Nicolas Sarkozy a annoncé mardi le lancement d'une mission sur la médecine libérale et les soins de premier recours
Le président, à Perpignan pour ses voeux aux personnels de santé, a estimé que "la médecine libérale doit être refondée" et a confié la mission au Dr Langman, président du Conseil national de l'ordre.
Il veut aussi que la conférence sur les déficits publics "fin janvier" "évoque la méthode" pour "rééquilibrer les comptes de l'assurance maladie".
Le président de la République a souligné que le nombre des médecins libéraux, qui représentent aujourd'hui la moitié des 200.000 praticiens réguliers en France, diminuait régulièrement. Et de rappeler que sur dix nouvelles inscriptions à l'Ordre des médecins, un seul exerce aujourd'hui en libéral. Cela provoque, selon le chef de l'Etat, des conséquences pratiques sur l'accès aux soins, en particulier en zone rurale et dans les banlieues.
Le Dr Michel Langman s'entourera d'un groupe d'experts qui devra réfléchir à un nouveau modèle de soins de premier recours faisant toute sa place à la médecine libérale et remettre ses propositions fin mars, a précisé Nicolas Sarkozy.
Parmi quelques pistes évoquées par le chef de l'Etat: "simplifier la vie du praticien", "favoriser l'effort de formation des médecins", autoriser "la possibilité d'exercer dans des maisons de santé, des centres de soins ambulatoires" et "faciliter la mobilité des médecins". Nicolas Sarkozy a aussi insisté sur "la coopération avec les autres professionnels de santé". "Les pharmaciens d'officine, les infirmières libérales sont une composante de l'offre de soins de premier recours. Les médecins généralistes ont intérêt à partager le premier recours avec ces autres professions", a estimé le président.
Améliorer la performance de l'hôpital
Nicolas Sarkozy a plaidé pour une amélioration de la performance de l'hôpital et réaffirmé son souhait de voir les établissements hospitaliers publics ramener leurs déficits à zéro d'ici 2012: "Ce n'est pas une question d'idéologie, c'est une question de bon sens". Selon lui, "quand un hôpital est en déficit, il ne peut plus investir."
La Fédération hospitalière de France, citée par le quotidien Les Echos, a déclaré que les effectifs des hôpitaux publics ont baissé pour la première fois en 2009 depuis au moins 10 ans, avec 1.800 postes de moins, soignants et non soignants. L'Assistance publique Hôpitaux de Paris prévoit de supprimer un millier de postes en 2010 et plus encore les années suivantes et 900 médecins menacent de démissionner de leurs fonctions administratives si ces chiffres sont maintenus. Ailleurs, comme à Lyon, Nancy, Le Havre et Caen, les suppressions de postes prévues se comptent par centaines.
Rééquilibrer les comptes de la Sécu
Nicolas Sarkozy a également précisé que la conférence sur les déficits publics prévue "fin janvier" devra "évoquer la méthode" nécessaire pour "rééquilibrer les comptes de l'assurance maladie".
"Bien entendu, les options qui seront retenues, le moment venu, devront faire l'objet d'une concertation (...). Nous devons le (le système de protection sociale, ndlr) sauvegarder pour les générations futures", a-t-il ajouté. "Rien ne peut expliquer que nous financions les dépenses de santé par de la dette. Les malades d'aujourd'hui ne peuvent pas faire financer leurs soins par les actifs de demain", a estimé le chef de l'Etat.
"L'assurance maladie a été mise à rude épreuve par la crise (...). Nous devons donc être vigilants sur nos dépenses: l'objectif national de dépenses d'assurance maladie a été fixé à 3%, ambitieux, en 2010. Nous devons également poursuivre les efforts de rénovation de notre système de santé engagés avec la loi Hôpital", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat avait annoncé en décembre la tenue d'une conférence sur les déficits réunissant l'Etat, les collectivités locales et la sécurité sociale pour "sortir de la spirale des déficits et de l'endettement", qui ont des records pour cause de crise et de plan de relance.
Grippe A: "Le gouvernement n'en a pas trop fait"
Le président a de nouveau défendu les mesures prises par le gouvernement français face à l'épidémie de grippe A (H1N1).
Il a dit assumer les décisions, très critiquées, notamment par l'opposition, de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, qui l'accompagnait et à qui il a renouvelé son soutien. "Le gouvernement a tenu le cap et a fait ce qu'il fallait pour protéger la population", a-t-il dit. "Il semble que le virus de la grippe A (H1N1) s'avère moins dangereux que ce que tous les experts prévoyaient en septembre: tant mieux", a ajouté le chef de l'Etat, qui a cependant souligné que l'hiver n'était pas fini et demandé qu'aucune conclusion définitive ne soit tirée en la matière. Il a défendu la décision de Roselyne Bachelot d'annuler la commande de 50 millions de doses de vaccins sur les 94 millions initialement commandées.
"Le gouvernement a pris les décisions qui s'imposaient pour tenir compte du fait que la vaccination nécessite une seule injection" au lieu de deux initialement prévues, a-t-il ajouté. "Que m'auriez-vous dit si nous avions manqué de vaccins ?"
"Mon devoir de chef de l'Etat c'est de tenir compte des erreurs qui ont été faites dans le passé pour qu'elles ne se reproduisent pas", a poursuivi Nicolas Sarkozy. "A quoi cela sert-il d'avoir inscrit dans la Constitution, à la demande de mon prédécesseur (Jacques Chirac), le devoir de précaution si on ne prend pas de précautions ?"
Manifestation contre la politique du gouvernement
Plusieurs centaines de personnes - 350 selon la police, 500 selon les organisateurs -, ont manifesté dans le centre de Perpignan pendant que le chef de l'Etat prononçait un discours au palais des congrès.
Les manifestants étaient réunis à l'appel de la CGT, de l'UNSA, de la FSU et de Solidaires. Ils sont restés confinés par les forces de l'ordre à 800 mètres du bâtiment.
Les manifestants, auxquels s'étaient joints FO-Santé ainsi que des militants politiques de partis de gauche, ont dénoncé la politique économique et sociale du gouvernement pendant une heure avant de se disperser sans incidents vers 13h30.
Ils ont également protesté contre l'importance du périmètre de sécurité. Dans le cadre du dispositif de sécurité mis en place pour la visite présidentielle, le stationnement de tous les véhicules a été interdit dès lundi matin dans un rayon de 500 mètres autour du palais des congrès et l'accès des piétons à ce périmètre a été réservé aux invités, mardi matin, une heure avant l'arrivée de Nicolas Sarkozy.
Avant de se rendre au palais des congrès, le chef de l'Etat a inauguré le nouvel hôpital de Perpignan, l'hôpital Saint-Jean, entièrement reconstruit et entré en service à l'automne 2009 avec environ 2.400 salariés.
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