Cet article date de plus de quatorze ans.

De plus en plus de femmes expertes du Web s'organisent en collectifs pour se créer un réseau et se rendre visibles

On les appelle les Tech Women. Ce ne sont ni des super héros, ni de drôles de dames. Tout simplement des professionnelles du web ou des nouvelles technologies qui ont décidé de faire front commun pour pallier le manque de visibilité des femmes en entreprise et dans la société en général.
Article rédigé par Angel Herrero Lucas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Sabine Coulon accompagnée d'autres Tech Women à La Cantine - 29/06/10 (Girlz in Web CCL)

On les appelle les Tech Women. Ce ne sont ni des super héros, ni de drôles de dames. Tout simplement des professionnelles du web ou des nouvelles technologies qui ont décidé de faire front commun pour pallier le manque de visibilité des femmes en entreprise et dans la société en général.

Sabine Coulon est une de ces Tech Women. Elle fait partie des quatre co-fondatrice de Girlz in Web avec Célina Barahona, Lucile Reynard et Sophie Januel. Un collectif fondé en novembre 2009, qui a décidé de créer un réseau d'expertes du web et du Hi-tech pour que les femmes ne soient plus sous-représentées dans ces professions.

AHL : Quelle est la raison d'être de Girlz in Web ?
Sabine Coulon :
"L'objectif est triple : visibilité, promotion et progression. Nous sommes parties du constat qu'il y a un vrai manque de visibilité des femmes en entreprises, et dans la société en général. Or le manque de réseau est un vrai obstacle pour les femmes dans la société. Quand une opportunité se présente, on pense aux gens qu'on connaît et on ne connaît que les gens qu'on voit. C'est ça le réseau. Un manque de réseau est donc un frein dans une carrière. Girlz in Web est un réseau par et pour les femmes. Il est ouvert à tous les talents féminins du web quelque soit leur âge ou leur notoriété. Nous voulons seulement faire de l'"empowerment" (prise en charge de l'individu par lui-même, de sa destinée professionnelle, sociale, familiale, ndlr) des femmes. Leur donner l'idée de développer leur réseau car elles n'y pensent pas forcément, et les clés pour le faire."

AHL : Existe-t-il d'autres collectifs comme Girlz in Web ?
Sabine Coulon : "Oui tout à fait. Il y a par exemple tous ceux qui se sont présentés le 29 juin 2010 à La Night des Tech Women :

Cyber Elles, Womoz et The Next Women."

AHL : Pensez-vous qu'il y ait un modèle professionnel féminin ?
Sabine Coulon
: "Je crois que les gens pensent que c'est le cas, mais pas moi. Chacun a ses traits. Il n'y a pas d'attributs particuliers. Culturellement oui. On n'élève pas de la même façon une fille ou un garçon. Je crois par contre qu'il y a une différence dans la façon de se mettre en avant. Quand c'est un homme, c'est bien vu. On dit que c'est un homme qui s'affirme. Par contre quand c'est une femme on pense qu'elle n'est pas crédible. Ce manque de légitimité est récurrent. En conférence il n'est pas rare de voir 30 speakers et seulement une femme. Mais c'est à nous de prendre cette place, on ne peut pas attendre qu'on vienne nous chercher. Cette semaine nous allons ouvrir un portail collaboratif sur l'actualité Hi-Tech avec des expertes. Nous voulons en faire un vivier de profils d'expertes pour les recruteurs ainsi qu'un lieu de relais d'action des autres réseaux. En résumé, un lieu de travail en intelligence collective."

AHL : Vous décririez-vous comme féministe ?
Sabine Coulon
: "Oui. Mais ce n'est pas un gros mot (rires). Je n'associe pas cela au féminisme cliché : une femme qui crie en agitant les bras. C'est une démarche stérile."

AHL : Qu'aimeriez-vous voir changer dans la société ?
Sabine Coulon
: "Que les femmes se fassent un réseau car sans la reconnaissance de ses pairs on avance dix fois moins vite. C'est la clé. Je connais des femmes extrêmement compétentes autour de moi et pourquoi on ne les voit pas ? Beaucoup de femmes me disent 'J'arrive pas à bouger, si je veux évoluer va falloir que je me bouge'. Il y a un vrai problème du développement des carrières des femmes. Il faut voir ce qu'on peut faire et le faire car les politiques de ressources humaines en faveur des femmes sont rares."

AHL : Pensez-vous qu'une femme puisse devenir présidente de la République en 2012 ?
Sabine Coulon :
"Je l'espère... Une femme oui, mais pas n'importe qu'elle femme et pas une femme à tout prix. Le jour où il y aura plus de choix cela donnera peut-être plus envie. A part Europe-Ecologie il n'y a pas beaucoup de parité. Le problème est que dès qu'une femme est un peu "bossy" (patronne, maîtresse, autoritaire, ndlr) ça gêne, même inconsciemment. Et puis quand on est naturellement privilégié (les hommes, ndlr) on ne cède pas ses privilèges du jour au lendemain."

Chiffres de l'inégalité hommes / femmes
Salaires : Les femmes gagnent en moyenne 27% de moins que les hommes (Insee, 2006)
Chômage : 9,4% des femmes sont au chômage contre 8,8% des hommes (Insee, 2009)
Pauvreté : Il y a 7,4% de femmes pauvres contre 6,9% d'hommes
Retraites : La retraite moyenne d'une femme est de 825 euros par mois contre 1.426 pour un homme (Insee, 2007)
Voir aussi : Le compte facebook de Girlz in web Le compte Twitter de Girlz in Web Le compte facebook de Girls in Tech

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.