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Un projet d'usine de méthanisation aux portes de Paris sème la discorde

Lancé en 2006 à Romainville, il se situe au croisement de plusieurs communes. Les riverains tentent de le faire capoter. Les acteurs du projet temporisent.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le projet d'usine de méthanisation de Romainville (Seine-Saint-Denis) est situé dans un quartier urbain, près d'une nationale et de lignes de RER. (FTVi)

Retraiter les déchets de 900 000 Franciliens pour en tirer du compost et du biogaz : le projet de l'usine de méthanisation de Romainville (Seine-Saint-Denis), prévu pour 2015, est ambitieux. Mais il se heurte à l'opposition des riverains et de la mairie inquiets des risques de nuisances. Lancé en 2006, ce projet fait l'objet d'un moratoire depuis une réunion publique houleuse le 1er février. Un délai concédé par le Syndicat communal de traitement des ordures ménagères (Syctom) pour laisser  le temps de faire un audit sur les conditions de sécurité et environnementales de cette implantation.

Principal grief des opposants, le procédé prévu pour la méthanisation est celui du tri mécano-biologique qui risque de générer des odeurs nauséabondes alentour. Il s'agit en fait d'un tri industriel de déchets ménagers où tout est mélangé (pots de yaourts, épluchures, papiers et couches de bébé par exemple). A ce stade s'opère déjà une pré-fermentation. Les communes voisines de Bobigny, Pantin et Noisy-le-Sec sont donc potentiellement concernées, comme le montre cette carte diffusée par les opposants au projet.

Les opposants au projet de l'usine de méthanisation estiment que des nuisances pourraient atteindre Romainville, Pantin et Noisy-le-Sec. (FTVi)
Le contrat pour ce projet de 240 millions d'euros devrait être prochainement formalisé avec l'entreprise espagnole Urbaser. Celle-ci s'engage à produire 80 000 tonnes de compost par an et une quantité de biogaz équivalente au chauffage annuel de 6 800 logements. A terme, cette usine doit valoriser 322 000 tonnes de déchets par an pour éviter la mise en décharge ou l'incinération.

Une expérience similaire "catastrophique" à Montpellier 

"Ces déchets circulent sur des trémies [de grands entonnoirs renversés] et des tapis aimantés pour en extraire les matières fermentescibles susceptibles de rentrer dans les digesteurs où la fermentation prend alors plus de deux semaines", précise François Mouthon, président de l'Arivem, une association de riverains. 

Actuellement, une expérience de méthanisation de déchets ménagers à Montpellier (Hérault) "s'avère catastrophique. (...) Près de l'usine, c'est irrespirable, l'air est vicié avec des gaz lourds qui restent en suspens et même à 1 km, les odeurs sont encore perceptibles", assure-t-il.

Le responsable du Syctom et conseiller municipal PS de Paris François Dagnaud admet "qu'il y a peut-être eu des erreurs ici et là mais la méthanisation, c'est propre, il n'y a pas d'apport chimique et ça s'inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique". Il concède simplement : "Aujourd'hui, le projet est techniquement mûr mais nous devons convaincre."

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