Une confusion persistante sévit dans les esprits entre les dénominations "gens du voyage" et "Roms"
Si des origines très lointaines rapprochent la grande famille des tsiganes, roms, manouches, gitans et autres bohémiens, leur situation n'est pas la même.
Tous sont à l'origine un peuple nomade dont les ancêtres ont quitté le nord-ouest de l'Inde au début du 11e siècle et se sont dispersés à travers l'Europe et le reste du monde.
"Gens du voyage" est un terme administratif générique adopté au début des années 70, qui désigne une population résidant habituellement en "abri mobile terrestre". Selon les régions d'Europe d'où ils sont arrivés, pour certains au 15e siècle, ces "tsiganes" sont manouches, gitans, roms, romanichels, bohémiens. On trouve également sous cette appellation, forains, marchands ambulants, saisonniers, etc. Leur nombre est estimé officiellement à environ 400.000. A 95 %, ils sont de nationalité française.
Ils n'ont pas de "domicile fixe" mais sont rattachés à une commune et doivent disposer de titres de circulation ("livret" ou "carnet").
La loi Besson (du ministre socialiste Louis Besson) de 1990, améliorée en 2000, a imposé aux communes de plus de 5000 habitants de mettre à leur disposition des terrains aménagés pour installer leurs roulottes, tentes et caravanes. Mais, comme ceux qui ont bloqué dimanche le pont d'Aquitaine en signe de protestation, ils reprochent à certaines communes de ne pas jouer le jeu. Fin 2008, seules 42 % des aires prévues avaient effectivement été créées.
D'autre part, les "Roms" menacés d'expulsion sont, pour la plupart, de nationalité roumaine ou bulgare. Ce sont des migrants récents. La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l'Union européenne le 1er janvier 2007. En vertu d'un régime transitoire prévu pour les nouveaux entrants dans l'UE, applicable pour une période maximale de sept ans, leurs ressortissants peuvent entrer en France sans formalité particulière et y rester durant trois mois sans
avoir à justifier d'une activité.
Mais au-delà des trois mois, ils doivent avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes ainsi que d'une couverture maladie, conformément aux dispositions du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile.
Ils peuvent néanmoins être expulsés avant trois mois en cas de "trouble à l'ordre public" ou "charge déraisonnable" sur la sécurité sociale.
Le type d'emplois qu'ils peuvent occuper a été limité par la France à une liste de 150 métiers connaissant des difficultés de recrutement. Pour exercer une activité professionnelle, ils doivent détenir un titre de séjour et une autorisation de travail.
S'ils n'ont pas les titres requis, ils risquent d'être expulsés, via une "obligation de quitter le territoire français" ("OQTF"), qui leur donne un mois pour quitter le territoire à compter de sa notification, ou d'un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière.
Ils ont aussi la possibilité de bénéficier de "l'aide au retour humanitaire", d'un montant de 300 euros + 100 euros par enfant. Pour éviter que les bénéficiaires ne reviennent et la perçoivent de nouveau, il est prévu un fichier biométrique à partir de septembre. Leur nombre en France est estimé à 15.000 personnes.
La France n'étant pas seule confrontée au problème des Roms, une solution est réclamée à l'échelle européenne, afin notamment de favoriser l'intégration en Roumanie et en Bulgarie de cette minorité victime de discrimination et vivant souvent dans la pauvreté.
"Il ne faut pas tout mélanger", estime Alain Juppé
Pour le maire de Bordeaux, "il ne faut pas tout mélanger" en évoquant les Roms et les gens du voyage. "Le problème auquel nous sommes aujourd'hui confrontés, c'est celui de gens du voyage qui sont d'ailleurs français, qui exercent un métier, qui se déplacent conformément à leurs habitudes de vie et contre lesquelles nous n'avons à Bordeaux aucun ostracisme".
"Et puis, il y a la question des Roms qui eux sont des squatteurs en situation parfaitement irrégulière, là je crois que la loi doit s'appliquer", a remarqué l'ancien premier ministre de Jacques Chirac.
"En général, ces expulsions sont réclamées par tous les maires (...) par les populations voisines, le fait de squatter un immeuble n'est pas quelque chose qui est acceptable au regard de la loi", a-t-il poursuivi. "Ce qu'il faut ensuite, c'est là qu'est la difficulté, c'est proposer des solutions de relogement à ces personnes. Nous nous y employons, ce n'est pas facile parce qu'elles ont des conditions d'habitat qui ne sont pas des conditions traditionnelles", a encore expliqué le maire de Bordeaux.
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