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Résignés, des députés UMP envisagent le service minimum pour la présidentielle

Estimant que la victoire de Nicolas Sarkozy est de plus en plus compromise et redoutant de faire les frais de la TVA sociale, certains prévoient de se concentrer sur leur propre réélection en juin.

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, et le Premier ministre, François Fillon, le 13 janvier 2012 à l'Elysée. (WITT / SIPA)

Une TVA sociale que Nicolas Sarkozy devrait annoncer dimanche 29 janvier lors de son intervention télévisée, de mauvais sondages pour le président sortant, une entrée en campagne qui tarde et pour couronner le tout, un meeting remarqué de François Hollande au Bourget le 22 janvier... Pour certains élus UMP, leur chef ne leur simplifie pas la tâche à trois mois de la présidentielle, et surtout à quatre mois et demi des législatives. 

"Nous, les députés, on va se recentrer sur la proximité !" Elue de Seine-et-Marne, Chantal Brunel ne décolère pas : "Alors que ça va déjà être très difficile pour nous, on projette d'augmenter la TVA, ce que les Français vont prendre pour une perte de pouvoir d'achat." 

Parmi les frondeurs de l'UMP, le député des Alpes-Maritimes Lionnel Luca est sans doute le plus furibond. Dénonçant "une réforme absurde" et "un suicide électoral", lui aussi menace de faire le minimum pour la présidentielle, afin d'assurer ses arrières législatifs : "On nous dit qu'il s'agit de prendre une mesure courageuse. Mais les kamikazes japonais aussi étaient courageux, et on sait ce qui leur est arrivé !"

"Pas à nous de payer cette absurdité électorale"

L'un de ses collègues, élu en Alsace, poursuit : "Sarkozy explique qu'il faut assumer ses responsabilités. Qu'il les prenne ! Mais ce n'est sûrement pas à nous de payer cette absurdité électorale qu'est la TVA sociale ! Il est quasiment à vingt points derrière Hollande au second tour... Parfois, on dirait qu'il fait tout pour perdre avec le plus grand écart possible." Un autre, élu dans le Nord-Pas-de-Calais, résume : "Si on fait campagne pour Sarkozy et qu'il perd, ce qui est de plus en plus probable, on va le payer en juin au moment des législatives. Pour ma part, je m'interroge sur la stratégie à adopter..."

Moins véhément, le député de Charente-Maritime et ancien ministre Dominique Bussereau confie son "scepticisme" : "C'est un moment difficile pour prendre des mesures impopulaires." Député du Finistère, Jacques Le Guen dénonce, lui, "une mesure qui va creuser les inégalités, parce qu'elle va d'abord pénaliser les faibles revenus". De là à, comme certains, en faire le moins possible pour la réélection de Nicolas Sarkozy, en privilégiant les législatives ? "Non ! Rien n'est gagné, c'est sûr, mais rien n'est perdu non plus. Ce genre de raisonnement ne me semble pas très sain."

"Des pratiques de déserteurs"

Face à cette grogne, un ancien ministre dénonce "des pratiques regrettables de déserteurs". Le député de Seine-et-Marne et ex-secrétaire d'Etat Yves Jégo estime que "dans les périodes de tempête, il y a les marins courageux, et ceux qui pensent d'abord à leur sort personnel. Ceux-là ont tort". La TVA sociale est-elle une mesure suicidaire, comme l'avance Lionnel Luca ? "Ce qui serait suicidaire, c'est que ceux qui pensent cela soient majoritaires. Aujourd'hui, ils sont minoritaires", relativise Valérie Rosso-Debord, déléguée générale de l'UMP et députée de Meurthe-et-Moselle. 

Minoritaires, peut-être, mais "de plus en plus nombreux", jure l'un des frondeurs. Preuve que l'exécutif ne prend pas ces critiques à la légère, il multiplie les consultations pour essayer de désamorcer la colère montante : la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a réuni la semaine dernière des députés de la majorité pour un tour de table. Les mêmes doivent être reçus jeudi après-midi par François Fillon pour une séance de travail à Matignon. En attendant que Nicolas Sarkozy précise ses intentions dimanche soir, lors de sa très attendue intervention télévisée. 

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