Climat : le nombre de morts en Europe pourrait bondir à cause du réchauffement
Environ deux Européens sur trois pourraient être exposés tous les ans à des phénomènes climatiques extrêmes d'ici à 2100, contre 5% durant la période 1981-2010.
En pleine période de canicule, le constat n'a rien de rassurant. Les vagues de chaleur, inondations, tempêtes et autres phénomènes extrêmes pourraient faire 152 000 morts par an en Europe d'ici à la fin du siècle, contre environ 3 000 par an actuellement, essentiellement à cause du réchauffement climatique, informe une étude publiée samedi 5 août.
Environ deux Européens sur trois pourraient être exposés tous les ans à de telles catastrophes d'ici à 2100, contre 5% durant la période 1981-2010, écrivent les chercheurs du Centre commun de recherche de la Commission européenne dans la revue The Lancet Planetary Health (en anglais). Ils pourraient mourir, être blessés, malades, perdre leur logement ou subir des effets indirects comme un stress après l'événement.
Plus de 2 000 catastrophes climatiques analysées
"Si le réchauffement climatique n'est pas contenu d'urgence et si des mesures d'adaptation appropriées ne sont pas prises, environ 350 millions d'Européens pourraient être exposés tous les ans à des phénomènes climatiques extrêmes dangereux d'ici à la fin du siècle", disent-ils.
Les scientifiques ont étudié les effet des sept catastrophes météorologiques les plus meurtrières : vagues de chaleur, vagues de froid, incendies, sécheresses, inondations fluviales et maritimes et tempêtes dans les 28 pays de l'Union européenne, plus la Suisse, la Norvège et l'Islande.
Ils ont par ailleurs analysé 2 300 catastrophes survenues entre 1981 et 2010 pour évaluer la vulnérabilité des populations à chacun de ces phénomènes. Ils ont associé ces données à des projections concernant l'évolution du changement climatique, la croissance et les migrations des populations.
Le nombre de morts liés à la chaleur pourrait être multiplié par 56
Les vagues de chaleur seront le phénomène le plus meurtrier, provoquant 99% des décès liés aux événements extrêmes, estiment les chercheurs. Le nombre de morts qu'elles entraînent pourrait "augmenter de manière exponentielle", grimpant de 2 700 à 151 500 par an (+5 400%).
Les morts dues aux inondations sur les côtes augmenteraient elles aussi de manière importante (+3 780%), atteignant 233 morts tous les ans à la fin du siècle contre six seulement en trente ans. Les hausses sont moindres pour les incendies (+138%), les inondations fluviales (+54%) et les tempêtes (+20%).
Du fait du réchauffement, le nombre de morts à cause des vagues de froid va baisser fortement, sans pour autant compenser ces hausses, soulignent les chercheurs. L'augmentation du nombre de morts est due pour 90% au réchauffement climatique et 10% seulement à l'augmentation de la population, à l'urbanisation et aux migrations dans des zones exposées aux risques, estiment-ils.
L'étude n'envisage pas non plus d'amélioration des politiques menées pour réduire l'impact de ces phénomènes. De ce fait, les résultats "pourraient être surestimés", soulignent des chercheurs dans un commentaire sur l'étude.
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