Plus de 1.500 salariés d'une filiale de Carrefour réclament aux Prud'hommes le paiement de leurs temps de pause
Montant global des sommes demandées: 4,5 millions d'euros. De son côté, la direction dément avoir violé le droit du travail.
Carrefour Market (ex Champion, racheté en 2000) ne paie plus les temps de pause à ses 33.000 salariés depuis 2005, en violation de la convention collective, a indiqué jeudi à l'AFP Aline Levron, de la CFDT.
"Plus de 1.500 salariés nous ont donné le feu vert pour les défendre devant une cinquantaine de tribunaux: les premiers recours sont partis, les autres suivront", a précisé Sophie Jacobik, déléguée syndicale CFDT, lors d'une conférence de presse. Les 1.500 dossiers, dont 612 en Nord-Picardie, représentent 4,5 millions d'euros de salaires non-payés sur 5 ans. Le recours n'est déposé "que si dix personnes d'un même magasin y participent, pour les protéger".
"Les prud'hommes sont souvent assimilés à une justice pour ceux qui ont quitté l'entreprise, les réticences sont plus grandes lorsqu'il s'agit de gens dans l'entreprise", a expliqué à l'AFP Jenofa de Lopeteguy (CFDT).
Le syndicat se dit encouragé par les prud'hommes de Creil (Oise) qui ont donné raison, le 8 septembre, à une cinquantaine de caissières du magasin de Lamorlaye (Oise) avec un rappel de 2.800 euros en moyenne, selon le texte du jugement que s'est procuré l'AFP.
Carrefour Market a fait appel et affirme avoir gagné de son côté aux Prud'hommes de Grenoble le 19 janvier.
Une cascade de procédures
En octobre 2008, le groupe de distribution, qui emploie 75.000 salariés en France, avait été condamné aussi au pénal, à une amende cumulée de 1,287 million d'euros pour avoir payé en dessous du Smic horaire 429 salariés de ses magasins d'Ecully et de Givors, dans le Rhône.
Carrefour Market, "en totale conformité avec le code du travail", ne "paie personne en dessous du Smic", et a gagné "devant les tribunaux de Police d'Angers et Pontoise en novembre" a affirmé à l'AFP un porte-parole, en soulignant que les salaires "payés sur treize mois", sont "complétés par des primes d'intéressement et de participation".
La maison-mère Carrefour est aussi confrontée à une multiplication des procédures, le verdict des Prud'hommes étant attendu dans les semaines qui viennent au Pays Basque, en Isère, dans l'Hérault et en Normandie.
Le Carrefour Market d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques) pourrait aussi être condamné le 13 avril à payer les temps de pause, après le délai d'un mois que les juges s'étaient donné, espère Jenofa de Lopeteguy (CFDT).
Les Prud'hommes de Montpellier se prononceront le 26 mai sur le recours de 23 salariés du Carrefour de Saint-Jean-de-Vedas (Hérault), alors que "34 de leurs collègues ont gagné en novembre, se partageant 12.600 euros", a indiqué à l'AFP Philippe Asker (CFDT).
Plus d'une centaine de salariés du Carrefour de Saint-Egrève (Isère) avaient aussi réclamé, fin février, 300.000 euros d'arriérés de salaires, aux Prud'hommes de Grenoble, dont le jugement a été mis en délibéré au 4 mai.
Quelque 300 recours ont aussi été déposés en Normandie, où "le bureau de jugement se réunit en juin", a précisé Bruno Moutry (CFDT).
"Comme la prime du 13e mois ou les congés, (la pause) doit être prise en compte dans le calcul du Smic", a cependant fait valoir l'avocat de Carrefour Me Philippe Clément, pour qui ce mode de calcul existe depuis "des lustres".
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