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Une centaine d'ouvrières occupent depuis jeudi soir le siège social du fabricant de lingerie féminine Lejaby

Elles protestent contre un plan social prévoyant la fermeture de trois sites de production et 197 licenciements."On est désespérées, on est fatiguées, on se demande ce qu'on va faire de nos enfants", dit Nicole Mendez, délégué CFDT de l'entreprise, pour justifier l'occupation des locaux Lejaby à Rillieux-la-Pape (Rhône).
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Mouvement social chez Lejaby (ici en juillet 2010) (AFP/PHILIPPE DESMAZES)

Elles protestent contre un plan social prévoyant la fermeture de trois sites de production et 197 licenciements.

"On est désespérées, on est fatiguées, on se demande ce qu'on va faire de nos enfants", dit Nicole Mendez, délégué CFDT de l'entreprise, pour justifier l'occupation des locaux Lejaby à Rillieux-la-Pape (Rhône).

"Si on nous jette comme des Kleenex, au moins qu'on nous donne les moyens de subsister", ajoute-t-elle.

Les ouvrières sont installées dans des campements de fortune faits de matelas gonflables et de sacs de couchage posés dans les vestiaires, les escaliers ou les couloirs. Certaines ont passé la nuit dans leur voiture sur le parking du site.

"On restera là pendant le week-end, et encore la semaine prochaine", prévient Brigitte Figueroa, 50 ans, déléguée CGT du site de Bellegarde, dans l'Ain. Autour d'elle, ses collègues portent des pancartes où l'on peut lire "Nous ne voulons pas être sacrifiées" et "Pas un emploi ne doit disparaître".

Avec le site de Bourg-en-Bresse (Ain) et celui du Teil (Ardèche), l'usine de Bellegarde doit être fermée avant la fin de l'année dans le cadre d'une délocalisation de la production vers la Tunisie, le Maroc, la Chine et la Pologne.

"Lejaby présente des résultats positifs mais pour augmenter les bénéfices, elle prévoit de faire passer la production réalisée en France de 30% aujourd'hui à 7%", dit Nicole Mendez.

Avec peu d'espoir de sauver leur emploi, les salariées tentent de négocier au mieux leurs indemnités. "Nous demandons 70.000 euros par personne, et en face la direction nous propose 10.000 euros avec 420 euros par année de travail", déplore Esmahan Haxair, 45 ans, ouvrière à Bellegarde. "Pour moi, qui ai 28 ans de maison, ça me ferait 32.000 euros, le compte n'y est pas !"

Ces ouvrières du textile, qui travaillent pour la plupart depuis vingt ou trente ans dans l'entreprise, n'envisagent toutefois pas de séquestrer leur direction, comme cela s'est fait dans diverses branches de l'industrie française ces derniers mois. "On ne séquestrera pas notre DRH bien qu'il n'attende que ça, il a le fantasme d'être séquestré par toutes ces femmes !", lance Nicole Mendez. "Nous ne tomberons pas dans le piège, notre combat pour Lejaby a toujours été mené avec intelligence."

Les ouvrières de Lejaby, dont la situation juridique est complexe à la suite de la cession de la marque, disent ne pas comprendre les choix stratégiques de leur direction, qui contredisent selon elles ceux du gouvernement. "Lors des états généraux de l'Industrie, il a été conclu que l'habillement, la mode et le luxe devaient être les priorités de la France, car les savoir-faire sont là et nous, on les expédie à l'extérieur", constate Nicole Mendez.

Lejaby produit plusieurs grandes marques de lingerie féminine en dehors de la sienne, comme Rasurel, Nina Ricci et Elixir. Elle a déjà licencié 225 salariés en 2003 pour délocaliser.

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