"La perspective du réchauffement climatique est beaucoup plus angoissante que celle d'aller en prison" : des décrocheurs de portraits de Macron jugés à Paris
Neuf personnes ont comparu mercredi 11 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Ces militants écologistes avaient décroché des portraits d'Emmanuel Macron dans des mairies, en février dernier. Ils risquent jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.
"C'est quand même aberrant de voir que pour un portrait qui vaut 9 euros on se retrouve au tribunal, dans la seizième chambre, celle qui juge habituellement les affaires anti-terroristes." Cécile a comparu mercredi 11 septembre devant le tribunal correctionnel aux côtés de sept autres militants écologistes et du youtubeur "Partager c'est sympa" qui les avait filmés. Le jugement a été mis en délibéré au 16 octobre. Le procureur a requis 1 000 euros d'amende dont 500 euros avec sursis.
Ils étaient jugés pour "vol en réunion". Par trois fois, ils avaient décroché des portraits d'Emmanuel Macron dans les mairies des 3e, 4e et 5e arrondissements de Paris, les 21 et 28 février dernier. Ils encourent jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.
Nous on essaie de faire bouger les choses comme on peut
Cécile, militante écologiste
Une peine et des poursuites totalement disproportionnées selon Cécile, qui savait tout de même ce qu'elle risquait : "La perspective de l'impact du réchauffement climatique sur nos vies, sur la vie des autres, sur notre capacité à faire société sur cette terre est beaucoup plus angoissante que la perspective d'avoir un casier judiciaire, d'être jugée ou même d'aller en prison."
Décrocher le portrait du président peut sembler être un symbole fort contre la République, Cécile le reconnaît. Mais pour elle, s'en prendre aux décrocheurs, c'est éviter le vrai problème, celui de l'urgence climatique : "Comment est-ce qu'on va pouvoir continuer à vivre en démocratie quand il va y avoir des milliards de personnes qui vont migrer parce que leurs terres seront devenues inhabitables et qu'ils ne pourront plus assouvir leurs besoins de base, qu'ils ne pourront plus se nourrir, se loger, boire ?" Elle poursuit : "En fait ce sont nos dirigeants qui sont en train de mettre à mal, par leur inaction, les conditions d'exercice de la démocratie. Nous on essaie de faire bouger les choses comme on peut."
Neuf décrocheurs déjà jugés à Lyon et Bourg-en-Bresse
Pour Marion, une autre activiste qui sera jugée aux côtés de Cécile, il y a une véritable répression des opposants politiques : "On est quand même à dix-sept procès, cinquante-sept activistes convoqués au tribunal. On a eu plus de 90 personnes placées en garde à vue et 900 heures de garde à vue cumulées en tout. Il y a une répression très forte. Nous on ne fait qu'interpeller le gouvernement."
"On veut dire à nos dirigeants qu'il ne respecte pas ses engagements pris lors de l'accord de Paris", considère Marion. "On est en danger dans les mois et les années à venir et ce qu'ils font n'est pas suffisant. Il est temps de mettre en place des mesures concrètes et de mettre en place un effort de guerre. C'est ça dont on a besoin : un effort sans précédent."
Ni la mairie de Paris, ni les mairies d'arrondissements ne se porteront partie civile dans l'affaire. Jusqu'ici, neuf décrocheurs ont été jugés à Bourg-en-Bresse (Ain) et à Strasbourg (Alsace). Six d'entre eux ont écopé d'amende, les trois autres ont été relaxés.
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