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Selon le Conseil d'orientation des retraites, le déficit du système en 2050 pourrait dépasser 100 milliards d'euros

Le COR doit présenter mercredi un rapport examinant trois scénarios. Ceux-ci prévoient que le déficit global des différents régimes atteindra 72 à 114 milliards d'euros par an à partir de 2050.Pour 2015, ces scénarios prévoient un déficit de 38 à 40 milliards, et pour 2020 de 40 à 50 milliards.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
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Barres comparant les déficits prévus pour 2020, 2030 et 2050 suivant différents scénarios (AFP)

Le COR doit présenter mercredi un rapport examinant trois scénarios. Ceux-ci prévoient que le déficit global des différents régimes atteindra 72 à 114 milliards d'euros par an à partir de 2050.

Pour 2015, ces scénarios prévoient un déficit de 38 à 40 milliards, et pour 2020 de 40 à 50 milliards.

Réactions
Pour le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, "il y a toujours une part d'hypothèses sur une quarantaine d'années qui rend les calculs un peu aléatoires". "Il y a toujours une part d'hypothèses sur une quarantaine d'années qui rend les calculs un petit peu aléatoires. Si on avait demandé en 1970 (...) aux responsables (...) de dire ce que serait la situation économique 40 ans plus tard, ils auraient été bien dans la difficulté d'imaginer que le taux de chômage serait de près de 10%, le taux de croissance voisin de 0 % parce qu'on est en période de crise internationale", a-t-il ajouté.

"Le catastrophisme n'est pas de mise", estime Solidaires (syndicats SUD notamment). "Il n'y a donc pas fondamentalement de problème, hors la situation nouvelle créée par la crise", en déduit Solidaires, pour qui "la question qui se pose est donc de savoir qui va payer le prix d'une crise créée de toutes pièces par les marchés financiers".

Le gouvernement veut présenter un projet de loi en septembre au Parlement, un calendrier jugé très serré par les syndicats lors de l'ouverture lundi d'une consultation sur la réforme.
Selon lui, la dérive des comptes de retraites, alimentée par l'allongement de la durée de la vie et accentuée par la hausse du chômage liée à la crise, impose d'accroître la durée effective de cotisation pour maintenir un nombre suffisant de cotisants. Le ministre du Travail, Eric Woerth, n'a pas dit s'il privilégiait pour ce faire un nouvel allongement de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une pension complète (41 ans en 2012), un relèvement de l'âge légal de la retraite, actuellement fixé à 60 ans, ou une combinaison des deux.

Les syndicats ont déclaré lundi qu'ils refuseraient toute réforme qui ferait porter l'effort uniquement sur les salariés et les fonctionnaires. Ils ont demandé à Eric Woerth de plutôt travailler sur des hausses de prélèvements. Sans exclure quelques ajustements, le ministre du Travail a répondu que le gouvernement n'était favorable ni à une hausse des impôts ni à une hausse générale des cotisations, une option rejetée également par les organisations patronales.

Les scénarios du COR
Les trois scénarios
Pour faire ses prévisions, le COR a élaboré trois scénarios, en partant du principe que la durée de cotisation pour avoir une retraite à taux plein atteindra 41,5 ans en 2020, en application de la réforme de 2003.

Le scénario le plus optimiste est basé sur un taux de chômage à 4,5 % à partir de 2024 et une productivité du travail progressant au rythme de + 1,8 % par an. L'hypothèse la plus pessimiste est fondée sur un chômage à 7 % à partir de 2022 et une productivité progressant au rythme de + 1,5 % par an.

Besoins de financement des retraites (tous régimes confondus)
En 2007, lors du dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites, ces besoins (tous régimes confondus, y compris les complémentaires du privé) étaient évalués à 24,8 milliards d'euros en 2020 puis à 68,8 mds en 2050.

Désormais, en tenant compte des effets de la crise, ils sont évalués à 40,7 mds en 2020 puis 71,6 mds d'euros en 2050 (scénario le plus favorable) ou 48,8 mds en 2020 puis 114,4 mds en 2050 (scénario le moins favorable).

Ces projections considèrent que les régimes complémentaires AGIRC (cadres) et ARRCO (employés) ne subissent pas de modification d'ici là

Pour le seul régime général (retraite de base des salariés du privé)
En 2007, le COR estimait à 13,4 mds en 2020 puis à 46,4 mds en 2050 les besoins de financement à prévoir pour ce seul régime, le plus important.

Selon le document du COR, les besoins de financement de la branche retraite iraient de 16,6 mds à 19 mds en 2020 puis de 51,8 mds à 65 mds en 2050, selon les scénarios.

Démographie
Le nombre de retraités atteindrait 22,9 millions en 2050 contre un peu plus de 15 millions actuellement

Le nombre de cotisants, qui dépend de la situation de l'emploi, atteindrait 26,7 millions en 2024 (scénario optimiste) ou 26 millions en 2022 (scénario pessimiste).

Le rapport cotisants/retraites pourrait atteindre un peu moins de 1,2 contre 1,8 aujourd'hui.

Calendrier
Le ministre du Travail Eric Woerth a détaillé lundi l'agenda de la réforme. La concertation va se poursuivre avec les partenaires sociaux avec des réunions thématiques jusqu'en mai (sur la pénibilité, l'emploi des seniors, les mécanismes de solidarité pour la retraite, le pilotage du système), puis la préparation d'un "document d'options" du gouvernement sur la table en mai.

Le document sera ensuite rediscuté dans des groupes de travail. "Nous allons en juin, entre mi-juin et fin-juin, mettre un projet de texte sur la table. En juillet, il y aura un Conseil des ministres, en septembre on va poursuivre la discussion à l'Assemblée nationale", a-t-il expliqué.

Eric Woerth a par ailleurs ajouté qu'il allait écrire à toutes les formations politiques "pour élargir la discussion". Des entretiens bilatéraux avec les syndicats de fonctionnaires sont prévus "la semaine prochaine", a-t-il ajouté. "Etre fonctionnaire, ce n'est pas être salarié du privé, il est normal que les règles de retraites ne soient pas exactement les mêmes", a-t-il dit.

Il s'est dit ouvert aux propositions des partenaires sociaux, sauf une. "Il y a un sujet sur lequel évidemment le gouvernement n'est pas ouvert, c'est l'augmentation des prélèvements", a-t-il dit. Interrogé sur l'idée d'un prélèvement sur une catégorie de la population, évoquée par l'Elysée, il a répondu: "Il peut y avoir ici ou là un certain nombre de points de recettes qui peuvent être acquis, puisque tel type de profession, tel type d'assiette semblerait comme ne contribuant pas suffisamment au système de solidarité". "Mais la clé de la réforme, ce n'est pas l'augmentation générale des impôts, parce que cela, c'est la diminution générale du niveau de vie", a-t-il insisté.

L'Elysée avait évoqué en fin de semaine dernière la possibilité de créer un "prélèvement spécifique sur une catégorie de population" pour aider à financer les retraites. La petite phrase présidentielle intervient en pleine polémique sur le bouclier fiscal, qui plafonne le montant des impôts payés par les plus riches. Les syndicats reprochent au gouvernement de focaliser les débats sur les efforts à demander aux salariés.

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