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Pourquoi la neige surprend-elle encore la SNCF ?

La neige paralyse encore une fois le réseau ferroviaire français. Pourquoi a-t-on l'impression que rien n'est prévu pour ces épisodes météorologiques "exceptionnels" mais de plus en plus fréquents ?

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les usagers de ce train Paris-Cherbourg ont dû passer la nuit à Caen (Calvados), où il a été immobilisé en raison de la neige, lundi 11 mars 2013. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

Si la neige force de nombreux Français à laisser leur voiture au garage mardi 12 mars, les transports en commun subissent eux aussi de plein fouet les conditions météo difficiles. Mardi matin, la SNCF a même déconseillé à ses usagers franciliens de se rendre à Paris. Mais pourquoi avoir attendu 8 heures pour le faire, alors que sept millions de personnes sont concernées ? Surtout, pourquoi a-t-on l'impression que rien n'est prévu pour ces épisodes neigeux "exceptionnels" mais de plus en plus fréquents ?

La SNCF "ne peut pas se contenter d'approximations"

"Météo France ne nous a pas dit, ni hier soir ni cette nuit, qu'il y aurait 40 cm de neige ce matin", répond la SNCF, contactée par francetv info. La société plaide le manque de prévisibilité de ces intempéries. "Si nous avons du temps, nous pouvons nous préparer et mettre en place, par exemple, des réchauffeurs d'aiguille, qui vont dégeler les aiguillages et donc permettre au plus grand nombre de trains de circuler. Ou appeler des gens en renfort si d'autres sont bloqués."

La neige est certes prévue depuis dimanche, mais la SNCF rappelle que dans le secteur ferroviaire, "on ne peut pas se contenter d'approximations". Notamment pour connaître à l'avance les endroits du réseau les plus touchés et y mobiliser les efforts. "C'est de l'horlogerie suisse. Il faut pouvoir prévoir, par exemple, des trains de déneigement à proximité des gares." Et le groupe de rappeler que la sécurité des usagers est sa priorité, quel que soit le climat. "Nous ne ferons pas partir un train si nous ne sommes pas sûrs qu'il arrive à destination, pour éviter les 'naufragés'."

Cela fait pourtant plusieurs hivers que la France connaît de forts épisodes neigeux qui paralysent les routes, et notamment les transports en commun. Pourquoi la SNCF n'investit-elle pas dans des solutions à long terme ? "Il faut être lucide, dit-elle, nous faisons face à une situation assez exceptionnelle. Et, même s'il existe un plan neige qui réorganise le système ferroviaire, on ne peut pas engager des moyens qui seraient disproportionnés par rapport à l'ensemble de la situation."

"Le réseau n'est pas au niveau", déplorent les associations

Pour Jean-Claude Delarue, secrétaire général de la Fédération des usagers des transports et des services publics, et Marc Pélissier, secrétaire général de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports, le problème est plus global. "L'hiver, c'est la neige ; l'été, c'est la chaleur ; l'automne, les feuilles mortes…", énumèrent-ils. Marc Pélissier s'interroge sur la "fiabilité" et la "robustesse" d'un réseau qui "n'est pas au niveau" compte tenu du nombre de passagers qui l'empruntent chaque jour.

Jean-Claude Delarue, lui, estime que "la SNCF doit enfin faire un effort". "Ils ont fait beaucoup d'économies depuis cinq ans sur l'entretien et la maintenance : si les trains tombent en panne, c'est parce qu'ils sont moins souvent révisés", rappelle-t-il.

Quant à parler d'une situation exceptionnelle ? "On peut s'interroger", dit Marc Pélissier. "Dans des pays comme la Suisse ou le Canada, les trains circulent avec plus d'intempéries ; c'est un choix de considérer que ce genre de cas est rare, et donc de ne pas prendre de mesures particulières", observe-t-il. Jean-Claude Delarue compte d'ailleurs prendre contact avec des organisations de cheminots pour voir comment, à l'avenir, la SNCF peut être mieux préparée. 

"Le pire, c'est que la SNCF a eu des financements du Syndicat des transports d'Ile-de-France pour moderniser le réseau dans cette région sur 2009-2012, et qu'elle n'a pas réussi à tout dépenser. Il reste 100 millions d'euros, regrette Marc Pélissier. Incriminée aussi, l'organisation du système ferroviaire, jugée "compliquée". Et le secrétaire national de conclure : "On voit souvent que tout ça est trop fragile." 

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