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Sarkozy lance le Plan cancer II

"Près de 750 millions d'euros de dépenses nouvelles" seront consacrés au Plan cancer II, a promis lundi Nicolas Sarkozy
Article rédigé par France2.fr
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Nicolas Sarkozy (archives juin 2009) (© AFP - Fabrice Coffrini)

"Près de 750 millions d'euros de dépenses nouvelles" seront consacrés au Plan cancer II, a promis lundi Nicolas Sarkozy"Près de 750 millions d'euros de dépenses nouvelles" seront consacrés au Plan cancer II, a promis lundi Nicolas Sarkozy

Lors de la présentation du plan à Marseille, le chef de l'Etat a fixé "comme objectif 20 % de spécialistes de plus". Il a annoncé l'installation de 74 IRM supplémentaires.

Priorité du dispositif: réduire les inégalités sociales et prévenir une maladie qui, selon les spécialistes, devrait causer cette année près de 150.000 morts en France (+1%).

Le chef de l'Etat a annoncé que 15% du budget de la recherche du Plan cancer 2 seraient consacrés à l'étude "des risques environnementaux" dans le déclenchement de la maladie.

Selon le chef de l'Etat, il faut "étudier davantage les effets à long terme des expositions, même à faible dose, à certains agents chimiques, biologiques ou physique".

Au plan de l'information, le président a demandé lundi à l'Institut de veille sanitaire (Invs) de produire en 2010 des données plus récentes et de "meilleure qualité" sur les cancers en France, pour permettre une meilleure prévention. "Les Etats Unis publient des données d'incidence et de décès estimées pour 2009, la France s'en tient encore aujourd'hui à des données de 2005", a regretté le chef de l'Etat. "C'est une erreur"", a-t-il dit.

De nouveaux moyens d'investigation
Il a mis l'accent sur l'installation de "74 machines supplémentaires (IRM, ndlr) dont 39 dans les 10 régions ayant la mortalité pour cancer la plus élevée". Il a également indiqué que s'agissant des "tests moléculaires qui permettent des traitements à la carte", ils seraient "réalisés dans des plates-formes régionales".

Nicolas Sarkozy a également affirmé sa volonté de favoriser l'accès à l'emprunt et à l'assurance pour les personnes "sorties de la maladie". Il a notamment demandé aux signataires de la Convention "S'asssurer et emprunter avec un risque aggravé de santé" (AERAS) de "renouveler celle-ci pour améliorer la couverture assurancielle et l'accès à l'emprunt des personnes qui sont sorties de la maladie".

Prévention face à l'alcool et au tabac


Côté prévention face à l'alcool, M. Sarkozy a indiqué qu'"en 2011 la quantité d'alcool devra être indiquée sur chaque bouteille". Il a ajouté que "les centres venant en aide aux personnes en difficulté avec l'alcool verront leurs moyens renforcés". Evoquant le "travail très intéressant" fait "par les alcooliques anonymes", il a promis des aides qui n'ont pas été détaillées. "Je ne peux pas accepter cette réalité que le malade, en plus de sa maladie, ne puisse faire aucun projet", a souligné Nicolas Sarkozy.

Au sujet du tabac, M. Sarkozy a estimé que la hausse de 6% du prix du tabac votée par l'Assemblée constituait" une forte progression".

Cette année, on estime que la maladie devrait toucher 350.000 personnes (+10% par rapport à 2005), en majorité des hommes.

Mais les taux de guérison progressent également (+25% entre 1980 et 2005) et la France se situe aussi aujourd'hui parmi les huit pays du monde ayant les meilleurs taux de survie au cancer.

Le plan 2009-2013 fait suite au plan cancer 2003-2007 lancé par le président Jacques Chirac, dont la Cour des comptes avait souligné les "carences" et "défaillances". Seul un tiers des 70 mesures envisagées avait été réalisé.

Lors d'une rencontre organisée par l'Institut national du cancer (Inca) le 7 octobre, Nicolas Sarkozy avait indiqué que ce nouveau plan "consoliderait les acquis du premier".

Lutte contre les inégalités


Outre l'amélioration de la coordination avec le médecin de famille et de l'accompagnement du malade, il devrait, selon le directeur de la santé Didier Houssin, cibler "la lutte contre les inégalités", particulièrement en matière de prévention et de dépistage. Cette lutte a été considérée comme "la toile de fond" du prochain plan par Dominique Maraninchi, président de l'Inca.

Le Pr Jean-Pierre Grünfeld, qui a remis en mars un certain nombre de recommandations au chef de l'Etat, avait suggéré de "cibler des ressources supplémentaires vers les territoires les plus touchés et les personnes les plus vulnérables" et d'"amplifier les actions de prévention de proximité".

Comme le rappelait le 7 octobre Chantal Cases, directrice de l'Institut d'études démographiques (Ined), la mortalité par cancer du pharynx est dix fois plus élevée dans les classes défavorisées. A consommation de tabac et d'alcool égale, un travailleur manuel a deux fois plus de risques de mourir d'un cancer des voies digestives supérieures qu'un non-manuel.

Le pneumologue Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de lutte contre le tabagisme, estime pourtant qu'avec une hausse de 6%, "on n'est pas à un niveau qui ait un effet net sur la santé publique". Il regrette le rejet de la hausse des taxes, qui ne bénéficierait pas aux cigarettiers. Toutefois, la hausse de 6% -"compatible" avec le plan cancer , selon le ministre du budget Eric Woerth- pourrait devenir reconductible chaque année, comme le souhaitait la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, favorable à une hausse de 10%.

Réaction du PS

La "déception est forte" après le nouveau Plan cancer présenté par le président Nicolas Sarkozy, fait "de petites annonces" qui ne sont "pas à la hauteur d'une grande cause", a jugé lundi le Parti socialiste.

"Alors que la lutte contre le cancer devrait rester une priorité, le Parti socialiste regrette le manque d'ambition des mesures annoncées", a affirmé dans un communiqué Marisol Touraine, secrétaire nationale du PS à la santé.

Selon elle, la "mise en oeuvre du plan précédent a été partielle et ses résultats décevants". "Des mesures vigoureuses étaient donc attendues. La déception est forte", a ajouté la responsable PS.

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