Émeutes en Nouvelle-Calédonie : le nickel, poumon économique de l'archipel, est en chute libre

Alors que la Nouvelle-Calédonie est en proie aux émeutes ces derniers jours, une crise sociale couve autour de la question du nickel.
Article rédigé par franceinfo
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L'usine KNS en Nouvelle-Calédonie. (DELPHINE MAYEUR / DELPHINE MAYEUR / AFP)

Cinq personnes ont été tuées depuis le début des violences dans l'archipel sur fond de crise politique contre la réforme constitutionnelle dénoncée par les indépendantistes. Cette crise s'accompagne aussi d'une crise sociale autour de la question du nickel, poumon économique de la Nouvelle-Calédonie.

C'est la principale source de revenus de l'archipel et l'un des principaux employeurs, mais l'extraction du nickel est en chute libre depuis quelques mois. Au total, 13 000 emplois sont liés à cette activité - près d'un emploi sur quatre en Nouvelle-Calédonie - que ce soit directement sur les sites miniers, dans la recherche ou chez les sous-traitants. Ce n'est donc pas un hasard si l'on a vu, ces derniers jours, des mobilisations et des blocages précisément à l'entrée de ces sites. La société Le Nickel par exemple n'a plus qu'une seule mine sur cinq en fonctionnement.

Entre 20 et 30% des ressources mondiales de nickel

L'archipel détient entre 20 et 30% des ressources mondiales de nickel, exploitées par trois entreprises toutes en très grande difficulté même avant le début de la crise. Faute de repreneur, l'usine KNS dans le Nord a été mise en sommeil au mois de mars. Une autre est à la recherche d'un partenaire et le groupe Eramet, premier employeur privé de l'archipel et qui gère la société Le Nickel, a vu ses ventes chuter de 50% au premier trimestre.

Pourtant, puisque le nickel sert à fabriquer les batteries des voitures électriques, il y a un large marché qui s'ouvre pour le secteur. Mais la Nouvelle-Calédonie n'est pas la seule sur le dossier. Depuis quatre ans, l'Indonésie, premier producteur mondial, inonde le marché de son nickel beaucoup plus rapidement que la hausse de la demande. Résultat : le prix de la tonne a chuté de 45% en 2023, ce qui s'est directement ressenti sur l'activité en Nouvelle-Calédonie, en plus de la flambée des prix de l'énergie et avec une baisse de 32% de la production au premier trimestre de cette année.

Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a proposé un "Pacte nickel" au mois de novembre qui prévoit d'aider les usines face aux coûts de l'énergie. Mais l'État ne veut pas payer tout seul et demande aux Néo-Calédoniens de financer un tiers de la mesure, soit près de 67 millions d'euros. "Hors de question", répondent pour le moment les indépendantistes face à la dette déjà intenable pour l'archipel qui s'élève à 153% de son budget. Le pacte est d'ailleurs toujours en discussion.

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