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Infographies Droit à l'oubli : un an après, le formulaire de Google est-il efficace ?

Le moteur de recherche a reçu près de 250 000 demandes pour faire désindexer certaines pages internet. Mais, selon un cabinet de conseil en e-réputation, près de 70% des demandes ont été rejetées.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Selon un cabinet spécialisé dans la e-reputation, environ 70% des demandes soumises à Google pour déréférencer certaines pages internet sont rejetées par le moteur de recherche. (MICHAEL GOTTSCHALK / PHOTOTHEK / GETTY IMAGES)

Il s'apprête à souffler sa première bougie. Le formulaire de "droit à l'oubli" de Google, qui permet aux internautes européens de demander au moteur de recherche de désindexer certaines pages potentiellement nuisibles à leur image, a été largement utilisé depuis sa mise en place, le 29 mai 2014, révèle une agence spécialisée dans la e-réputation, mercredi 13 mai.

Mais ce formulaire de Google permet-il vraiment de faire disparaître les liens gênants que vous voudriez oublier ? Réponse en quatre graphiques.

Une atteinte à la vie privée dans 6 demandes sur 10

Selon l'étude du cabinet Réputation VIP, Google a reçu au total 249 509 demandes de suppression d'URL de son moteur de recherche, entre le 29 mai 2014 et le 5 mai 2015. Plus de la moitié d'entre elles proviendraient du Royaume-Uni (26,5%) et d'Allemagne (24,3%). La France, elle, n'arriverait qu'en quatrième position, après les Pays-Bas, avec 9,2% des demandes.

Toujours d'après Réputation VIP, 58,7% des demandes de déréférencement envoyées à Google concernent une atteinte à la vie privée. Les autres motifs principaux sont l'atteinte à la réputation (11,2%) et l'atteinte à l'image (4%). Les demandes concernant des personnes décédées ne représentent en revanche que 0,7% du nombre total d'URL visées.

Les réseaux sociaux particulièrement visés

Les sites de presse sont peu touchés par les demandes de déréférencement : ils ne représentent que 3,3% des requêtes, selon les statistiques de Réputation VIP. Wikipédia est encore moins concerné, avec 0,2% des demandes.

En revanche, les réseaux sociaux arrivent en tête des types d'URL que l'on veut supprimer de Google, et représentent une requête sur cinq. "[Cela] s'explique souvent par une mauvaise connaissance des réglages de confidentialité, des publications qu'on regrette ou encore de la diffamation entre personnes privées", souligne le cabinet.

Un temps de traitement de plus en plus court

Durant les trois premiers mois, Google a reçu en moyenne 1 500 demandes de déréférencement chaque jour. Ce chiffre a ensuite diminué, pour atteindre une moyenne de 500 requêtes par jour en mars 2015, note Réputation VIP. Cette diminution explique sans doute l'amélioration du délai de traitement des requêtes, qui est passé de 56 jours en moyenne en juin 2014 à 16 jours en mars 2015.

Des demandes rejetées dans 70% des cas

Dans un arrêt rendu en mai 2014, la Cour européenne de justice a considéré que des particuliers pouvaient obtenir, sous certaines conditions, la suppression de liens vers des pages internet comportant des données personnelles "inappropriées, hors de propos, ou qui n'apparaissent plus pertinentes". Mais seul Google est apte à dire si ces URL peuvent faire l'objet d'un déréférencement, ou si elles relèvent du droit à l'information, par exemple lorsqu'elles concernent des fautes professionnelles, des condamnations pénales ou des hommes politiques.

En juin 2014, le géant du net a rejeté 43% des requêtes qui lui ont été envoyées. Un an plus tard, ce taux s'est stabilisé à 70% : le moteur de recherche refuse aujourd'hui trois demandes de déréférencement sur quatre ! Dans 26% des cas, Google explique que la page internet ne peut être supprimée du moteur de recherche car elle concerne la vie professionnelle de la personne. Dans 22% des refus, la firme estime que l'internaute est "à l'origine du contenu" incriminé, et dans 14% des cas que "le contenu est toujours d'actualité et d'intérêt public". Google explique en outre, pour 13% des requêtes rejetées, qu'il s'agit "du profil sur un réseau social" de la personne qui a envoyé la demande.

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