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Une lettre acerbe de la garde des Sceaux au ministre de l'Intérieur a été rendue publique par Le Parisien/Aujourd'hui

Michèle Alliot-Marie critique Brice Hortefeux en raison du nombre insuffisant d'interpellations faites par la police lors d'incidents lors de matchs de foot.Ce n'est pas la première fois que la ministre de la Justice s'oppose à son successeur à l'Intérieur. Toutefois, elle juge "stupide" de vouloir "créer une polémique" entre elle et son collègue.
Article rédigé par France2.fr
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Michèle Alliot-Marie (archives France 2)

Michèle Alliot-Marie critique Brice Hortefeux en raison du nombre insuffisant d'interpellations faites par la police lors d'incidents lors de matchs de foot.

Ce n'est pas la première fois que la ministre de la Justice s'oppose à son successeur à l'Intérieur. Toutefois, elle juge "stupide" de vouloir "créer une polémique" entre elle et son collègue.

Réagissant à la mi-journée à la publication de sa lettre à Brice Hortefeux, elle a jugé "stupide et même intellectuellement peu honnête de vouloir créer une polémique à partir d'une correspondance purement technique qui a simplement pour but d'essayer de voir comment on peut renforcer l'efficacité commune de nos deux ministères, dans le but de mieux assurer la sécurité des Français, et notamment de mieux lutter contre la violence autour du sport", a déclaré Michèle Alliot-Marie à la presse.

Un peu plus tôt, la Chancellerie avait déjà formulé une première mise au point. Le porte-parole Guillaume Didier avait déclaré que "ce document (était) une lettre de ministre à ministre et n'avait pas vocation à être publié", car "cela fait partie des échanges normaux de ministre à ministre et toute interprétation politique est inutile, ridicule et abusive", précisant que les deux ministres s'étaient "téléphonés jeudi matin".

La lettre d'Alliot-Marie à Hortefeux
Daté du 29 janvier, le document incriminé, adressé à "Monsieur le Ministre", est "adouci" par deux ajouts manuscrits, "Cher Brice" au début, et "amitiés" à la fin. Dans ce courrier dont Le Parisien/Aujourd'hui s'est fait l'écho, la ministre écrit à son successeur à la place Beauvau: "Je déplore que les procureurs de la République soient saisis d'un nombre insuffisant de procédures faisant suite à ces interpellations à l'issue des matchs."

Tout en remarquant "la difficulté d'intervention des forces de l'ordre dans ou aux abords des enceintes sportives", la garde des Sceaux ajoute qu'il n'en "demeure pas moins que l'absence ou la quasi absence d'interpellations à l'issue des graves incidents ayant accompagné de récentes rencontres à Grenoble et à Lille ne me parait pas de nature à mettre un terme au comportement des supportés les plus violents". Et Michèle Alliot-Marie de conclure: "J'ai demandé aux parquets de s'assurer que des enquêtes approfondies soient réalisées à partir des enregistrements vidéo établis lors de ces matchs aux fins d'identifier a posteriori les fauteurs des troubles et d'engager ensuite des poursuites à leur encontre."

En octobre, Michèle Alliot-Marie avait réclamé dans une circulaire aux procureurs une "réponse pénale particulièrement ferme et rapide" aux violences dans les stades.

Il y a quelques jours, déjà, la garde des Sceaux avait déjà opposé un recadrage acerbe à son "cher" collègue Brice Hortefeux. Quand le ministre de l'Intérieur avait affiché sa volonté d'aggraver les sanctions pénales en cas d'agression de personnes âgées, elle avait répondu : "Les propositions en matière pénale sont faites soit par le ministre de la Justice, soit par les parlementaires."

Hortefeux se défend d'être laxiste
Le ministre de l'Intérieur a répondu jeudi à la garde des Sceaux qui critique le nombre "insuffisant" d'arrestations de supporters violents. "J'ai pris des mesures importantes notamment en créant une direction nationale de lutte contre le hooliganisme et, depuis que je suis ministre de l'Intérieur, le nombre d'interpellations a augmenté de 6,5%", a plaidé Brice Hortefeux.

La Division nationale de lutte contre le hooliganisme, dont la création avait été annoncée par le ministre de l'Intérieur le 30 septembre 2009, a été mise en place les jours suivants. "Je ne participe à aucune polémique, je suis partisan ardent de la solidarité gouvernementale", a ajouté le ministre devant la presse. Il s'est dit "totalement mobilisé pour la mission que m'a confié le président de la République qui est d'assurer la sécurité de nos concitoyens partout (...) notamment dans les stades et aux abords des stades."

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