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Autoroutes : pas de coup de frein sur la hausse des prix

A partir de mercredi, les tarifs des péages augmentent en moyenne de 2,5 %. Répercussion de l'inflation, financement de lignes de trains... FTVi passe en revue ce qui fait grimper le coût du ticket. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'autoroute A10 près du péage de Saint-Arnoult, dans les Yvelines.  (JOEL SAGET / AFP)

Les automobilistes qui s'apprêtent à prendre la route pour les vacances de février vont devoir faire avec : les prix des péages sont à la hausse à partir du mercredi 1er février sur le réseau autoroutier concédé (privatisé pendant une durée déterminée). Les augmentations vont de 2,05 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur à 3 % sur les autoroutes Paris-Normandie (lire le détail ici). Quels sont les arguments avancés par l'Etat et les sociétés d'autoroutes ? Qu'en disent les associations d'automobilistes ? FTVi fait le point.

• Il faut répercuter l'inflation

La hausse des prix des péages est supérieure, sur certains tronçons, à l'inflation, qui s'élève à 2,5 % en France en 2011. Pourtant, celle-ci n'est que partiellement répercutée par les sociétés d'autoroute, à hauteur de 70 % à 85 %, selon le groupe Vinci Autoroutes.  

L'avis des usagers : L'addition passe mal chez les automobilistes, déjà confrontés à une hausse record des prix des carburants en 2011, qui se poursuit cette année. Selon Auto News, pour éviter de grever leur budget, les conducteurs risquent d'emprunter davantage les routes nationales et départementales, sept fois plus accidentogènes.

• Il faut financer les lignes déficitaires de la SNCF

Si les autoroutes sont plus chères, c'est aussi en partie à cause... des lignes SNCF. Les concessionnaires doivent s'acquitter auprès de l'Etat de la Taxe d’aménagement du territoire (TAT), destinée à financer les lignes ferroviaires déficitaires. Celle-ci a augmenté de 0,15 % en 2012.

L'avis des usagers : Là encore, la pilule est difficile à avaler pour ceux qui privilégient la voiture après les augmentations des prix des billets de TGV, fin décembre. Certains s'étonnent du fait que la TAT frappe les usagers et non les bénéfices des sociétés. Pierre Coppey, le patron de Vinci Autoroutes, leur répond, sur L'Express.fr, que les bénéfices sont déjà taxés par des impôts spécifiques, tel que l'impôt sur les sociétés. 

• Les investissements sur le réseau sont coûteux

Le reste de l'augmentation correspond au financement des investissements effectués en 2011 : construction de nouvelles sections, entretien du patrimoine et amélioration du réseau... Leur montant varie selon les sociétés d'autoroutes, d'où des hausses de prix plus ou moins élevées. Vinci Autoroutes a investi en 2011 "près d’un milliard d’euros et, sur les huit dernières années, 9,4 milliards d’euros". Sanef a, de son côté, dépensé "166 millions d’euros pour entretenir et améliorer ses réseaux".

Pierre Coppey fait valoir que "ces nouveaux projets contribuent, en période de crise, à soutenir l’activité économique".

L'avis des usagers : Louis Derboulle, président de l’association 40 Millions d’automobilistes, regrette la législation européenne relative aux constructions de nouveaux tronçons d'autoroutes. Depuis 1998, Bruxelles interdit aux concessionnaires de financer ces constructions par leurs anciens réseaux déjà amortis. Du coup, ils compensent en fixant des tarifs de péage plus élevés. "L'objectif était de ne pas nuire à la concurrence en permettant aux petites sociétés de se lancer dans la construction de bouts d'autoroutes. Mais dans la réalité, il y en a très peu", explique Louis Derboulle. 

• Les contrats de concession sont trop courts

Le patron de Vinci autoroutes lui-même le reconnaît : d'autres solutions sont possibles pour éviter de mettre autant à contribution les usagers. Pierre Coppey plaide, dans Les Echos (article payant), mardi, pour "un accord" entre Etat et concessionnaires afin "qu'ils assurent à leurs frais ces investissements importants en échange d'un allongement de la durée de leurs concessions existantes". En clair, des concessions plus longues (la plupart s'achèvent autour de 2030) permettraient d'amortir sur davantage d'années les frais engagés. 

L'avis des usagers : Louis Derboulle partage cet avis. "La hausse des péages que va appliquer Vinci Autoroutes est contractuelle, explique-t-il dans Le Parisien (article payant) daté de lundi. Il est donc difficile de les attaquer sur ce point. S’il y a un responsable, c’est l’Etat, qui a fixé les conditions de la concession."

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