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Canicule : une journée à Paris à la recherche de la fraîcheur

Avec des températures qui ont avoisiné les 40°C, Paris a connu la journée la plus chaude de l'épisode caniculaire, mercredi 21 juin. Suivez notre reporter dans son tour de la capitale, à la recherche de la fraîcheur. 

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7min
José et ses collègues montent un échafaudage de cinq étages dans une cour d'immeubles alors que le thermomètre affiche 38°C. (RADIO FRANCE / MATHILDE LEMAIRE)

Plus de 37°C à l'ombre à certains endroits : Paris n'a pas échappé à la vague de chaleur mercredi 21 juin. Depuis dimanche, le mercure s'affole sur une grande partie de l'Hexagone et la journée de mercredi était la plus chaude de la semaine. Notre reporter Mathilde Lemaire a parcouru la capitale pour franceinfo à la rencontre des parisiens pour comprendre comment ils vivent cette situation. Retrouvez son parcours en texte et en images. 

Près de 50°C à côté du four de la boulangerie

Au coeur de Paris, la dizaine de salariés d'une boulangerie sont au coeur de la fournaise. D'un côté, les viennoiseries cuisent, de l'autre, le lave-vaisselle s'active. A côté du four, Benjamin place les baguettes à l'ancienne sur la plaque avant d'enfourner dans la machine qui cuit à 250°C. "Ça fait un amas de chaleur et du coup c'est l'horreur !", déplore le jeune homme. "Je transpire à fond mais on ne s'arrête pas !" Comme ses collègues, il travaille depuis le milieu de la nuit pour préparer les pâtisseries et les viennoiseries.

La femme du patron, Véronique, leur a commandé plusieurs packs d'eau et tente de produire un courant d'air entre l'atelier et la rue. Elle propose également aux salariés d'aller se doucher à l'étage quand ils ont un peu de temps. "La journée est très longue, c'est insupportable", souffle-t-elle. "Et la nuit on ne se repose pas parce qu'on a trop chaud !" Impossible pour les salariés de travailler en horaires aménagés, impossible également d'installer une climatisation dans l'atelier. "J'aimerais bien en avoir une mais le problème c'est qu'avec la farine qui vole, la climatisation se bouche. De plus, ça croûte les pâtes et le pain ne lève pas bien", explique Benoît, le patron. 

Le jogging même pendant la canicule

C'est un îlot de fraîcheur dans Paris : le parc André-Citroën et ses 64 jets d'eau, dans le 15e arrondissement. Les parisiens y viennent pour respirer pendant cette période de canicule. Les travailleurs du service des Espaces verts de la Ville, eux, profitent d'un aménagement d'horaires depuis mardi : leur journée est continue mais ils ne travaillent que pendant six heures. "Par ces temps-là c'est très confortable pour nous parce qu'on peut partir de bonne heure et ne pas être au soleil toute la journée."


Le parc André-Citroën et ses 64 jets d'eau sont très prisés des parisiens pour se rafraîchir pendant l'épisode de canicule.  (Mathilde Lemaire - franceinfo)

D'autres profitent de la fraîcheur pour courir : c'est le cas de François, rouge écarlate et dégoulinant de sueur. Il prépare le marathon du Mont Blanc et ne veut pas manquer une seule sortie. "C'est une habitude, je ne vois pas de raison de remettre en question cet entraînement", explique le jeune homme. Pour ne pas abandonner son jogging, il s'adapte aux conditions caniculaires : "Je cours le matin au lieu du midi, j'adapte mon allure en abaissant ma vitesse de 1 à 2 km/h et je m'hydrate beaucoup."  

Canicule église

Dans le 14e arrondissement, sur un chantier dans la cour intérieure d'un immeuble, des ouvriers s'affairent pour monter un échafaudage de cinq étages. "Entre 11h et 16h, c'est assez lourd et très chaud. Quand on est en façade avec le soleil qui tape, ça devient plus compliqué", témoigne José, un ouvrier de 48 ans dont la chemise est déjà trempée. Il prend la situation avec le sourire : "De toute façon, on n'a pas le choix ! Et puis ça va peut-être changer. Espérons qu'il y ait un orage, ça m'arrangerait !" A ses côtés, son collègue Eddy, la trentaine, fait le ramadan. "C'est dur, le métal est chaud. Je suis monté là-haut tout à l'heure, j'ai touché la barre, c'est bouillant !" En attendant la douche du soir, ces ouvriers se rafraîchissent à la pause avec le tuyau d'arrosage. 

La fraîcheur dans la maison de Dieu

Dans la nef de l'église de la Madeleine, il fait 24°c à la mi-journée. Autrement dit, le lieu sert de refuge aux touristes et aux parisien le temps d'une pause. "Il fait vraiment frais parce que le bâtiment est en pierre", explique Tancrède, 20 ans, guide d'un groupe d'Américaines. "On arrive vraiment à souffler parce que dehors on a presque du mal à respirer." Dans la cave, l'association Ozanam accueille les sans-abris qui sont parfois désorientés et victimes d'un coup de chaud. "La chaleur les déshydrate et surtout quand ils ne se sont pas mis à l'ombre, ça devient très difficile", explique Dozy, une des bénévoles. Tous les frigos de l'association sont remplis de grandes bouteilles d'eau et le menu du déjeuner solidaire est adapté : sandwich et salade de tomates.  

Dans l'église de la Madeleine, la température est de 23°C : c'est un havre de paix pour les touristes et les parisiens.  (Mathilde Lemaire - franceinfo)

De l'eau sur les routes pour les rafraîchir

C'est un drôle de balai, rue du Louvre, devant la poste : des camionnettes habituellement utilisées pour le nettoyage des rues déposent de l'eau sur le bitume pour lutter contre les îlots de chaleur. Ce phénomène est observé dans les villes : il y fait plus chaud qu'à la campagne car il y a moins d'arbre et le rayonnement du soleil sur les bâtiments entraîne de l'accumulation de chaleur dans les surfaces comme le bitume ou la pierre. "On fait deux passages au même endroit pour déposer environ 1 mm d'eau", détaille Laurent Royon qui dirige cette expérimentation pour lutter contre les îlots de chaleur. Le dispositif existe depuis très longtemps en Inde, au Japon, en Europe du Sud et il était même utilisé à Paris au 19e siècle.  

Cette méthode d'arrosage du bitume est non seulement efficace mais aussi écologique, selon Martin Hendel, chercheur au laboratoire des énergies de demain de l'université Diderot. "On ne gâche pas l'eau, c'est de l'eau non potable. Ce qu'on utilise, ça représente seulement l'équivalent d'une demi-douche par parisien et par jour." De plus, d'après lui, cette méthode réduit aussi la formation d'ozone et donc la pollution. 

38°C en gare Saint-Lazare

Les hauts-parleurs de la gare Saint-Lazare diffusent des messages de vigilance dans quatre langues. Et pour cause : il fait 38°C au pied de l'escalator. "Sur les quais, dans les métros, c'est étouffant !", témoigne Sarah. Myriam complète : "On suffoque tous ensemble parce qu'on s'entasse dans les rames donc on n'a plus du tout d'air. En plus certains ne sentent pas très bon...", déplore la jeune femme. La RATP tente d'améliorer un peu le voyage des Franciliens avec des distributions de bouteille d'eau. Les plus malins auront adapté leur trajet avec cette petite astuce à connaître : les lignes 1, 2, 5, 9 et 14 du métro sont toutes climatisées. 

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