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Qui sont les nouveaux mal-logés ?

Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé-Pierre s'est intéressée à ces Français qui souffrent du mal-logement. Les profils sont variés.

 
Article rédigé par Jelena Prtoric
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Le 18e rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre sur le mal-logement en France a été publié vendredi 1er février 2013. (THOMAS SAMSON / AFP)

Les jeunes qui peinent à prendre leur indépendance, les divorcés qui continuent à vivre ensemble, les couples avec enfants qui vivent séparément...La Fondation Abbé-Pierre a publié, vendredi 1er février, son 18e rapport annuel (PDF) sur l'état du mal-logement en France. En citant des cas précis, le rapport insiste sur le lien entre situation familiale et situation de logement. Francetv info dresse le profil de ces nouveaux "mal-logés".

Les couples qui habitent séparément 

Alex et Cécile sont en couple et ils ont une fille de 2 ans, Anna. Pourtant, Alex vit chez sa mère, sa compagne et sa fille sont logées chez la famille de Cécile. Lui est à la recherche d’un emploi, elle est en CDD, ils ne peuvent pas se procurer un logement adapté à eux trois.

Être en couple et vivre séparément, c’est parfois un choix. Plus fréquemment, ce mode de vie est dû aux contraintes extérieures, notamment financières ou professionnelles. De jeunes actifs sont souvent obligés de faire des compromis concernant la localisation géographique de leur emploi.

Les couples séparés qui partagent le même toit

Si la crise du logement empêche parfois les jeunes couples de s'installer ensemble, il existe aussi un phénomène inverse. Rares sont ceux qui ont envie de continuer à vivre sous le même toit que leur ex-compagne ou compagnon . Pourtant, cela arrive. Les anciens couples continuent à vivre ensemble par crainte des conséquences économiques d’une séparation, ou faute de possibilité de se reloger.

Les familles monoparentales en situation précaire

Le nombre de familles monoparentales a explosé : aujourd'hui, une famille sur cinq est composée d’enfant(s) vivant avec un seul parent (la mère dans 86% des cas). Le risque de pauvreté étant déjà élevé (deux fois supérieur à celui des autres ménages) pour des foyers monoparentaux et les logements sociaux étant saturés, les familles monoparentales se tournent vers des solutions d'hébergement instables. Cette précarité de logement se répercute également sur les enfants et leur réussite scolaire.

Les pères "non-gardiens"

Un autre phénomène commence à émerger : celui des pères "non-gardiens" (selon une formule utilisée dans le rapport). Obligés de verser une pension alimentaire, ils voient leurs revenus se réduire. Cependant, ils sont assimilés à des "demandeurs célibataires" du point de vue des aides au logement dont ils pourraient bénéficier.

Ils se retrouvent souvent hébergés chez des amis, des parents, ou parfois à l'hôtel, et confrontés à des problèmes spécifiques liés à l'accueil de leurs enfants. C'est le cas de monsieur R. qui s'est retrouvé dans la rue après son divorce et une perte d'emploi, puis a continué à alterner les logements d’urgence. Sans pouvoir passer du temps avec ses enfants. "J’ai partagé leur petite enfance mais je n'ai pas pu être présent pour leurs premiers pas dans l’adolescence et l’âge adulte", témoigne-t-il dans le rapport.

Les isolés soumis à une forme de "nomadisme urbain"

Les personnes vivant seules forment la catégorie la plus exposée au mal-logement. Manquant des garanties d'une vie en couple (une double source de revenus), elles ne sont pas prioritaires pour l'attribution d'un logement social et doivent donc se contenter des solutions temporaires pour se loger.

Ce "nomadisme urbain" a longtemps été "réservé" aux "jeunes âgés de 18 à 30 ans, confrontés à l'allongement de la durée des études, à la multiplication des petits boulots et des stages non rémunérés avant de pouvoir prétendre à un emploi stable", indique le rapport. En revanche, le phénomène touche aujourd'hui aussi les personnes isolées plus âgées, dans des zones urbaines et rurales.

Les jeunes qui peinent à prendre leur indépendance

Âgés d'une trentaine d'années, ils vivent toujours chez leurs parents, en raison de leurs revenus faibles (voire inexistants) et de problèmes de garantie. Face à une dégradation de leur situation professionnelle ou d'autres événements qui altèrent leurs ressources, de nombreux jeunes adultes sont également contraints de revenir vivre chez leurs parents.

Cette "génération boomerang" ne parvient pas "dans le cadre des protections sociales actuelles à faire face à des événements qui bouleversent soudainement leur vie, réduisent leur pouvoir d’achat". La maison familiale reste ainsi un amortisseur de la crise. Or, "la famille sollicitée est elle-même une famille fragile", avertit le rapport.

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