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Reportage "On est à cinq centimètres en-dessous du niveau de navigation" : les hydromètres constatent les effets de la sécheresse sur les cours d'eau

Face à la sécheresse qui s'éternise en France, plusieurs départements en alerte maximale imposent des restrictions d'eau. Une décision liée aux mesures des cours d'eau réalisées par des hydromètres. Reportage en Bretagne.

Article rédigé par franceinfo - Benjamin Recouvreur - édité par Phéline Leloir-Duault
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Frédéric Gellé et Pierre Antoine Rousseau, deux hydromètres, mesurent le débit de la rivière Hyères (Finistère) avec un "doppler".  (BENJAMIN RECOUVREUR / RADIO FRANCE)

Depuis un pont, sur une partie canalisée de l'Hyères, dans le Finistère, Pierre-Antoine Rousseau, hydromètre, fait traverser une petite planche en mousse d’une berge à l’autre, à l’aide d’une corde. "Le but du jeu est de calculer le débit de la rivière, explique-t-il. Cet équipement nous envoie des informations sur le PC tenu par mon collègue qui reçoit en direct les données." Après six traversées, Frédéric Gellé, le deuxième hydromètre du binôme, reçoit les informations du doppler – l'appareil utilisé par les hydromètres – sur son ordinateur.

"Là, j'ai 100 litres à la seconde. Un débit moyen à cet endroit, c'est trois ou quatre mètres cube à la seconde, donc là c'est trente fois moins."

Frédéric Gellé, hydromètre

à franceinfo

Car en plus de la vitesse, il faut mesurer la hauteur de l'eau : Frédéric la mesure avec une échelle. "On est à cinq centimètres en-dessous du niveau de navigation", montre-t-il. Ces deux données permettent de mesurer précisément le débit de la rivière. 

Frédéric Gellé analyse les données du débit de la rivière sur son ordinateur.  (BENJAMIN RECOUVREUR / RADIO FRANCE)

En Bretagne, les départements du Finistère et des Côtes d’Armor ont élevé leur alerte sécheresse au niveau maximum en début de semaine, et ont imposé de nouvelles restrictions d’usage de l’eau. Cette décision est prise sur la base des opération d'étiage, c'est-à-dire de la mesure la plus basse des cours d'eau, réalisées par des hydromètres de la DREAL (la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). En ce moment, trois binômes d'hydromètres sillonnent les cours d'eau de la région chaque jour, à cause des vagues de chaleur successives.

80% de l'eau de surface utilisée pour l'eau potable

En Bretagne, il existe 170 stations sur les cours d'eau, "elles mesurent la hauteur de l'eau toutes les six minutes", indique Frédéric Gellé. Ces données leur permettent de déterminer le cours d'eau qu'ils vont jauger. Puisqu'il y a parfois des erreurs, les hydromètres sont là pour affiner et mettre à jour les données sur les cours d'eau les plus bas. Les hydromètres sont aussi chargés de nettoyer et déblayer les obstacles qui obstruent l'écoulement de la rivière, comme les barrages ou les branchages.

Pierre-Antoine Rousseau nettoie un déversoir en enlevant des branchages qui obstruent l'écoulement de la rivière. (BENJAMIN RECOUVREUR / RADIO FRANCE)

En juillet, les hydromètres de la région ont déjà réalisé 132 mesures contre 39 en juillet 2021, car la situation évolue très vite : "On annonçait un peu plus d'eau que ce qu'on a mesuré, donc on va revoir à la baisse". Frédéric Gellé est déjà venu la semaine dernière ici, d’habitude, c’est une fois par mois. "Le tas de cailloux, qui est en face de nous, désigne-t-il, normalement il est pratiquement à fleur d'eau à cette époque-là. Il n'est pas aussi découvert qu'en ce moment." Et pourtant, ce faible niveau d'eau s'est déjà produit : "La rivière, c'est quelque chose d'un peu vivant, donc on arrive sur les années comme en 1976 où il y a eu des débits très très faibles", ajoute-t-il. Leurs mesures sont suivies de très près, car les préfectures s'appuient sur ces données pour prendre des arrêtés de restriction d'eau.

"On observe ce genre de niveaux plutôt vers fin août ou début septembre, mais il y a déjà neuf stations complètement à sec en Bretagne."

Frédéric Gellé, hydromètre

à franceinfo

"En Bretagne, on utilise 80% de l'eau de surface pour faire de l'eau potable. L'eau de surface, c'est-à-dire des rivières, constitue un vrai enjeu en Bretagne", conclut-il. Cette situation de sécheresse devrait durer, car en juillet, la Bretagne a connu un déficit de pluie de 94%. 

Surveillance des cours d'eau en Bretagne : reportage de Benjamin Recouvreur

Les données récoltées sur le terrain sont analysées et mises à disposition sur différents sites comme vigicrues.gouv.fr ou hydrologie-bretagne.fr.

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