Espagne : une entreprise offre des cryptomonnaies en échange d'un scanner de l'iris des yeux

En Espagne, l'entreprise Worldcoin propose aux volontaires des cryptomonnaies en échange d'un scanner de leur iris. Une monétisation des données biométriques qui inquiète les experts.
Article rédigé par franceinfo - Henry Delaguérie
Radio France
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Temps de lecture : 1 min
Le stand de Worldcoin dans un centre commercial de Barcelone (Espagne), février 2024 (HENRY DE LAGUERIE / RADIO FRANCE)

Scanner l’iris de ses yeux en échange de cryptomonnaies. Voilà ce que propose Worldcoin, le dernier projet de Sam Altman, l’homme qui est aussi à l’origine de ChatGPT. À Barcelone, où se trouve le siège de la société en Europe, c'est un immense succès. Grâce à un efficace bouche-à-oreille ou des messages relayés sur TikTok, des milliers de personnes  des jeunes ou des gens dans le besoin  cèdent leurs données biométriques en échange de cryptomonnaies, donc d’argent. 

Dans un centre commercial d’un quartier populaire de Barcelone, des dizaines de jeunes font la queue devant une sphère métallique de la taille d’un ballon de foot. C’est un orbe, un dispositif de vérification biométrique.

Luca a téléchargé l’application et vient de passer son œil devant la machine : "Ils te scannent l'iris. C'est tout ! En échange, ils m’ont donné des Worldcoins, c’est leur cryptomonnaie. J’ai gagné l’équivalent de 76 euros. Je suis tranquille avec ça : n’importe quelle application sur le téléphone te demande d’accepter ses conditions. Là c’est pareil !"

L’agence espagnole de protection des données saisie

Le projet Worldcoin est encore assez flou : c’est à la fois une cryptomonnaie, un passeport numérique et un portefeuille mondial. Mais pour le moment, personne ne sait exactement ce que deviennent les données récoltées. À Barcelone, les volontaires ne s’en soucient pas vraiment. Ils sont uniquement motivés par l’argent.

Le dispositif qui scanne l'iris de l'oeil. Barcelone (Espagne), février 2024 (HENRY DE LAGUERIE / RADIO FRANCE)

Alexandre Barradez est spécialiste des cryptomonnaies : "Cela soulève évidemment des questions. Quel est le cadre réglementaire ? Mais je ne crains pas le scénario complètement science-fiction où, du jour au lendemain, nous serions tous scannés avec nos iris et puis nos données seraient accessibles à tout le monde n'importe où, n'importe comment."

Trois millions et demi de personnes dans le monde ont cédé leurs données à Worldcoin, dont 300 000 en Espagne. En France, l’aventure n’a duré que quelques semaines. Dans le viseur de la CNIL, l’entreprise s’est retirée en décembre dernier.

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