuer à renforcer cette notion de justice climatique à travers le monde."

Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace

à franceinfo

Il y a aujourd'hui plus d'un millier de procédures qui ont été lancées dans différents pays, aux États-Unis, en Amérique latine, dans des pays d'Asie, dont beaucoup de pays européens. Et c'est vrai que ça peut faire jurisprudence en France, mais ça peut aussi inciter d'autres citoyennes et citoyens à se lancer dans cette aventure parce que c'est une aventure collective. Aujourd'hui, on attaque la France, mais même si la France était parfaitement exemplaire, ça ne suffirait pas à résoudre la crise climatique. Donc il faut multiplier les recours un peu partout sur la planète, pour faire en sorte qu'à la fin, les gouvernements n'aient pas d'autre choix que de revoir leur copie et d'avoir des politiques plus ambitieuses en matière de lutte contre le dérèglement climatique.

Au-delà des 2,3 millions de personnes qui ont signé la pétition de "L’Affaire du siècle", il y a vraiment un mouvement de fond ?

Oui, parce que malgré tout, même si c'est un clic sur Internet, c'est 2,3 millions de personnes qui ont cliqué. C'est la première fois qu'une pétition en France atteint un tel niveau. Et puis, on le constate, tous les sondages montrent que cette préoccupation environnementale et climatique est grandissante dans la tête des Françaises et des Français, c'est devenu une préoccupation majeure du quotidien. De plus en plus de gens constatent dans leur entourage, dans leur vie de tous les jours, les conséquences du dérèglement climatique qui sont déjà là. Et pour le coup, la France n'est pas le pays le plus touché, mais c'est un pays qui est aussi touché à travers tout un tas d'éléments.

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