Cet article date de plus de dix ans.

Mais pourquoi le son des appels est-il toujours aussi nul sur nos smartphones dernier cri ?

La technologie pour améliorer la qualité sonore des appels est disponible depuis des années, mais les conditions pour en profiter sont presque impossibles à réunir.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La majorité des téléphones intelligents actuellement vendus par les constructeurs sont compatibles avec ce que les opérateurs téléphoniques appellent la "voix HD". (GLOBALSTOCK / E+ / GETTY)

Le paradoxe est de taille. Alors que les smartphones qui ont envahi nos poches sont toujours plus performants, la qualité du son que nous entendons chaque jour lors de nos appels téléphoniques n'a, elle, pas vraiment changé depuis l'époque du bon vieux Nokia 3310.

L'immense majorité des téléphones intelligents actuellement vendus par les constructeurs est pourtant compatible avec ce que les opérateurs téléphoniques appellent la "voix HD", une technologie mise en place depuis 2010 et qui permet au réseau téléphonique de transmettre un son plus fidèle à la voix humaine. Orange, Bouygues Télécom, SFR... la plupart des acteurs de ce secteur sont présents sur ce créneau, et promettent une expérience téléphonique révolutionnée. Comment expliquer alors que les appels émis par votre iPhone 6 dernier cri soient de si mauvaise qualité ?

La technologie est pourtant déjà opérationnelle

Commençons par un peu de théorie. "La voix couvre un spectre de fréquences très large [qui va 50 à 12 000 hertz], mais le réseau téléphonique classique est limité à 3 400 hertz", explique à francetv info Corinne Mailhes, chercheuse au laboratoire "signal et communication" à l'Institut de recherche en informatique de Toulouse. Cette gamme de fréquences, à laquelle nos oreilles sont habituées depuis le téléphone à cadran rotatif, est suffisante pour comprendre ce que raconte l'interlocuteur à l'autre bout du fil, mais peine à restituer toutes les nuances des sons que nous émettons, ce qui peut s'avérer particulièrement ennuyeux lorsque nous chuchotons ou que nous nous trouvons dans un environnement bruyant.

En étendant la gamme de fréquences jusqu'à 7 000 hertz, la "voix HD" vantée par les opérateurs a largement amélioré les choses de ce point de vue. "Avec cette technologie appelée 'wide band' [bande élargie], nous transmettons plus de graves et plus d'aigus", détaille à francetv info Guillaume Porzucek, responsable de la "voix HD" chez Orange. "Les clients qui en profitent en sont très satisfaits, et notent une vraie différence de qualité sonore au sein d'un même appel, lorsque le réseau bascule du 'wide band' au 'narrow band' [bande étroite] classique".

Des conditions difficiles à réunir pour en profiter

Le problème, c'est que bien que la technologie soit opérationnelle, les conditions pour en bénéficier ne sont quasiment jamais réunies. Vous pourrez en effet profiter d'un son téléphonique de bonne qualité si et seulement si vous et votre interlocuteur disposez d'un téléphone compatible, que vous vous trouvez dans une zone couverte par la 3G, que votre smartphone n'est pas connecté au wifi, et que votre interlocuteur et vous-même êtes tous les deux abonnés au même opérateur, ou à l'une de ses déclinaisons low cost (Orange et Sosh, Bouygues et B&You, par exemple).

Après avoir réuni toutes les conditions énoncées ci-dessus, nous avons pu effectivement constater une amélioration sensible de la qualité des appels. Mais si l'un de ces critères n'est pas rempli, ou que vous êtes suffisamment hardi pour passer un coup de fil à un ami abonné à un opérateur différent du vôtre, votre appel basculera sur le protocole classique, et la qualité sonore restera relativement faible. 

De tous ces critères, le plus handicapant pour l'utilisateur est sans aucun doute l'absence de compatibilité entre les différents opérateurs français. Une limitation technique, explique le responsable de la "voix HD" chez Orange à francetv info. "Lorsque deux abonnés à des opérateurs différents s'appellent, le dispositif qui compresse et décompresse le signal vocal sur la 'wide band' est perdu lors de l'interconnexion", développe Guillaume Porzucek, qui précise toutefois que cet obstacle pourrait être levé "dans les années à venir".

La VoLTE déjà prête à prendre la place de la "voix HD"

En attendant, les opérateurs planchent déjà sur la technologie qui remplacera la "voix HD". "Le prochain codage s'appelle VoLTE, et transportera la voix sur le réseau mobile 4G, qui ne concerne pour le moment que les données", explique à francetv info Jean-Paul Arzel, directeur du réseau chez Bouygues Télécom.

"Non seulement le codage vocal sera encore amélioré, mais le temps de connexion nécessaire avant que le téléphone de votre interlocuteur sonne sera réduit. Les communications pourront être multimédia, avec possibilité d'échanger des fichiers ou des vidéos, et l'interopérabilité devrait être mise en place assez rapidement", continue le responsable, qui évoque une exploitation commerciale prévue pour "le second semestre 2015". D'ici là, il risque d'y avoir encore de la friture sur la ligne.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.