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Violences à Mayotte : Gérald Darmanin annonce "pérenniser" la présence du Raid sur l'île

Le locataire de la place Beauvau a par ailleurs redit dimanche sur franceinfo qu'il était "favorable à un durcissement du droit du sol à Mayotte".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Gérald Darmanin, le 31 décembre à Mayotte. (GREGOIRE MEROT / AFP)

"Nous allons pérenniser le Raid" sur l'île de Mayotte, a annoncé dimanche 1er janvier le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en déplacement sur l'île pour les fêtes de fin d'année. Ce samedi, le ministre avait annoncé que douze policiers du Raid allaient être maintenus en renfort pour plusieurs mois, après la flambée de violences sur l'île au mois de novembre. Le locataire de la place Beauvau a par ailleurs redit qu'il était "favorable à un durcissement du droit du sol à Mayotte".

Vous annoncez que les douze policiers du Raid appelés en renfort en novembre après la flambée de violences seront pérennisés sur l'île. Est-ce à la hauteur des violences que Mayotte a connues ?

Gérald Darmanin : Nous allons pérenniser ces douze policiers du Raid sur l'île. Il y a eu en effet une flambée de violences en octobre et en novembre ainsi que plusieurs flambées de violences lors des années précédentes. L'Etat a mis énormément de moyens à la demande du président de la République puisqu'il y a désormais 1 300 policiers et gendarmes sur une île qui compte 300 000 habitants. C'est-à-dire que pour une population sept fois moins nombreuse que la région lyonnaise, il y a deux fois plus de policiers et de gendarmes. Il y a cinq unités d'élite de gendarmes mobiles, 37 gendarmes du GIGN déjà sur place et douze policiers du Raid qui seront donc pérennisés. Nous allons garder la présence du Raid, notamment pour la ville de Mamoudzou qui est la grande ville, la capitale de Mayotte. Cependant, il ne s'agit pas simplement de douze policiers supplémentaires. 


Vous avez également annoncé lors de votre visite un renforcement de la police judiciaire sur l'île. De quoi s'agit-il ? 

J'ai effectivement annoncé, et c'est très important, un renforcement de police judiciaire. On voit bien que l'une des questions, c'est la question de l'immigration irrégulière. Auparavant, il fallait souvent que les personnes spécialisées pour faire des enquêtes soient de Paris ou de la Réunion. Un décret du 27 décembre a donc concrétisé l'engagement du gouvernement d'avoir une unité d'office de police judiciaire contre l'immigration illégale à Mayotte. De plus, j'ai annoncé la création d'un groupe interministériel de recherches, c'est-à-dire des policiers et des gendarmes spécialisés qui vont travailler sur les trafics qui naissent de cette immigration irrégulière, notamment le travail illégal ou la contrebande de marchandises. 

À Mayotte, il faut bien comprendre que la population étrangère est sans doute supérieure à la population étrangère légale et à la population française. Il y a des difficultés extrêmement fortes qui viennent des Comores, qui viennent de Madagascar, du Mozambique et de la République démocratique du Congo. Il faut absolument que nous puissions accueillir les gens qui méritent d'être accueillis sur le territoire de la République, à Mayotte, mais ne pas laisser l'île sombrer dans les difficultés de l'habitat indigne par exemple. 

Le droit du sol est déjà durci à Mayotte puisqu'il faut que l'un des deux parents soit présent depuis plus de trois mois sur ce territoire. Est-ce qu'il faut le durcir encore ? 


Oui, je me suis déjà exprimé sur cette question. Je pense qu'il faut durcir ce droit du sol à Mayotte. Mayotte n'est pas n'importe quel territoire de la République. En réalité, il y a 11 000 naissances sur le territoire de Mayotte et le dispositif du droit commun qui veut que l'un des deux parents soit au moins régulier depuis trois mois sur le territoire national ne fonctionne pas bien. Il a limité cette immigration irrégulière mais il ne l'a pas empêchée. Nous voyons bien que l'île de Mayotte ne peut pas intégrer l'intégralité des personnes qui sont sur son sol. Je pense qu'il faut durcir le droit du sol à Mayotte. 

Est-ce que c'est le président de la République qui tranchera sur cette question ? Doit-il revenir à Mayotte pour l'annoncer ?

Le président de la République doit trancher ces questions institutionnelles très fortes. Il m'a demandé de réfléchir à ces questions et de lui faire des propositions. Parmi les propositions, je souhaite que les deux parents soient réguliers sur le territoire national depuis plus de neuf mois. Cela évite des choses qui relèvent parfois de l'opportunité, de venir immigrer ou accoucher à Mayotte. Je suis favorable à ce durcissement du droit du sol à Mayotte qui est demandé par tous les élus. Je rappelle que c'est une île qui a, je crois aux élections présidentielles législatives, montré son mécontentement très fort devant une vision un peu trop parisienne de l'utilisation du droit du sol à Mayotte. 

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