Un rapport sur la jeunesse propose de plafonner à 70 ans l'âge d'un candidat à une élection
Limiter à 70 ans l'âge d'un candidat à une élection : cette proposition, une parmi bien d'autres d'un rapport ministériel, a focalisé lundi l'attention de politiques qui ont commencé illico à croiser le fer sur ce thème.
Plafonner à 70 ans l'âge d'un candidat à une élection : cette proposition n'est qu'une parmi d'autres d'un rapport rendu lundi 22 juin, mais c'est celle qui a focalisé l'attention des politiques, prompts à croiser le fer sur ce thème. Intitulé "Reconnaître, valoriser, encourager l'engagement des jeunes", le rapport remis (consultable en ligne) au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports avait été commandé en décembre au laboratoire d'idées France Stratégie, dirigé par l'économiste Jean Pisani-Ferry.
En missionnant ces experts, Patrick Kanner relevait que le président, François Hollande, avait fait de la jeunesse sa priorité. "Une nation qui n'a pas confiance en sa jeunesse est une nation qui n'a pas confiance en son avenir", tranche le ministre dans son avant-propos à ce rapport de 77 pages. Le texte "explore avec finesse un grand nombre de pistes", "plusieurs ont retenu mon attention, je vais en étudier l'opportunité et la faisabilité", note-t-il.
"Non-renouvellement de la classe politique"
Le rapport détaille en 25 chapitres aux titres abstraits des propositions précises (débat sur l'abaissement à 16 ans du droit de vote, note de bénévolat aux examens scolaires, cérémonie lors du premier vote...). C'est la première mesure du volet 21 ("Promouvoir le rajeunissement des institutions démocratiques") qui a attiré l'œil des élus : il est suggéré de limiter à 70 ans maximum la possibilité de briguer un mandat électoral, parlementaire ou local.
Les experts énumèrent les propositions de loi ou rapports ayant déjà tenté de lever ce lièvre. Evitant avec soin le mot tabou de "vieux", ils font illico une exception : quand le septuagénaire est candidat pour la première fois. "Les citoyens votent pour les candidats, mais ne les choisissent pas", argumentent les rapporteurs, donc "le système des investitures de partis participe au non-renouvellement de la classe politique".
Les réactions ne se sont pas fait attendre. "Agisme : attitude de discrimination ou de ségrégation à l'encontre des personnes âgées", a tonné Jérôme Guedj, frondeur PS de 43 ans.
Limiter l'âge pour être élu = une idée dangereuse. Une vraie discrimination, de l'âgisme. Et après ? Un âge limite pour conduire, voter ...
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) 22 Juin 2015
Le député (Les Républicains) Bernard Debré a pointé sur Europe 1 "un déni de démocratie". "Ce sont aux électeurs de choisir !" "Ça voudrait dire que Charles de Gaulle n'aurait pas pu se présenter, que Churchill aurait été mis sur la touche", a argumenté l'élu de 70 ans.
"Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con"
Le député PS François Loncle, 73 ans, a protesté : "Je prétends être plus en forme que beaucoup de mes collègues de la cinquantaine, et je travaille plus que beaucoup d'entre eux !" Son collègue apparenté PS René Dosière, 73 ans, a relevé : "Ce n'est pas un métier qu'on commence à 20 ans pour le terminer à 65 ans." "C'est à l'électeur de trancher cela", a jugé Dominique Reynié, candidat (Les Républicains) quinquagénaire en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Hostile à un plafond, le député Gérard Bapt, 69 ans, a cité Georges Brassens : "Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con."
Au contraire, le député Jean Glavany (PS, 66 ans) a considéré qu'"il [fallait] encourager la transmission en politique". "J'espère m'appliquer ces principes à moi-même", a glissé l'ex-ministre sur RMC. Le sénateur Luc Carvounas, 44 ans, proche de Manuel Valls, a tweeté : "70 ans max ? C'est encore trop." Le député Yannick Moreau, presque quadra, a réclamé sur RTL "du sang neuf", affirmant que "227 sénateurs ont plus de 60 ans".
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