"On te promet de violer ta copine, on te souhaite d'avoir le cancer" : quand les sportifs subissent le cyberharcèlement
Les sportifs n’échappent pas au fléau du cyber harcèlement. Des messages de haine, d'insultes ou de menaces sont quotidiennement postés sur les réseaux sociaux à leur encontre.
Injures, insultes à caractère raciste ou homophobe, provocations malsaines, moqueries plus ou moins subtiles, menaces physiques, photomontages dégradants. Voilà de quoi sont victimes les sportifs et en particulier les joueurs de football, cibles privilégiées des "haters", ces personnes malveillantes, souvent anonymes, qui déversent leurs messages haineux sur les réseaux sociaux.
"Quand on fait un mauvais match, si on regarde les réseaux sociaux, on est KO parce qu'on se fait tailler de tous les côtés", explique le milieu de terrain de Nice Morgan Schneiderlin. "Il faut prendre du recul", assure celui qui compte 15 sélections en équipe de France.
La Ligue de football professionnel a décidé de se saisir de ce dossier épineux. Elle dénonce un "climat de haine" entourant les matchs de Ligue 1 et Ligue 2. Le président de la LFP Vincent Labrune a d'ailleurs multiplié les réunions avec les responsables des réseaux sociaux dont Twitter, Instagram et Facebook pour tenter de mieux lutter contre la violence verbale diffusée sur internet.
Tentatives de déstabilisation
Les mots utilisés par les "haters" sont souvent d’une extrême violence. D’autres, plus vicieux, tentent de déstabiliser le sportif pour qu’il perde ses moyens en compétition. Le quintuple champion olympique du biathlon Martin Fourcade en a été victime. "Quelques fois ça m'a peut-être un peu desservi, notamment sur les Jeux olympiques qui est un évènement très exposé, usant, explique le biathlète retraité. Les trois fois, je termine malade donc je pense que ce n'était pas innocent.
"Je me suis servi de ces réseaux sociaux et de cette colère pour nourrir une forme de revanche."
Martin Fourcadeà franceinfo
Le cyber harcèlement est souvent lié aux paris sportifs. Dans ce cadre, le tennis fait partie des sports préférés des parieurs, juste derrière le football. Les plus virulents, souvent parce qu’ils ont perdu de l’argent, s’attaquent directement aux joueurs. "Les insultes, c'est après chaque défaite", relate Hugo Nys, 66e joueur mondial en double. 50 défaites par an, c'est 150 messages d'insultes, où on te promet de violer ta copine, on te souhaite d'avoir le cancer. C'est tous les jours à tous les joueurs tout le temps".
Opéré de la hanche en 2019, l'ex numéro 1 mondial Andy Murray est, lui, harcelé par des "haters" qui lui demandent de prendre sa retraite. Aujourd’hui classé 116e à l'ATP, le Britannique en a eu assez alors il a pris une décision radicale. "Je n'ai plus Twitter sur mon téléphone et j'ai supprimé Instagram la semaine dernière, explique Andy Murray. C'est dur de les supprimer de son téléphone mais je me suis dit ça suffit, pourquoi je devrais arrêter ?"
Se retirer purement et simplement des réseaux sociaux est, en revanche, souvent inenvisageables pour de nombreux sportifs en raison des contrats de sponsoring qui impliquent que les marques soient affichées le plus possible sur ces canaux.
Mieux filtrer les message haineux
Face à ce flot continu de haine et de menaces, l’une des solutions identifiées est d’établir des mots clés qui permettraient aux réseaux sociaux de faire barrage. "Il faut le co-construire avec les fédérations, se projette Justine Altan, directrice de l’association française de lutte contre le cyberharcèlement. Eux connaissent encore mieux quel type de discrimination va toucher un sportif, avec quel mot clé vous pourrez affiner la modération et faire en sorte qu'il y ait une sorte de filtre. Parce qu'on va considérer que ce type de contenu, quand il est adressé à un sportif, est discriminant, haineux et donc illégal".
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