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Faut-il vraiment détester l'application Facebook Messenger ?

Après l'avoir fait en Europe, le célèbre réseau social a commencé à imposer à ses utilisateurs du monde entier d'installer une deuxième application pour smartphone s'ils souhaitent continuer à envoyer des messages à leurs amis.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
L'application Facebook Messenger sera dans les prochains mois la seule application officielle permettant d'envoyer des messages à ses amis sur le réseau social. (FRANCETV INFO)

Entre Facebook et ses membres, c'est un peu "je t'aime, moi non plus". Après l'avoir fait en Europe, le réseau social a commencé, jeudi 7 août, à imposer à tous les utilisateurs de son application pour smartphone l'installation d'un nouveau programme, Messenger, pour pouvoir continuer à envoyer des messages. Faute de quoi ils devront se contenter de consulter leur fil d'actualité et le profil de leurs amis.

Lorsque vous essayez de consulter vos messages avec l'application Facebook habituelle, ce message mignon mais un brin agaçant apparaît. (VINCENT MATALON / FACEBOOK)

Conséquence de cette marche forcée : Messenger, qui a été propulsée en tête du classement des applications les plus téléchargées sur iPhone comme sur la plateforme Android, fait aussi partie des programmes les plus mal notés par les utilisateurs. Sur l'App Store d'Apple, la dernière version de l'application ne recueille qu'une malheureuse étoile et demie sur cinq possibles. Et sur Google Play, les commentaires acerbes pleuvent... A raison ?

Extrait des commentaires peu flatteurs laissés par des utilisateurs de Facebook Messenger. (VINCENT MATALON / GOOGLE PLAY)

"Messenger, c'est trop envahissant"

Ce que disent les critiques C'est l'un des reproches les plus récurrents. A chaque message reçu, votre smartphone émet un son caractéristique qui peut vite s'avérer agaçant si votre interlocuteur envoie des messages en rafale.

Pire, si vous utilisez Android, Messenger fait apparaître un portrait miniature de votre correspondant sur votre écran qui vous permet de lui répondre immédiatement, et ce, que vous ayez ouvert l'application ou non.

Ce que répond Facebook Pour Facebook, ces notifications un brin agressives permettent une meilleure interaction entre les usagers. Un responsable du réseau social a indiqué au site américain Techcrunch que les quelque 200 millions de membres ayant basculé sur Messenger (soit environ un utilisateur de Facebook sur cinq, selon les derniers chiffres) répondaient aux messages 20% plus rapidement que les autres.

Si votre smartphone fonctionne avec Android et que faire partie de ces acharnés de la réponse ne vous emballe pas, rassurez-vous : il reste possible de troquer les notifications en "bulle" contre des alertes classiques, bien moins angoissantes. L'option se trouve dans le menu "paramètres", situé en haut à droite de l'application Android.

Désactiver les notifications en "bulle" vous permettra de retrouver un peu de sérénité. (VINCENT MATALON / FACEBOOK)

"Pourquoi devrais-je installer deux applications pour faire ce qu'une seule faisait très bien ?"

Ce que disent les critiques Si la pilule Messenger a du mal à passer, c'est principalement parce que les usagers de Facebook ne voient pas l'intérêt de séparer subitement la fonction messagerie de l'application traditionnelle. Du coup, dans les commentaires laissés sur les plateformes de téléchargement pour iPhone et smartphones Android, un conseil revient régulièrement : supprimer carrément les deux applications, et utiliser à la place le site web mobile de Facebook, qui permet toujours d'envoyer des messages et de consulter son fil d'actualité.

D'autant que les deux applications peuvent rapidement occuper beaucoup d'espace sur la mémoire de votre appareil. "Comme si les 63 Mo occupés par l'application normale ne suffisaient pas, vous devez maintenant ajouter 35 Mo sur votre disque dur. Absurde !" s'emporte le blog TechnoZach (en anglais), qui appelle au boycott de l'application.

Ce que répond Facebook Pour le réseau social, ce dédoublement se justifie par une volonté de concentrer ses efforts sur le volet messagerie. "En développant un seul service de chat sur mobile, nous pouvons améliorer à la fois l'application classique et Messenger", explique en substance le responsable de Facebook cité par Techcrunch.

Afin d'appâter les récalcitrants, Messenger a ainsi adopté une interface qui permet d'utiliser rapidement des fonctions qui vont bien au-delà du simple "Bonjour" : conversations de groupe rassemblées dans un onglet, envoi de courtes vidéos ou de selfies en un clic, et même appels en "voix sur IP", à la manière de Skype.

"Avec cette dernière version, l'application est désormais stable et mature", écrit Techcrunch, qui n'oublie pas de préciser que le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a récemment confié réfléchir à des moyens de monétiser Messenger à moyen terme. Le site américain laisse ainsi entendre que Facebook pourrait y ajouter une fonction de transfert d'argent entre utilisateurs, et prélever une petite partie des sommes échangées.

"Messenger, c'est Big Brother qui m'espionne sans mon consentement"

Ce que disent les critiques C'est le volet le plus inquiétant des critiques récurrentes contre l'application. Messenger serait une espèce de cheval de Troie pour smartphone, capable d'enregistrer des conversations entières et des images sans en avertir l'utilisateur. Sur Twitter, nombreux sont ceux qui relaient ces rumeurs.

Ces angoisses prennent leur source dans une tribune publiée en décembre sur la version américaine du Huffington Post. Un spécialiste en marketing y liste les permissions que doivent accorder les utilisateurs d'Android à l'application Messenger : "autoriser l'application à appeler des contacts sans votre permission", "autoriser l'application à utiliser l'appareil photo sans votre autorisation"... "Facebook est allé trop loin. Il est désormais temps de protester et de dire 'non !'" écrit l'éditorialiste.

Ce que répond Facebook Conscient de l'effet désastreux que pouvait avoir cette tribune, Facebook a rapidement publié des explications sur la version anglaise du site. "Android contrôle la formulation des permissions demandées aux applications. Cette formulation ne reflète pas forcément la manière dont Messenger, comme d'autres applications, utilise ces permissions", explique le réseau social.

Facebook ajoute que ces autorisations n'ont pour but que de faire fonctionner Messenger normalement, en accédant au micro uniquement lorsque l'utilisateur veut enregistrer un message vocal ou passer un coup de fil, par exemple. Et de noter que depuis cette polémique, Google a changé la formulation des permissions demandées à l'application. De quoi, peut-être, convaincre les sceptiques de franchir le pas.

Extrait de la nouvelle formulation des permissions demandées par Messenger sur Android. (VINCENT MATALON / GOOGLE PLAY)

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