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Journée mondiale sans Facebook : "les réseaux sociaux deviennent des sortes de Prozac interactifs"

Le psychanalyste Michael Stora a indiqué mercredi sur franceinfo à l'occasion de la journée mondiale sans Facebook qu'avec ce réseau social "les gens sont en quête éternellement d'une reconnaissance, parfois narcissique".

Article rédigé par franceinfo
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Facebook compte 33 millions d'utilisateurs en France (illustration). (MAXPPP)

La journée mondiale sans Facebook a lieu mercredi 28 février alors que le réseau social compte aujourd'hui 33 millions d'utilisateurs en France. Michael Stora psychologue et psychanalyste, fondateur de l'Observatoire des sciences numériques en sciences humaines et auteur de Hyper-connexion (Larousse), a mis en garde mercredi sur franceinfo contre l'utilisation de Facebook.

franceinfo : Une journée sans Facebook, est-ce une bonne idée ?

Michael Stora : C'est surtout l'occasion de se réinterroger sur cette pratique. On voit bien à quel point certains ont un comportement quasi-compulsionnel avec les réseaux sociaux et finalement tout cela est parfois profondément vain. Normalement on est censés avoir une mainmise sur l'objet pour se rendre compte, pourquoi pas à travers les notifications, qu'on s'est tendu son propre piège et on en devient finalement assez esclave.

Comment avoir une utilisation saine de Facebook ?

Moi je suis contre la "digital detox" [le fait d'arrêter les réseaux sociaux] à fond, je pense que c'est important d'avoir une sorte de mesure dans tout ce que l'on peut faire. Mais on va voir à quel point cela va venir révéler chez certains une fragilité. Je crois qu'à un moment ou à un autre on peut voir à quel point ces réseaux sociaux deviennent des sortes de Prozac interactifs pour beaucoup de nos contemporains.

Qu'a changé Facebook dans notre société selon vous ?

Au-delà de notre société, internet a été longtemps une sorte de bal masqué, au fond quelque chose qui faisait qu'on pouvait porter des masques à travers les avatars. Et Facebook, à l'image de la télé-réalité est venu nous montrer tel que nous étions, en tout cas très idéalisés. On est dans quelque chose, avec ce côté un peu "amazing" qu'on va retrouver chez les Américains, qui fait que c'est totalement dépressogène de voir tant de gens aller bien. Et finalement quand Mark Zuckerberg a parlé de ce désir de transparence à tout prix, de tout dire, de tout montrer, on voit aussi le résultat et à quel point c'est parfois profondément banal. Et je crois que c'est terriblement infantilisant et je pense qu'il y a quelque chose à réimaginer.

Pourquoi n'arrive-t-on pas à utiliser Facebook de façon mesurée ?

Certains le font, mais des études ont montré que lorsque l'on y va, qu'on poste énormément et que l'on est en attente de "like" - et le "like" en soi est une sorte monstre un peu étrange - cela provoque des décharges de dopaminergique, c'est le circuit de la récompense. Ces décharges ne sont pas suffisantes pour aller vraiment bien, c'est plutôt de l'endorphine qu'il faut pour aller encore mieux. Mais on voit à quel point, comme une machine à sous, les gens sont en quête éternellement d'une reconnaissance, parfois narcissique.

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