Pour la troisième fois, la cour des comptes dénonce les gaspillages et les défaillances de gouvernance de la SPA
La Société protectrice des animaux est aussi taxée d'amateurisme et de navigation à vue.
"Cela fait plus de huit ans que nous critiquons la gestion de la SPA et nous ne constatons pas d'amélioration", a déploré Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes, présentant à la presse un nouveau rapport critique.
Des frais de fonctionnement exorbitants
"Jamais encore la Cour des comptes n'avait été confrontée à un cas comme celui de la SPA ", a-t-il fait remarquer.
"La SPA n'a pas su redresser la barre", contrairement à d'autres qui ont pu le faire comme l'Association pour la recherche sur le cancer (Arc) qui avait été épinglée en 1993, a-t-il regretté.
La SPA , une des plus anciennes associations de France, fait appel à la générosité publique pour collecter des fonds, et a donc des comptes à rendre à ses donateurs.
Lors des deux précédents rapports de la Cour en 2002 et 2004, elle s'était engagée à remettre de l'ordre dans sa gestion.
"Malheureusement, c'est loin d'avoir été le cas", a martelé M. Séguin, estimant que "la SPA compromettait sa mission de protection animale et trahissait la confiance de ses donateurs".
Les frais de traitement des dons ont presque doublé par rapport à 2003 atteignant 43% des montants collectés en 2007, selon le rapport.
Les réserves financières de l'association se sont élevées à 79 millions d'euros en 2007, les placements financiers à 66,9 M euros, soit presque trois années de ressources issues de la générosité publique et pas moins de treize fois les dépenses annuelles d'investissments (5 M euros).
Une thésaurisation "particulièrement anormale, tant au regard de la volonté des donateurs que de la vétusté de nombreux refuges de la SPA et plus généralement des besoins de la cause animale", souligne le rapport.
Les tribunaux saisis
Le ministère de l'Intérieur a réagi très vite en demandant au Préfet de Paris de saisir le tribunal de grande instance afin qu'un administrateur judiciaire soit désigné, a indiqué M. Séguin.
En outre, le ministère a signalé au Procureur de la République que "des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale ont pu être commis dans la gestion, le fonctionnement et l'organisation de la SPA ", a-t-il ajouté.
Dans sa réponse à la Cour, la présidente de la SPA , Virginie Pocq Saint-Jean, a plaidé en faveur de son association, en revendiquant "l'indispensable utilité" publique qui lui a été reconnue depuis sa création en 1845.
"La SPA s'est engagée dans un processus de réformes important qui devrait lui permettre d'optimiser les moyens dont elle dispose pour accomplir sa mission dans l'intérêt de la protection animale", a-t-elle plaidé.
Cette association "a traversé des décennies et elle vivra tant que la souffrance animale subsistera", a assuré Mme Pocq Saint-Jean, qui pris la présidence de la SPA en novembre 2008.
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