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Vidéo Facebook, Google, Twitter, Airbnb, Uber... nous avons demandé nos données personnelles à ces applications et ça donne le vertige !

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Durée de la vidéo : 3 min
L'Oeil du 20h : 10/04/2018
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Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
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Elles m’accompagnent partout. Sur mon téléphone : Facebook, Google, Twitter, ces applications qui me simplifient la vie sont aussi celles qui me connaissent le mieux. Je leur ai demandé les données qu’elles ont recueillies sur moi et ce qu'elles en font. Le résultat est vertigineux.

J'ai demandé aux applications que j'utilise le plus souvent de me fournir les données qu'elles collectent sur moi et surtout, comment elles les traitent. Sept applications (Facebook, Google, Twitter, Uber, Spotify, Linkedin) m’ont envoyé les informations qu’elles possèdent sur moi avec plus ou moins de détails. La plateforme Airbnb m'a renvoyé vers son siège irlandais. Seul refus : l'application Couchsurfing, qui permet de dormir grauitement chez l’habitant. 

“Nous ne sommes pas en mesure de répondre à ce type de demande d’accès à vos données pour le moment. Couchsurfing conserve une copie de toutes les données de nos clients sur des serveurs sécurisés", m'a-t-on répondu.  

C’est pourtant une obligation légale d'après l'article 39 de la loi informatique et libertés : "Toute personne physique justifiant de son identité a le droit d'interroger le responsable d'un traitement de données à caractère personnel en vue d'obtenir (...) la confirmation que des données à caractère personnel la concernant font ou ne font pas l'objet de ce traitement". 

Au total, j'ai obtenu 8GB de données, l’équivalent de 500 000 pages d’informations sur ma vie. L'application Google Maps a enregistré tous mes déplacements effectués ces huit dernières années. Des milliers d’adresses, les bars que j’ai fréquentés, les domiciles de mes amis, tout y est.

Google sait par exemple que j’ai séjourné à New York dans l'auberge de jeunesse "Hostelling International" le 30 avril 2010. Il se souvient aussi d'un trajet à vélo effectué la semaine dernière à Paris ou des sites web que j’ai consultés depuis chez moi. 

Mon carnet d'adresses sur Facebook

Le réseau social Facebook connaît tous mes amis. Il dispose de mon carnet d’adresses avec tous les numéros de téléphone, même pour ceux qui n’ont jamais eu de compte Facebook, et qui n’ont donc jamais donné leur consentement. Nous avons demandé au réseau social de supprimer par exemple le numéro de téléphone d'un de mes contacts qui n'a jamais eu de compte Facebook, sans succès.

Une société va chercher à me classifier, si je suis un romantique ou plus aventureux dans ma vie affective

Paul-Olivier Dehaye

Toutes mes informations, ces applications les traitent ou les vendent à des entreprises chargées de les analyser. Des analyses que le mathématicien Paul-Olivier Dehaye, auditionné par le Parlement britannique aux côtés du lanceur d'alerte à la source du scandale Cambridge Analytica, a réussit à obtenir pour lui-même : "Ils essaient de déterminer progressivement mes intérêts, que je suis intéressé par les ordinateurs ou le jardinage. Une autre société va chercher à me classifier dans d'autres dimensions, si je suis un romantique ou plus aventureux dans ma vie affective. Ces entreprises vont par exemple voir si j’ai des prêts et quelles sont mes capacités financières." 

Pour ma part, Twitter a listé 88 sujets susceptibles de m'intéresser parmi lesquels on peut retrouver les "jeux-vidéos", les "voyages", le "rock", le "surf" mais aussi d'autres catégories plus surprenantes comme celles "d'investisseur débutant". Le ciblage publicitaire dont je fais l'objet est logiquement en accord avec ces intérêts : Playstation, Turkish Airlines, BNB Paribas, Caisse d'Epargne font partie des annonceurs qui m'envoient des publicités très régulièrement. 

Mes données qui circulent sur Internet sont-elles en sécurité ? Facebook est dans la tourmente depuis le scandale Cambridge Analytica, une entreprise accusée d'avoir récupéré à leur insu les données de 87 millions d'utilisateurs.

Nous avons questionné Reza Moaiandin, un ingénieur spécialisé dans la sécurité informatique. En 2015, il avait déjà alerté Facebook sur ce qu’il considérait à l’époque être une faille : "J’avais pu extraire une grande quantité d’informations, des centaines de conversations incluant des numéros de téléphone en utilisant une interface que Facebook met à disposition pour des développeurs informatiques, et c’était très facile à effectuer", nous explique-t-il. "Ils ont nié qu’il y avait un problème alors qu’ils savaient pertinemment qu’il y en avait un. Je suis même sûr qu’il y aura d’autres problèmes de ce type dans le futur."

Il y a deux ans, Facebook ne considérait pas cette brèche comme une faille de son système. Ce soir, son PDG Mark Zuckerberg s’adresse aux Parlementaires américains avec à la clef plusieurs annonces visant à renforcer la sécurité du réseau social.

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