Plus de 5000 salariés sans papiers ont rejoint la grève pour leur régularisation
Démarré dans la région parisienne, le mouvement a fait tache d'huile et, à la mi novembre, des sans-papiers de quelque 1800 entreprises avaient cessé le travail dans 38 départements.
Essentiellement africains, ils sont pour la plupart intérimaires, souvent dans le gardiennage, la propreté ou les sous-traitants du bâtiment.
Jeudi, une centaine de sans-papiers ont entamé l'occupation de trois agences d'intérim à Nogent-sur-Oise (Oise). Les grévistes, originaires des régions creilloise et parisienne, campent jour et nuit dans les agences Synergie, Crit Intérim et Vediorbis de Nogent.
A Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, 17 salariés maliens et mauritaniens occupent nuit et jour leur lieu de travail, un chantier aux allures de décharge où ils trient des déchets, coincés entre des amas de ferraille et une benne à ordure.
"C'est dur, mais c'est pas pire que le travail", a confié Fofana, un Malien de 31 ans, à l'AFP. Pour lui comme pour ses camarades, "le travail" consiste à se déplacer sur des chantiers pour "casser des murs à la masse", "couper la ferraille", "nettoyer le bâtiment" de ses rebuts. "Lorsque tout a été ramené, il faut trier : le plastique, le fer, le bois, la laine de verre", poursuit Amadou, 33 ans, désigné responsable du piquet de grève.
"Mais quand on part sur un chantier, il n'y a rien : pas de baraque, pas de chauffe-gamelle, pas d'eau chaude. Ici, quand on passe la journée à trier les déchets, on repart le soir sans même pouvoir se laver", déplore-t-il, avant d'ajouter : "On ne sait pas à quoi on touche, s'il y a de l'amiante ou des déchets dangereux."
"La manière dont ces gens sont traités est ignoble. On se croirait au XIXe siècle", estime Francine Blanche, une responsable du syndicat CGT qui soutient le mouvement. Certaines fiches de paie sont dépourvues de numéro de sécurité sociale.
Officiellement, le site appartient à une société, SPIN, mais les sans-papiers sont employés par deux autres entreprises, DSPIN et MCNCD. "Depuis 2002, j'ai connu trois entreprises aux noms différents ici", relate Amadou, fiches de paie à l'appui. "Tous les deux ou trois ans, ils déposent le bilan et ils recommencent. Mais moi, ma situation ne change jamais."
Plusieurs sans-papiers ont été licenciés depuis le début du mouvement et, à la mi-novembre, les syndicats ont dénoncé des procédures abusives. Ils ont appelé le gouvernement à "faire cesser les manoeuvres d'intimidation".
Le mouvement lancé à la mi-octobre pour la régularisation et des conditions de travail plus dignes est soutenu par la CFT, la FSU, Solidaires, la Ligue des droits de l'Homme, la Cimade, Femmes Egalité et RESF. Une première vague de grèves avait eu lieu au printemps.
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