Jour du dépassement : "S’il y a une chose à réduire à titre personnel, c’est bien les voyages en avion", selon WWF France
Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes au WWF France, a répondu aux questions de franceinfo, lundi matin.
Lundi 29 juillet marque symboliquement le jour du dépassement selon les calculs de Global Footprint Network associé au World Wildlife Fund France (WWF). Nous avons consommé depuis le début de l’année tout ce que la planète est en capacité de nous offrir sur un an.
Le site de Global Foodprint Network permet aussi de calculer sa propre journée du dépassement. Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes au WWF France, a répondu aux questions de franceinfo, lundi matin.
franceinfo : Pourquoi est-ce un jour symbolique alors que les ressources naturelles disparaissent véritablement ?
Arnaud Gauffier : C’est un jour symbolique puisqu’on ne va pas vivre sans ressources jusqu’à la fin de l’année. A partir de maintenant, nous vivons à crédit, nous mettons à mal le potentiel de renouvellement de ces ressources naturelles. On coupe plus d’arbres que ce que les forêts peuvent régénérer en une année. On pêche plus de poissons que ce que les mers peuvent régénérer en une année pour satisfaire notre besoin de produits de la mer. On émet plus de gaz à effet de serre que ce que la Terre peut compenser en une année. A partir d’aujourd’hui, tout le gaz à effet de serre qu’on va émettre va rester dans l’atmosphère et participer au réchauffement climatique. Il nous faudrait 1,75 planète, quasiment deux planètes, pour satisfaire notre rythme de consommation de ressources.
Que signifient ces chiffres ? Consomme-t-on beaucoup plus ou sommes-nous simplement beaucoup plus nombreux ?
Les pays à la plus forte démographie sont souvent ceux qui ont la plus faible empreinte écologique. Si tout le monde vivait comme un Français, il nous faudrait trois planètes. Si tout le monde vivait comme un Américain, il nous faudrait cinq planètes. Si tout le monde vivait comme un Indien, il nous faudrait 0,7 planète. L’argument de la démographie n’est pas forcément le bon argument. Ce sont surtout nos modes de vie qui sont problématiques. Et ce qui est encore plus problématique, c’est l’exportation de ces modes de vie à des pays en développement.
En France, on ne progresse malheureusement pas beaucoup. Il y a quelques signes d’espoir, mais qui ne sont pas suffisants pour inverser la tendance. Le principal secteur émetteur c’est le transport, notamment la voiture individuelle. Même si les émissions sur le territoire national ont baissé depuis 20 ans, quand on rajoute les émissions importées via tous les produits qu’on importe, les émissions ont augmenté de 11%. On a délocalisé notre industrie dans d’autres pays et notre empreinte CO2 a augmenté. Si nous ne faisons rien, il y a de grandes chances que [le jour du dépassement] soit fin juin, fin mai et qu’en moins de six mois nous ayons consommé l’ensemble des ressources. Si on arrive à diviser le gaspillage alimentaire par deux à l’échelle de la planète, on gagnerait dix jours. Le gaspillage alimentaire c’est juste un gaspillage de ressources. Personne ne profite du gaspillage alimentaire et pourtant c’est 30% de la production mondiale qui part à la poubelle.
Peut-on faire son calcul personnel de son propre dépassement ?
Il y a un calculateur sur le site du Global Foodprint Network, l’ONG partenaire avec qui nous travaillons pour le jour du dépassement. On met ses voyages, son mode de vie, sa consommation de viande, ses modes de déplacement. L’avion fait très mal en termes d’empreinte carbone. S’il y a une chose à réduire à titre personnel, c’est bien les voyages en avion. Même si l’aviation compte peu dans les émissions globales de gaz à effet de serre, lorsqu’on ramène ce calcul à un niveau personnel on explose tous les compteurs.
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