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Erreurs, refus et recyclage : sur les traces de la poubelle de tri sélectif

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Après leur passage dans le centre de tri du 15e arrondissement de Paris, les déchets sont compactés en cubes et par matière avant de partir dans les filières de recyclage, ici le 18 juin 2015. (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Comment sont collectés nos déchets destinés au recyclage ? Et combien finissent par être valorisés ? Francetv info a remonté leur parcours jusqu'au centre de tri.

A l'occasion de la conférence environnementale de Paris et alors que le collectif Zero Waste France se mobilise, samedi 10 octobre, pour la réduction des déchets, francetv info s'est penché sur le tri sélectif en fouillant dans vos poubelles. Voici le deuxième volet de cette série.

Dans nos cuisines, une deuxième poubelle s'est imposée aux côtés de celle des déchets ménagers. Chaque jour, on y jette les papiers, les cartons, les bouteilles qui peuvent se recycler. Ce tri familier, qui répond à des consignes strictes et termine dans le bac jaune (ou bleu selon les villes), constitue la première étape d'un long parcours de recyclage que francetv info a remonté.

C'est sur le trottoir, en compagnie des éboueurs, que commence le voyage. Jean-Marc Sainte-Rose-Fanchine, 45 ans, est l'un d'eux. Mardi 30 juin à 10 heures, la seconde tournée de tri sélectif débute tout juste dans le 6e arrondissement de Paris, près du théâtre de l'Odéon. Pour l'éboueur, il ne s'agit pas d'embarquer les bacs jaunes sans se poser de question. Les agents de propreté agissent comme les premiers remparts entre la cuisine et le centre de tri. Pendant sa mission, Jean-Marc contrôle donc le contenu de nos poubelles. Interdiction d'y mettre les mains ou de fouiller le bac : la vérification est purement visuelle. Mais "quand on voit qu'il y a trop d'erreurs de tri, on condamne et on ne ramasse pas", explique Jean-Marc.

Pour cela, l'éboueur possède une arme efficace : un rouleau de ruban adhésif qu'il sort pour embobiner les bacs remplis d'"indélicatesses". Pour Jean-Marc, la sanction commence dès les premières poubelles jaunes, d'où dépassent barquettes en bois ou polystyrène. Rien de tout cela n'est valorisable. Le contenu partira lors de la prochaine collecte d'ordures ménagères, sauf si son propriétaire refait le tri.

Jean-Marc condamne une poubelle jaune d'où dépassent du polystyrène, une barquette en bois et des sacs en plastique remplis de nourriture, le 30 juin 2015, dans le 6e arrondissement de Paris. (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Erreurs d'inattention ou volontaires ?

Des erreurs comme celles-ci, Jean-Marc en relève tous les jours. Lors de la première tournée matinale, il a déjà condamné six bacs contenant des déjections canines ou du bois. Pendant la seconde, lui et son binôme vont laisser dix poubelles de côté. "Dans la majorité des cas, on voit que les gens respectent les consignes du mieux qu'ils le peuvent, relativise Jean-Marc. Mais, parfois, c'est du vice." L'éboueur vient de soulever le couvercle d'une poubelle et découvre, sous quelques cartons, du café et du camembert.

On a parfois l'impression que les gens s'en fichent. Nous on est dans le feu de l'action mais on s'interroge : est-ce que les gens se rendent compte de ce qui va se passer après ?

Jean-Marc, éboueur

 

Rue du dragon, une commerçante, dont la poubelle jaune déborde de sacs en plastique, fait mine de s'étonner : "Mais pourquoi vous ne la prenez pas ? Il y a du carton dedans !" Jean-Marc prend quelques secondes pour discuter et expliquer son refus. "Nous sommes les principaux interlocuteurs des riverains. Peut-être qu'ils manquent d'informations, mais, souvent, ils n'ont surtout pas envie d'aller les chercher", regrette l'éboueur. Pourtant, ces erreurs peuvent coûter cher à l'arrivée au centre de tri, où le camion rempli par Jean-Marc termine son voyage.

Huit déchets sur dix recyclés à la sortie

En Ile-de-France, cinq centres récoltent les déchets recyclables des Parisiens, dont celui situé dans le 15e arrondissement de la capitale, où francetv info s'est rendu. Chaque jour, vers 16 heures, le ballet des camions-bennes commence. Deux à trois tonnes de déchets par camion sont déversés sur le sol d'un grand hangar, situé au sous-sol du centre de tri.

Dans le sous-sol du centre de tri du 15e arrondissement de Paris, les déchets s'amoncellent en des tas de près de 6 mètres de haut, le 18 juin 2015. (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Nouveau moment fatidique. Un agent du centre vérifie visuellement le contenu de la benne. Si le taux d'erreurs lui semble trop élevé, il refuse l'intégralité et la renvoie à l'incinération. "Sur une centaine de camions par semaine, cela arrive deux à trois fois maximum", précise Christophe Maria, responsable des relations extérieures au Syctom, l'agence métropolitaine des déchets ménagers.

Il estime à 20% le nombre d'erreurs constatées à l'arrivée. "Il y a dix ans, on avait plutôt 30% d'erreurs. On a quand même réussi à améliorer la qualité de ce que l'on reçoit. Je préfère insister sur les 80% de matière qui repartent dans des filières de recyclage."

Un tri organisé et ultra-rapide

Dès lors, le tri s'opère de manière plus concrète. Les déchets sont envoyés dans d'immenses machines qui les séparent par taille, par poids et par forme. Un aimant capte l'ensemble des déchets en acier, comme les boîtes de conserve. Puis, des tapis roulants inclinés et un système de tri optique séparent les déchets légers des plus lourds. A la sortie, papiers et bouteilles sont ainsi organisés en catégories bien distinctes.

Place au tri manuel. Des agents, postés dans une salle close, se concentrent sur les matières qui défilent sur des tapis. Leur mission : effectuer "un tri plus fin sur les grandes familles de déchets". C'est là que l'"on sépare les bouteilles colorées des bidons de lessive ou des briques de lait", explique Christophe Maria. A une vitesse ahurissante, les mains s'occupent d'ôter les dernières erreurs.

Des agents vérifient que le tri est bien fait, selon les matières, dans le centre du 15e arrondissement de Paris, le 18 juin 2015. (JULIE RASPLUS / FRANCETV INFO)

Aller chercher les déchets que personne ne trie

Désormais triés, les déchets sont compactés, par matière, en cubes d'un mètre sur un mètre. Les filières de recyclage s'occupent, toutes les semaines ou chaque mois selon qu'il s'agit de carton ou d'acier, de venir les récolter pour attaquer le processus de valorisation au cours duquel chaque matière redeviendra ce qu'elle était. Dans le centre du 15e arrondissement, le papier et le carton sont les plus courants à l'arrivée et, inévitablement, les plus recyclés à la sortie.

Pour Christophe Maria, il y a donc des efforts à faire sur le reste. Dans ce qui part au recyclage, seulement 5% sont des flaconnages en plastique. Les emballages en acier ou en aluminium représentent, eux, 1%. "C'est parce que les habitants ne les trient pas, regrette-t-il. Du coup, ils finissent directement à l'incinération ou en enfouissement, car ils sont jetés avec les déchets ménagers. On doit encore aller chercher les déchets que l'on ne voit pas."

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