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Rentrée scolaire : après dix-huit mois de pandémie, les stages de révision font le plein

Article rédigé par Solène Leroux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Une classe de CE2 dans une école de Nogent-sur-Oise (Oise), le 26 avril 2021. (DELPHINE LEFEBVRE / HANS LUCAS / AFP)

Avant de retrouver les salles de classes, des élèves toujours plus jeunes et plus nombreux ont ressorti cahiers et trousses pour participer à des stages et suivre des cours de soutien.

La cloche qui sonne, les retrouvailles avec les camarades, le nouvel emploi du temps... Pas de doute, les vacances sont finies. Douze millions d'élèves du primaire et du secondaire font leur rentrée scolaire, la deuxième sous Covid-19, jeudi 2 septembre. Après dix-huit mois de cours perturbés par la pandémie, tantôt en classe, tantôt à distance, certains enfants ont retrouvé le chemin des cours avec un peu d'avance, en intégrant des stages de révision.

La demande est plus forte qu'avant la crise sanitaire, assure Philippe Coléon. Le président d'Acadomia, spécialiste du soutien scolaire, relève "une hausse des inscriptions en stage de prérentrée de 25% par rapport à 2019", une augmentation qui atteint 35% "pour les demandes de soutien tout au long de l'été".

"Un sas entre les vacances et la rentrée"

Auparavant plutôt demandés par les lycéens, les cours et stages de soutien proposés par la société Acadomia attirent de plus en plus de collégiens et d'élèves de primaire. "Pour nous, c'est une conséquence de la crise sanitaire, mais aussi de la réforme du baccalauréat. Avec le contrôle continu, le bac n'est plus un enjeu aussi fort qu'auparavant", explique le dirigeant. Près de 10 000 stages ont été organisés par Acadomia la semaine précédant la rentrée, partout en France.

"Au début, les enfants rechignent un peu, car c'est rarement plaisant d'aller en cours quand on est en vacances. Mais au bout de deux jours, ils prennent plaisir à venir."

Philippe Coléon, président d'Acadomia

à franceinfo

Si la crainte de défaillance scolaire est l'élément déclencheur pour l'inscription de leurs enfants, "les parents les ont également sentis perdre confiance en leurs capacités" explique-t-il. Cette reprise en douceur, avec des cours en matinée et en petits groupes, leur offre "un sas entre les vacances et la rentrée" et l'occasion de retrouver cette confiance, estime Philippe Coléon.

Anne Dubois*, professeure des écoles dans le Morbihan, anime depuis sept ans des stages de rentrée organisés par l'Education nationale. Elle constate aussi, "une demande beaucoup plus forte" cette année. Elle a encadré douze élèves de primaire, "déjà trop pour faire de l'accompagnement personnalisé". "Si nous avions eu plus de professeurs volontaires, nous aurions rempli les créneaux sans souci", assure-t-elle.

Ces "stages de réussite", selon l'appellation du ministère, sont menés par des professeurs volontaires. En 2020, ils ont rassemblé plus de 235 000 écoliers et 40 000 collégiens et lycéens. Plusieurs dispositifs publics de révision pendant les vacances existent depuis les années 1990, et "ils ont effectivement pris de l'ampleur et accueilli plus d'élèves depuis le début de la pandémie" explique le ministère de l'Education nationale à franceinfo. L'initiative "école ouverte", prévue en priorité pour les jeunes vivant en "zones urbaines et rurales défavorisées" avait accueilli 120 000 élèves en 2020, contre 86 000 en 2015, d'après les chiffres du ministère.

Des élèves "très volontaires"

Parmi les bénéficiaires de ces stages, cette année, une vingtaine d'élèves de première du lycée Rémi-Belleau à Nogent-le-Rotrou. Une "grande première" pour cet établissement d'Eure-et-Loir, mais pas pour son nouveau proviseur Nicolas Sibenaler, qui a déjà expérimenté le dispositif dans d'autres lycées.

"Nous avions le choix entre la fin de l'année scolaire et la fin de l'été, on a préféré les dernières semaines des vacances pour remettre doucement les élèves dans le bain."

Nicolas Sibenaler, proviseur à Nogent-le-Rotrou

à franceinfo

Ici, priorité aux élèves qui entrent en classe de première, car "l'hybridation des cours l'an dernier a été très compliquée pour eux", explique le proviseur. Ces "jeunes très volontaires" suivent des cours chaque matin pendant trois heures, jusqu'au 31 août. "Très peu ont été poussés par leur famille finalement", assure le proviseur. Après dix-huit mois de crise sanitaire, les élèves sont "en manque d'autonomie, ils ont souvent eu des difficultés à travailler à la maison, certains ont subi la fracture numérique... Ces stages permettent de reprendre de bonnes habitudes", conclut Nicolas Sibenaler.

Reprendre les bases, c'est également le principe des stages encadrés par l'association T'es Cap, près de Quimper (Finistère). "Ces derniers mois, on a retrouvé des enfants dépassés et découragés par la masse de travail à la maison", explique Claire Mallet, vice-présidente de l'association. A l'initiative de la mairie de Quimper, le stage a accueilli une vingtaine de collégiens. D'après la bénévole, tous sont déterminés, même ceux qui ont été poussés par leurs parents, et "certains sont même venus de leur propre chef, car ils en ont ressenti le besoin de retravailler les fondamentaux avant de reprendre les cours".

"On ne mise pas sur la performance"

Les adolescents viennent de milieux assez différents, "ils ne se connaissent pas, et ils ont noué des liens assez rapidement, ça permet de créer de la mixité sociale". Ce qui n'est pas le cas à l'année, puisque l'association bretonne organise uniquement des cours de soutien individuel. L'an passé, les membres de l'association ont remarqué que "leurs élèves avaient perdu en méthodologie de travail. Lors de ce stage, on ne mise pas sur la performance, mais plutôt sur la reprise des bases avec le français et les mathématiques".

Pour les élèves de CP, ces deux matières font l'objet d'évaluations en milieu d'année scolaire. Elles sont pour l'heure l'un des seuls moyens de mesurer le niveau des écoliers français. Dans un document transmis à franceinfo, le ministère de l'Education nationale relève qu'"on ne constate pas de baisse [de niveau] entre mi-CP 2020 et mi-CP 2021" d'après les évaluations réalisées en janvier 2021.

Sur le terrain, enseignants et professionnels du secteur s'accordent sur un point : les élèves ont souffert de ces mois de pandémie. "Les parents ont commencé à inscrire leurs enfants très tôt pour l'année scolaire 2021-2022", affirme Claire Mallet. Plus de 90 élèves sont d'ores et déjà inscrits, soit une quinzaine de demandes de plus que l'année précédente.

* Le nom a été modifié à la demande de l'intéressée.

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