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Angines, rhinites et moisissures : la climatisation, cette fausse bonne copine lors de la canicule

Avec ces tempĂ©ratures caniculaires, le moindre lieu climatisĂ© apparaĂ®t comme un havre de paix. Pourtant, l'air conditionnĂ© ne nous fait pas que du bien.

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France Télévisions
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La climatisation en période de chaleur est aussi synonyme de rhume ou d'angine. (GETTY IMAGES)

C'est mĂ©canique : plus le thermomètre s'affole Ă  l'extĂ©rieur, plus on aspire Ă  de la fraĂ®cheur. Avec la canicule qui va Ă  nouveau frapper la France , les tempĂ©ratures, mĂŞme Ă  l'intĂ©rieur, peuvent très vite augmenter.

Pour garder les idĂ©es claires et le corps au frais, le premier rĂ©flexe, surtout dans les bureaux, est de monter le niveau de la climatisation. Mais est-ce vraiment une si bonne idĂ©e ?

"Angines, rhinites, sinusites Ă  foison"

Nez qui coule, gorge qui gratte… Pourtant, dehors, le soleil est au zĂ©nith et les tempĂ©ratures Ă©touffantes. Vous pestez : "Encore la faute de cette clim !" Et vous n'avez pas tort. "Quand la climatisation est trop froide, alors qu'il fait entre 30 et 35°C Ă  l'extĂ©rieur, vous imposez Ă  votre organisme des changements de tempĂ©rature bien trop violents. Le corps ne comprend plus ce qui lui arrive, et nos organes veulent se dĂ©fendre, explique Ă  AllĂ´ Docteurs Jean-Louis San Marco, professeur de mĂ©decine Ă  l'universitĂ© de Marseille, spĂ©cialiste en santĂ© publique

"Il faut savoir que lorsqu'il fait chaud, les vaisseaux sanguins [de notre nez, de notre gorge] se dilatent pour aider le corps Ă  Ă©liminer le surplus de chaleur. Au contraire, quand il fait froid, ils se contractent pour la garder. Quand on passe trop souvent du chaud au froid, nos muqueuses s'irritent, s'enflamment et retiennent alors la moindre poussière ou le moindre virus qui passe. RĂ©sultat : angines, rhinites, sinusites Ă  foison", dĂ©taille Jean-Louis San Marco. 

"Les maladies respiratoires sont très frĂ©quentes l'Ă©tĂ©, rappelle Ă  franceinfo Jean-Michel Klein, prĂ©sident du Syndicat national des ORL. Les microbes adorent la chaleur pour se dĂ©velopper, et comme l'organisme est en difficultĂ© Ă  cause de la chaleur, les maladies se dĂ©veloppent très vite." MĂ©fiance aussi en voiture avec les climatisations poussĂ©es "au-delĂ  du raisonnable". "Le choc thermique, ça existe", prĂ©vient-il.

Propice au développement de moisissures

Mais ce n'est pas le seul reproche fait Ă  l'air conditionnĂ©. Gare aux climatisations mal entretenues. Fin 2003-dĂ©but 2004, dans le Pas-de-Calais, une Ă©pidĂ©mie de lĂ©gionellose sans prĂ©cĂ©dent a fait 83 victimes, dont 18 morts. En cause : une concentration supĂ©rieure aux normes de bactĂ©ries lĂ©gionelles dans le système de refroidissement d'une usine pĂ©trochimique. Sans en arriver jusque-lĂ , les appareils de climatisation sont "une source importante d’apport en moisissures", rappelle un rapport interministĂ©riel sur les effets du changement climatique sur la santĂ©, publiĂ© en 2008.

"Les filtres mal entretenus sont Ă  l’origine d’une introduction, dans l’air intĂ©rieur, de spores provenant de l’air extĂ©rieur ; les systèmes de refroidissement et de condensation, dans lesquels il subsiste une forte humiditĂ©, sont des milieux propices au dĂ©veloppement des moisissures", dĂ©taille le rapport. Si vous avez une climatisation au travail, mieux vaut vous assurer que votre employeur est sĂ©rieux sur l'entretien du matĂ©riel. Si vous avez une climatisation chez vous, vous ĂŞtes prĂ©venu : pas de nĂ©gligence. "Il faut de toute façon renouveler l'air, alerte Jean-Michel Klein. A l'extĂ©rieur, il y a souvent moins de pollution qu'Ă  l'intĂ©rieur, mĂŞme si on habite Ă  Paris, alors attention aux airs confinĂ©s."

A utiliser avec modération

Parfois, il faut aussi se rĂ©soudre Ă  Ă©teindre sa climatisation. D'ailleurs, l'installation d'un tel Ă©quipement Ă  domicile "n’est pas la première solution Ă  adopter pour Ă©viter les effets sanitaires de vagues de chaleur", selon les conclusions d'un rapport de l'Agence française de sĂ©curitĂ© sanitaire environnementale (Afsse), publiĂ© en 2005 après la canicule meurtrière de 2003.  En pĂ©riode de fortes chaleurs, les bons rĂ©flexes, c'est de fermer fenĂŞtres et volets la journĂ©e et d'aĂ©rer en soirĂ©e dès qu'un petit air plus frais se fait sentir, quitte Ă  Ă©tendre du linge mouillĂ© aux fenĂŞtres. L'Afsse prĂ©conise aussi "l’utilisation des pièces ou de lieux naturellement rafraĂ®chis".

Attention, la climatisation n'est pas non plus Ă  bannir. Les personnes fragiles doivent pouvoir passer quelques heures dans la journĂ©e dans des endroits frais. PrivilĂ©giez alors une sĂ©ance au cinĂ©ma, une visite au musĂ©e ou une virĂ©e au supermarchĂ©. "L'idĂ©al est que la diffĂ©rence entre la tempĂ©rature extĂ©rieure et intĂ©rieure ne dĂ©passe pas huit degrĂ©s, affirme Jean-Michel Klein. Il ne faut pas utiliser la climatisation comme un rĂ©frigĂ©rateur ou rechercher les tempĂ©ratures d'hiver."

Génératrice de pollution

Notez en effet que la climatisation n'est pas sans consĂ©quence sur l'environnement. Elle augmente de manière considĂ©rable la consommation d'Ă©lectricitĂ©. Elle serait Ă©galement responsable d'une hausse de 3 Ă  4% des Ă©missions de polluants par degrĂ© supplĂ©mentaire par rapport aux normales saisonnières, selon une Ă©tude amĂ©ricaine, publiĂ©e dans Environmental Science & Technology (en anglais) en mai 2017, et repĂ©rĂ©e par Sciences et Avenir

Mais avec des Ă©tĂ©s annoncĂ©s de plus en plus chauds, la climatisation n'est pas près d'ĂŞtre jetĂ©e aux oubliettes. DĂ©jĂ , des scientifiques planchent sur des alternatives. Des ingĂ©nieurs des Alpes-Maritimes ont dĂ©veloppĂ©, en 2011, un système rĂ©versible de climatisation-chauffage solaire, relate Reporterre. Pour les particuliers, "pas de prĂ©cipitation sur les climatiseurs, recommande Jean-Michel Klein. Il y a d'autres solutions, comme les humidificateurs ou les ventilateurs."

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