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Un livre met en cause la sécurité d'Air France qui vient de publier une perte annuelle record de 1,55 milliard d'euros

Le journaliste Fabrice Amédéo dans "La Face cachée d'Air France" affirme que la compagnie française doit conduire une "véritable révolution culturelle pour éviter un nouvel accident dont elle ne se relèverait pas"."La sécurité de la compagnie répond aux standards les plus exigeants de l'industrie aéronautique internationale", a réagi la compagnie.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Avions d'Air France stationnés à l'aéroport d'Orly le 23 février 2010 (AFP - FRED DUFOUR)

Le journaliste Fabrice Amédéo dans "La Face cachée d'Air France" affirme que la compagnie française doit conduire une "véritable révolution culturelle pour éviter un nouvel accident dont elle ne se relèverait pas".

"La sécurité de la compagnie répond aux standards les plus exigeants de l'industrie aéronautique internationale", a réagi la compagnie.

Le livre paraît presque un an après le crash du vol AF447 entre Rio et Paris, qui avait fait 228 morts le 1er juin 2009, et le jour où Air-France KLM doit publier une perte d'exploitation d'environ 1,3 milliard d'euros pour son exercice 2009/2010.

"Air France possède une flotte d'avions ultra-moderne, des pilotes qui comptent parmi les meilleurs au monde... mais (...) les statistiques de sécurité d'une compagnie de seconde catégorie", en raison de deux catastrophes majeures en une décennie, l'accident du Concorde et le crash du vol Rio-Paris, écrit le journaliste dans son livre publié chez Flammarion. "Un problème qui ne semble pas être technique mais culturel", selon Fabrice Amédéo. A ses yeux, "le management social pratiqué pendant une décennie et un certain laxisme ont une part de responsabilité dans cette réalité".

Une perte record

Ces affirmations du journaliste du Figaro tombent au pire moment pour Air France, englué dans de graves problèmes économiques.

Pour 2009-2010 (clos fin mars), la perte d'exploitation de la compagnie atteint 1,55 milliard d'euros, soit le plus mauvais chiffre depuis son rapprochement avec KLM en 2004. La perte essuyée en 2009/10 a été creusée par rapport aux -811 millions enregistrés en 2008/09, sur fond de baisse du trafic, marquée dans le cargo.

Pour l'exercice 2010/11 en cours, le directeur général du groupe franco-néerlandais, Pierre-Henri Gourgeon a indiqué qu'il espérait revenir à l'équilibre opérationnel, après une perte d'exploitation record de 1,28 milliard d'euros en 2009/10. Il a toutefois mis deux bémols à cette prévision: le premier, étant le coût définitif de la crise du nuage de cendres - qui a conduit notamment la compagnie à rembourser les touristes restés sans avion - et le second portant sur "l'impact négatif des anciennes couvertures pétrole".

L'accident du Rio-Paris
Le journaliste revient sur l'accident du Rio-Paris en juin 2009, qui reste pour l'instant inexpliqué même s'il est établi que la défaillance des sondes Pitot mesurant la vitesse a joué un rôle dans le crash. Il n'hésite pas à parler d'une "faillite collective du retour d'expérience" compte tenu des incidents déjà répertoriés sur ces sondes.

Selon lui, le crash aurait même pu être évité si la compagnie avait équipé ses appareils, comme l'a fait sa concurrente allemande Lufthansa dès 2008, du système de pilotage de secours "BUSS". Lequel aurait permis à l'équipage de "poursuivre sa route en toute sécurité", même en cas de défaillance des sondes. Mais, affirme Fabrice Amédéo, "la direction du matériel d'Air France a refusé l'installation de cet équipement demandée par nombre de ses pilotes au motif qu'il n'était pas fiable".

Dans un chapitre intitulé un "management déficient", l'auteur souligne que la "culture de la sanction est absente d'Air France, contrairement à ses concurrentes". Les pilotes sont "intouchables", estime-t-il. Conséquence: Air France est une entreprise "où la remise en question est structurellement impossible et où des décisions de bon sens ne sont parfois pas prises".

De son côté, la companie assure qu'elle "travaille continuellement sur des axes d'amélioration de la sécurité des vols". Elle affirme avoir mis en place, en 2010, un projet baptisé "Trajectoire", censé "proposer et étudier des initiatives visant à l'amélioration de la sécurité des vols".

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