Languedoc : le commando des vignes
Les viticulteurs français sont très remontés contre la concurrence espagnole. Dans le Languedoc, certains n'hésitent pas à utiliser la violence pour se faire entendre, dont le Comité régional d'action viticole.
Le 19 juillet 2016, à Maureilhan (Hérault), des hommes encagoulés se présentant comme des viticulteurs ont mis à sac les bureaux du négociant en vin Vinadéis. Ils lui reprochent ses importations de vin espagnol. Le lendemain, sur l’entrepôt, l'opération est signée par quatre lettres : Crav. Un acronyme connu de longue date en Occitanie. Le Comité régional d'action viticole est né dans les années 1960 pour défendre les vignerons, parfois dans une rare violence. Lors d'une manifestation en 1976, une fusillade éclate dans le village de Montredon-des-Corbières (Aude), le bilan est dramatique : un viticulteur et un CRS perdent la vie.
Une tolérance envers le Crav
Depuis quelques années, le Crav a repris ses actions. Dans l'affaire Vinadéis, la justice a mis en examen un viticulteur de 61 ans : Martial Bories. Il nie être impliqué et a été surpris de voir débarquer la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) à six heures du matin. Aujourd’hui, il risque la cour d'assises. Selon Martial Bories, les négociants préfèrent acheter du vin espagnol, plus abordable, et les cuves françaises se vident de moins en moins. Les viticulteurs interviewés comprennent les actions du Crav. Par ailleurs, les pouvoirs publics semblent préférer avoir une politique mesurée envers le Crav. Selon un ancien officier de gendarmerie, "il y a une tolérance envers les viticulteurs. De mon côté, je n'ai d'ailleurs jamais coincé qui que ce soit. Tant que cela ne va pas trop loin, on ne les cherche pas vraiment."
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